La définition des perturbateurs endocriniens provoque un tollé à Bruxelles
► Que sont les perturbateurs endocriniens ?
Ce sont des substances qui interagissent avec le système hormonal et entraînent de ce fait un effet délétère pour la santé (risques accrus de cancers, de maladies cardio-vasculaires, d’obésité, de problèmes de fertilité ou de développement du cerveau).
De nombreuses familles de produits sont potentiellement concernées : médicaments, métaux lourds, pesticides, contenants alimentaires, les plastiques, les résidus de pesticides sur les fruits et légumes, les cosmétiques, les lunettes, les semelles de chaussures, les chemises. Certains d’entre eux, tels que les pesticides organochlorés, le Distilbène, le mercure ou le Bisphénol A ont déjà été interdits ou font l’objet d’une réglementation.
Restent que de nombreuses substances mises sur le marché ces dernières années n’ont pas été évaluées par rapport à ce risque sanitaire, faute de connaissances ou d’outils réglementaires adéquats.
► Que devait faire la commission européenne ?
Une législation européenne adoptée dès 2009 visait à encadrer ces substances dans le cadre de leur utilisation dans les pesticides ou les biocides (produits de traitement du bois, savons, etc.).
Pour l’appliquer, la commission européenne devait cependant définir pour 2013 des critères de définition des perturbateurs endocriniens. La complexité du dossier, mais aussi les pressions diverses, lui ont fait prendre beaucoup de retard, au point que la commission a été condamnée en décembre par le tribunal de l’Union européenne pour manquement à ses obligations.
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La définition des perturbateurs endocriniens est indispensable pour mettre en place au niveau européen une réglementation efficace et pertinente. C’est une étape indispensable avant de pouvoir éventuellement retirer du marché des substances qui auront été identifiées comme des perturbateurs endocriniens.
► Quels sont les critères retenus ?
Le commissaire européen à la Santé Vytanis Andriukaitis a rendu publique mercredi 15 juin la définition retenue par la commission européenne. Encore faudra-t-il qu’elle soit adoptée par les États membres pour entrer en vigueur.
La commission propose de définir les perturbateurs endocriniens comme des substances qui présentent un mode d’action endocrinien et qui ont des effets indésirables pour l’homme. Pour que le produit soit interdit, il faudra mettre en évidence des preuves scientifiques pertinentes d’un effet sur la santé humaine. Cette définition diffère de celle de l’Organisation mondiale de la santé qui prend aussi en compte d’éventuels effets sur les animaux, y compris quand cela concerne un organe inexistant chez l’homme.
La commission n’a pas introduit cependant de critères de « puissance », comme le réclamaient les industriels. D’après les scientifiques, les perturbateurs endocriniens peuvent avoir un effet délétère à doses faibles, l’important étant le plus souvent le moment de l’exposition (notamment au stade fœtal).
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► Ces critères sont-ils satisfaisants ?
Mercredi 15 juin, ni les industriels ni les organisations de défense des consommateurs n’étaient satisfaits. Les premiers, par la voie de l’union des industries de la protection des plantes s’inquiétaient d’une définition qui ne permettrait pas de distinguer clairement « entre les substances préoccupantes et celles qui ne le sont pas ». Les seconds regrettaient un régime de dérogation trop souple à leurs yeux.
Des perturbateurs endocriniens pourraient ainsi être autorisés en Europe, à condition que le « risque » soit considéré comme négligeable pour l’homme. Les textes de 2009 évoquaient quant à eux une « exposition négligeable ». Or, souligne un expert « il est beaucoup plus facile de mesurer une exposition par des mesures d’imprégnation, par exemple, que de faire une évaluation du risque ».
Bibliographie: Intoxication
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