Juillet n’a jamais été aussi sec
La canicule que subit le Lot contribue à aggraver la sécheresse qui frappe le département. Juillet n’a jamais été aussi sec depuis que Météo France fait ses relevés et, en ce début août, presque tous les cours d’eau bénéficient de restrictions de prélèvements.
À Cahors, il n’est tombé que 2 mm de pluie en un mois. « Juin a été plus arrosé que la normale, c’est un peu ce qui atténue la sécheresse extrême de juillet », observe Sylvie Nouvel, responsable du centre Météo France Albi, qui relève 40 % d’excès de précipitation en juin et 90 % de déficit en juillet. Le déficit cumulé sur les deux mois n’est donc « que » de 27 % à Cahors mais environ 50 % à Gourdon ou Faycelles. Heureusement, l’hiver et le printemps, humides, avaient permis de recharger les nappes.
Pour l’instant, août prolonge juillet, la chaleur en plus. Or l’évaporation peut doubler entre une journée normale et un jour caniculaire. Si la canicule aggrave la sécheresse, l’inverse est aussi vrai : « Des sols très, très secs et pas de pluie depuis un mois, font que le taux d’humidité n’augmente pas la nuit ou peu, or l’air sec se réchauffe plus vite. On atteint des valeurs élevées plus tôt dans la journée », dit Sylvie Nouvel.
Et les sols, justement, sont très secs dans le Lot. « Actuellement, on est en dessous de la normale », poursuit Sylvie Nouvel. En clair, à des niveaux qu’on retrouve tous les dix ans. « Sur certains secteurs, Figeacois Ségala, le sud-ouest du Quercy Blanc, les indices sont encore plus bas. On ne bat pas des records mais ce sont des valeurs remarquables », poursuit-elle. La partie centrale du Lot a bénéficié de ces habituels orages d’été qui ont manqué ailleurs.
L’étiage, un phénomène naturel
La sécheresse des sols dépend des précipitations bien sûr mais aussi de la température, du vent, de la végétation, etc. Or, depuis soixante ans, les sécheresses des sols progressent dans la région, relève Météo France. En cause, le réchauffement. « Les années sèches se répètent. Chaque nouvelle année est dans les années les plus chaudes », observe Bernard Decasteljau, adjoint au chef du service eau, forêt, environnement à la DDT. Grâce à un maillage détaillé des cours d’eau du Lot, ce service se charge notamment de la gestion des étiages, ces périodes où les cours d’eau sont au plus bas. « L’étiage, c’est un phénomène naturel dans le Lot, dit-il, mais même si on a des étiages, les cours d’eau ne sont pas destinés à être à sec », à quelques exceptions près : Lendou, Céou…
Un comité de gestion des étiages se réunit chaque mercredi pour faire le point. Son but : concilier les usages avec le maintien de la vie des cours d’eau. À l’heure actuelle, presque tous font l’objet de restrictions de prélèvements. Seuls le Lot, la Dordogne, la Cère, le Célé et la Borrèze en sont exempts. Ces trois derniers sont en vigilance. « L’an dernier, nous avions fini la saison avec des restrictions sur tous les cours d’eau, sauf Lot, Dordogne et Cère, dit Bernard Decasteljau, si le temps se poursuit comme ça, ce sera pareil ». Et ce, même si les plus gros besoins d’irrigation vont bientôt s’arrêter.
Les averses espérées dimanche et lundi ne devraient pas stopper le phénomène. « La sécheresse c’est du temps long », dit Sylvie Nouvel.
Limitations
La préfecture a communiqué de nouvelles limitations aux prélèvements dans les cours d’eau et leurs nappes d’accompagnement à compter de ce samedi 8août.Interdiction totale sauf cultures dérogatoires autorisées de 20 heures à 8 heures :Séoune; Lendou; Grande Barguelonne; Lupte; Lemboulas; Vert amont; Vert aval et Masse; affluents du Lot (sauf Célé, Vers, Vert et Thèze); Bervezou, Drauzou, Enguirande, Saint-Perdoux et Veyre; Céou, Bléou et Ourajoux; Alzou, ruisseau d’Aynac et Ouysse; Marcillande, Germaine, Melve; Tournefeuille; Mamoul; Tourmente; Sourdoire et Maumont. Interdiction tous les jours : de 8heures à 20heures, Petite Bargulonne; Vers, Sauze et Sagne; Tolerme; de 13heures à 20heures, Bave.Interdiction totale : Lère, Dourre, Glaich et Cande.Tour de niveau 1 (-30 %) :Thèze. Ces restrictions ne concernent pas l’eau potable, même si la préfecture invite au civisme, ni les prélèvements dans les retenues. Les arrêtés limitant l’usage de l’eau potable relèvent des mairies. Il y en a déjà deux.
Pour 14 départements dont le Lot et dont la période de présence des cultures dérobées débutait le 6 août au plus tard, les exploitants qui auraient déjà implanté leurs graines doivent déposer une demande de dérogation si elles n’ont pas levé, a précisé le ministère dans un communiqué.
Avant et pendant la période de canicule, les personnes âgées, isolées ou handicapées peuvent se faire connaître auprès des services municipaux pour figurer sur le registre communal afin que des équipes d’aide et de secours puissent leur venir en aide durant cette vague de fortes chaleurs.
La lettre de l’État dans le Lot – Août 2020