La gendarmerie du Lot crée une cellule de protection des familles

La gendarmerie du Lot crée une cellule de protection des familles. Six gendarmes spécifiquement formés composent cette unité.

« Le rôle premier de la gendarmerie est là: protéger. Après vient le temps de la justice et de la peine. Pour protéger, la première réponse c’est écouter. Pour écouter, il faut une forme de professionnalisme », lance le préfet du Lot Michel Prosic. En ce 13 décembre, le colonel Philippe Phavorain, commandant du groupement de gendarmerie du Lot, présente la nouvelle cellule de protection des familles qui sera opérationnelle dès le 1er janvier 2022.

Six gendarmes répartis dans le Lot

Exclusivement consacrée à la lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales, elle vient compléter les actions déjà engagées pour lutter contre ces violences. Elle comprend six gendarmes, tous officiers de police judiciaire, répartis sur les trois compagnies du Lot. Ces volontaires ont été formés à l’expertise des mécanismes des violences  intrafamiliales au centre national de formation de la police judiciaire à Rosny-sous-Bois. Déchargés de toutes les autres missions, ces gendarmes assureront le traitement de l’ensemble de ces dossiers judiciaires dans le Lot. Cette cellule fonctionnera 24 heures sur 24. Mobiles, ils pourront recevoir les plaintes au sein des établissements hospitaliers du département, aux domiciles des victimes, dans tout lieu d’accueil…

Des enquêtes d’initiative même en l’absence de plainte

La création de cette cellule de protection des familles a deux objectifs principaux, à commencer par améliorer l’accueil des victimes, leur rappeler qu’elles peuvent avoir un hébergement chez un tiers, l’aide d’un avocat, d’un interprète, bref, ne pas les laisser seules. Il y a un « volet d’accompagnement des victimes même après. Au-delà de nos prérogatives d’enquêteur, cela fait partie du travail ». Deuxième objectif: améliorer le traitement de ces dossiers judiciaires et notamment sa durée. Avec la création de cette cellule, les gendarmes ouvriront une enquête à chaque intervention, même s’il n’y a pas de plainte.

627 interventions pour des violences intrafamiliales en 2020

Il faut dire que la lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales est un enjeu prioritaire. « C’est un contentieux douloureux dont nous connaissons une hausse sur le département », observe le colonel. En zone gendarmerie, 184 procédures pour des violences intrafamiliales ont été enregistrées en 2017, 190 en 2018, 232 en 2019 et 308 l’an dernier. Le nombre d’interventions est encore plus parlant: 337 en 2017, puis 335, 412 et enfin 627 l’an dernier. Or, il s’agit d’interventions particulièrement délicates et demandant du temps: « 55 minutes à 1h10 sur place », souligne le colonel. Il s’agit aussi de dossiers lourds qui demandent aux enquêteurs d’être suffisamment solides psychologiquement et de pouvoir se faire accompagner.

Des chiffres qui n’effraient pas le préfet. Il y voit le signe que la parole se libère estimant qu’avant, « une partie n’aurait pas fait la démarche ». S’appuyant sur les chiffres cités par la déléguée départementale à l’égalité femmes hommes et aux droits des femmes, Isabelle Mahieu, il rappelle : « Les violences intrafamiliales, ce n’est pas réservé à une classe ou à une autre. Il n’y a pas de dichotomie rural urbain: peu importe où on vit ».

De la formation

Les six gendarmes de la cellule de protection des familles ne peuvent agir seuls. Tous les militaires lotois sont sensibilisés au sujet et appelés à intervenir. C’est pourquoi d’ici la fin du premier semestre de l’année 2022, les 361 gendarmes et 130 réservistes opérationnels du Lot seront formés aux mécanismes des violences intrafamiliales.

Par ailleurs, les partenaires institutionnels et associatifs ainsi que l’intervenante sociale en gendarmerie, Delphine Soubiroux, sont associés au dispositif, toujours pour entourer au mieux ces victimes de violences.

Florence Raynal  ladepeche.fr