La cour des comptes, les vaches, le CETA, et les hommes

Le rapport de Cour des comptes publié récemment ( « Les soutiens publics aux éleveurs de bovins »,) remet en question les politiques publiques françaises visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le rapport souligne que la France ne pourra pas atteindre ses objectifs climatiques en matière d’émissions de CO2 sans réduire le cheptel bovin du pays. Cependant, les solutions proposées par la Cour des comptes sont controversées et ont suscité la colère des éleveurs français. Cette situation met en évidence la nécessité de changer de modèle agricole tout en prenant en compte les difficultés sociales rencontrées par les agriculteurs.

La France est le premier producteur européen de viande bovine et le deuxième producteur de lait. Les émissions de méthane provenant de l’élevage bovin représentent une part importante des émissions de gaz à effet de serre du pays. Malgré une diminution du cheptel bovin français, les politiques actuelles ne permettront pas d’atteindre la réduction de 30 % des émissions d’ici 2030, conformément aux engagements pris lors de la COP 26. La Cour des comptes estime qu’il faudrait réduire le cheptel de 5,4 millions de bovins pour respecter ces objectifs, ce qui est considéré comme une exigence peu réaliste.

Par ailleurs, de nombreux élevages dépendent des aides publiques, sans lesquelles 40 % des élevages de viande et 90 % des élevages laitiers seraient en difficulté financière. Le modèle agricole français, axé sur la productivité, entraîne des souffrances pour les agriculteurs, notamment chez les éleveurs de vaches laitières, qui ont le taux de suicide le plus élevé de la profession. Malgré la diminution de la production nationale, la demande de viande bovine en France reste élevée, ce qui conduit à une augmentation des importations de viande produite dans des conditions environnementales et sanitaires médiocres.

Le traité de libre-échange CETA entre l’Union européenne et le Canada aggrave la concurrence déloyale pour les éleveurs français, en permettant l’importation de grandes quantités de viande de bœuf canadienne sans droits de douane. Cette situation a des conséquences négatives sur les prix et met en péril la souveraineté alimentaire du pays. De plus, le CETA prévoit des tribunaux d’arbitrage qui permettent aux multinationales de poursuivre les États en cas de mesures défavorables à leurs intérêts.

Bien que la consommation de viande rouge ait connu une légère réduction en France ces dernières années, les Français continuent de consommer en quantité excessive de la viande de mauvaise qualité. Réduire la production bovine en France sans diminuer la consommation de viande n’aura pas d’impact significatif sur les émissions de méthane, car d’autres pays continueront à produire pour répondre à la demande. Une baisse réelle de la consommation de viande nécessiterait une éducation alimentaire, une réduction de la viande dans la restauration collective

L’élevage bovin viande est le pilier de l’économie agricole du Lot

En 2015, le Lot comptait encore 1 739 détenteurs de bovins, dont 51 % étaient des éleveurs de bovins allaitants. Mais le nombre d’éleveurs ne cesse de décroître. Les 887 élevages bovins du département détiennent 60 % des vaches et réalisent 42 % des ventes. L’élevage bovin allaitant est principalement orienté vers la production d’animaux maigres de type « broutards », destinés à l’export. L’élevage bovin dans le Lot est principalement localisé dans le Nord-est du département, dans la petite région agricole du Ségala. Dans cette zone, le climat plus frais et pluvieux que dans le reste du département permet une pousse importante de l’herbe, ce qui est favorable à l’élevage bovin. Le Lot se trouvant au carrefour de plusieurs bassins d’élevage, quatre grandes races allaitantes sont donc représentées : Limousines, Blondes d’Aquitaine, Salers et Aubrac. Source : Chambre d’Agriculture du Lot.

Source actulot ; L’article dans son intégralité ici