La CRIRAD c’est quoi?
Le temps de poser son sac à dos, en préambule de la conférence-débat donnée à la MJC, ce vendredi 29 janvier, Roland Desbordes, physicien, a délivré à la presse écrite les objectifs du combat de la CRIRAD qu’il préside.
Expliquez-nous la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) ?
La CRIIRAD est une association de plus de 6.000 adhérents, basée à Valence, dans la Drôme, qui compte 14 salariés et gère un laboratoire d’analyse. Nous sommes nés en 1986 lorsque nous avons compris que les autorités françaises mentaient aux Français sur le nuage de la catastrophe de Tchernobyl.
C’est-à-dire ?
Par exemple, à l’époque, la carte officielle signalait une radioactivité supplémentaire de 3 becquerel/m2 dans le Lot, alors que nos mesures en indiquaient 2.600. Dans les zones les plus touchées, comme le Sud-est, l’Alsace ou la Corse, les chiffres atteignaient les 30 à 40.000 bq ! Après 20 ans de luttes, la vérité a été rétablie.
Il existe encore des conséquences ?
Bien sûr, deux exemples seulement ! Pour ma part, qui suis randonneur, je n’irai pas camper dans le massif du Mercantour où des creux fortement contaminés existent toujours. Deuxièmement, 10 à 20 % des sangliers chassés en Forêt Noire sont déclarés impropres à la consommation car trop chargés en éléments radioactifs provenant de leur alimentation.
Le danger nucléaire est-il toujours présent ?
Bien sûr, à Fukushima les cœurs des réacteurs sont toujours actifs ; en France, les stress-tests sur les centrales sont incomplets mais les autorités commencent à prendre conscience du danger avec un «Plan national accidents nucléaire ou radiologique majeur».
Quel conseil ?
Golfech à 60 km, équipez-vous de comprimés d’iode stable auprès de votre pharmacien qui devra, peut-être, les commander.
En conclusion, la CRIIRAD, c’est quoi ?
Nous sommes le poil à gratter et refusons de faire l’autruche. Nous devons alerter, sans alarmer, car l’accident nucléaire nous pend au nez, on doit s’y préparer.
Infatigable, le conférencier enchaîna par 2 h 30 d’échanges d’informations avec une salle copieusement remplie par une quarantaine de personnes sensibilisées à ce problème, souvent occulté.
La CRIIRAD tient à vous informer de la publication d’une étude qu’elle a réalisée à la demande de plusieurs associations de la coordination Stop Golfech sur les impacts des rejets radioactifs de la centrale nucléaire de Golfech dans la Garonne. Inquiets de l’impact sanitaire et environnemental que peuvent engendrer ces rejets, des associations locales soutenues par des citoyens ont sollicité la CRIIRAD afin de réaliser une campagne d’analyses de végétaux aquatiques prélevés dans la Garonne.
Une telle étude avait déjà été réalisée en 2009 par la CRIIRAD et avait notamment révélé la présence significativement plus élevée (respectivement quatre fois et deux fois plus) en aval de la centrale qu’en amont de deux substances radioactives : le tritium organiquement lié et le carbone 14. Les résultats de cette nouvelle étude 10 ans plus tard montrent la persistance de la contamination en tritium et une augmentation de 60% de celle en carbone 14.
Selon EDF, les rejets de la centrale de Golfech ne dépassent pas les normes réglementaires. Leur impact sur l’environnement et la santé de la population à long terme n’en reste pas moins préoccupant.
L’analyse des données officielles montre en effet que les citoyens de plusieurs dizaines de communes situées en aval des rejets boivent de l’eau potable contaminée par le tritium. Les niveaux sont certes inférieurs aux normes en vigueur, mais la CRIIRAD a montré que les normes n’offraient pas un niveau de protection sanitaire suffisant, en particulier en cas de contamination chronique.
Suite à ces résultats, la CRIIRAD réitère ses recommandations en faveur de l’abaissement des normes sanitaires et de l’amélioration du contrôle de la qualité radiologique des eaux potables. Elle attire l’attention sur la nécessité de protéger la qualité des ressources en eau rendues vulnérables par la présence d’installations nucléaires en amont.
Nous vous invitons à découvrir et partager le rapport complet disponible sur notre site internet ainsi que nos publications Facebook et Twitter.
Pour plus d’informations :
Interview de Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD, sur le site « 20 minutes »
Dossier CRIIRAD « eau potable et radioactivité »
http://www.criirad.org/?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Infos_sympathisants_rapport_Golfech&utm_medium=email