Jean-Marc Vayssouze, maire de Cahors, dénonce la montée des actes et des menaces verbales

La semaine prochaine, Jean-Marc Vayssouze répondra au questionnaire destiné aux maires des 35 000 communes de France, depuis la plateforme en ligne du Sénat. Pour le maire de Cahors, également président de l’association des maires et élus du Lot, il est judicieux de donner suite à cette initiative de la commission des lois du Sénatet de l’AMF, portant sur les risques liés à l’exercice de leur mandat. Il nous dit pourquoi.

Pouvez-vous nous décrypter ce questionnaire ?

C’est une enquête qui a vocation à faire un état des lieux du ressenti des élus, et de façon plus précise à recenser les actes de malveillance ou d’agressivité auxquels ils peuvent être confrontés dans l’exercice de leur mandat. Cela fait suite au drame qui a coûté la vie au maire de Signes dans le Var qui n’a fait que faire respecter la loi.

À Cahors, observez-vous ces formes de violence ?

Nous sommes dans une société de plus en plus individuelle, où on assiste à une montée des colères qui se manifestent par des tons agressifs, des menaces verbales et parfois des actes. Personnellement, j’ai cette chance que ni moi ni mes proches n’ayons été victimes de tels agissements. Quand une situation de tension survient, on essaie de démêler la situation, d’être à l’écoute. Mais la société d’aujourd’hui attend des réponses rapides et ce n’est jamais simple. ça l’est d’autant moins pour les maires des petites communes qui n’ont pas forcément les services de police municipale pour faire les rappels à la loi, ou les services juridiques et administratifs nécessaires pour apporter des solutions. Il faut reconnaître qu’ils peuvent être isolés et plus vulnérables, et dans une proximité directe avec leurs administrés.

En tant que président de l’association des élus du Lot, avez-vous eu connaissance de faits de violence auprès d’édiles lotois ?

Nous sommes dans un département relativement préservé, mais oui, et au moins deux ont d’ailleurs déposé plainte. Il y a des maires inquiets qui optent pour une autre solution que le recours à la justice. Mais, cette montée de l’agressivité n’est pas seulement dirigée contre les élus, il y a aussi les agents administratifs, les enseignants, les personnels des urgences ou encore les pompiers, etc. Bref, tous ceux qui sont en première ligne.

Le décès du maire de Signes a ravivé les inquiétudes des élus. Beaucoup ont déjà jeté l’éponge…

C’est un constat, les démissions des maires depuis 2014 ont plus que doublé par rapport à la précédente mandature. Les causes sont multiples. (NDLR : 57 % des maires démissionnaires dirigeaient une commune de moins de 500 habitants).

Pensez-vous que la participation à ce questionnaire sera significative ?

Oui, car c’est compliqué pour les élus et il y a vraiment un ras-le-bol général. Il est utile d’y répondre en tant que garant de la cohésion de nos territoires et des valeurs républicaines. Chacun a jusqu’au 14 septembre pour cela. Même s’il n’y a pas de solution miracle, j’espère qu’il y aura une prise de conscience collective. Ce ne serait pas inutile…

Propos recueillis par Laetitia Bertoni La Dépêche

 

Après le décès du maire de Signes dans le Var, la parole des maires se libère : agressions ou insultes sont leur quotidien. La commission des lois du Sénat lance une consultation des maires sur les menaces et les agressions auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leur mandat. France3

Jean-Mathieu Michel, maire de Signes (Var) depuis 1983, est décédé ce lundi 5 aout dans des circonstances tragiques. L’élu a été renversé par une camionnette qui venait de déposer illégalement des gravats sur un chemin privé de sa commune, à proximité du circuit Paul-Ricard.