« La meilleure solution pour le développement et l’épanouissement de l’enfant est d’être à l’école »
Sollicité sur cette question du port du masque à l’école dès le CP, Xavier Papillon, directeur académique des services de l’Éducation nationale dans le Lot, a répondu aux questions de La Dépêche. Il rappelle qu’à ce jour (mercredi soir) il n’y a aucun cluster dans les écoles, ni aucun cas positif.
Comprenez-vous l’incompréhension de nombreux parents sur l’obligation de porter le masque pour les enfants de 6 à 11 ans ?
Cela représente pour les écoliers une situation plus contraignante en classe et moins agréable. La question importante est pourquoi on se donne cette obligation. Notre rôle est donc d’inviter chacun à comprendre l’importance de cette mesure et de rassurer les familles. En matière de santé publique, on doit réduire le danger dans l’intérêt général de tous, et cela va dans l’intérêt individuel de chaque enfant aussi.
Les dispositions prises sèment la confusion, d’autant qu’elles s’avèrent parfois contradictoires ou totalement incompréhensibles.
La situation actuelle a conduit à l’élaboration d’un protocole sanitaire visant à freiner la propagation du virus. Il s’appuie sur la base des connaissances scientifiques. Et a contrario, nous n’avons pas de constatation que le port du masque présenterait de risques sanitaires particuliers chez les enfants. Il y a une différence entre ce qui relève de la science et ce qui relève de l’opinion.
Des parents nous ont dit réfléchir à retirer leur enfant de l’école pour ne pas lui imposer le port du masque. Que leur dites-vous ?
La meilleure solution pour le développement et l’épanouissement de l’enfant, son équilibre relationnel également, est d’être à l’école plutôt que confiné chez lui. Faire le choix de ne pas envoyer son enfant en classe, c’est s’engager sur une situation qui va durer plusieurs semaines. Nous travaillons en lien avec les directeurs d’école auprès de ces familles pour leur montrer que cette solution du domicile n’est pas optimale. Là encore, il faut dialoguer et expliquer.
Y a-t-il des dérogations possibles pour raison de santé ?
Si des familles nous font part de situation médicale particulière, nous soumettons cela au médecin du service départemental de l’Education nationale du Lot qui étudie chaque dossier individuel.
Et si son enfant en classe de CP n’a pas encore atteint l’âge de ses 6 ans, doit-il porter le masque ?
Oui, c’est l’entrée en CP qui impose le port du masque et non pas l’âge de l’enfant. Il en va de même au collège dès l’entrée en 6e. Il faut une classe homogène.
Pourtant sur un double niveau GS-CP en classe unique, les maternelles n’ont pas d’obligation d’avoir le masque, les CP oui ?
Obliger les élèves de maternelle à avoir un masque est proscrit, l’enlever aux élémentaires aussi. On doit respecter le protocole. La propagation du virus n’est pas la même selon la tranche d’âge.
Pour lutter correctement contre le covid il est fondamental que les classes soient bien ventilées. Un moyen de s’assurer que la ventilation est correcte est de mesurer le taux de CO2; il existe pour cela des détecteurs de CO2, leur prix est abordable, leur utilisation très simple: de petites LED d’alertes, aux couleurs classiques de feux tricolores (vert, orange, rouge) indiquent le niveau de risque.
C’est vert, c’est bon; c’est orange, ouvrez les fenêtres; c’est rouge, sortez.
Cela ne supprime évidemment pas la nécessité de porter le masque et d’appliquer scrupuleusement toutes les mesures barrières
Le geste barrière à ne pas oublier non plus est le lavage des mains.
Les chiffres de Santé Publique France sont éloquents quant à la diminution des maux hivernaux tel que gastro-entérite, grippe, bronchiolite.
Le corps enseignant et les ATSEM y sont pour quelque chose grâce à leur vigilance accrue sur le lavage des mains au moment du passage aux toilettes et au moment des repas.
Pour rappel, nous devons cette avancée colossale en terme d’hygiène grâce à Ignace Philippe Semmelweiss. Ce viennois du XIXème siècle constata une mortalité maternelle excessive dans un service où les médecins disséquaient des cadavres avant les accouchements sans se laver les mains.
Ça nous paraît évident mais comme le souligne un article de la revue Science&avenir:
» La campagne de sensibilisation de l’OMS, lancée en partenariat avec 19.000 hôpitaux dans le monde, semble porter ses fruits. La désinfection des mains est désormais pratiquée à près de 85% dans des pays comme l’Australie et dans certains établissements asiatiques, à l’instar des Hôpitaux universitaires de Genève, où Didier Pittet a instauré un programme pilote dès les années 1990. « Dans le monde, il y a vingt ans, la désinfection des mains n’était pratiquée qu’à 20%. Aujourd’hui, le sujet est en train de devenir l’un des plus sexy de la littérature médicale », assure le professeur. « C’est un peu la revanche de Semmelweis ». Et une arme décisive contre le coronavirus Covid-19. »
Xavier Papillon: « Objectivement, nous sommes toujours dans une situation diffuse et contenue. À ce jour, les dépistages des cas contacts restent négatifs. Nous avons connu un pic d’épidémie avec une forte reprise des cas après la rentrée des vacances de Toussaint. Là, depuis la rentrée de janvier, nous restons sur un rythme « habituel », avec 3 à 5 cas par jour. Nous sommes vigilants et surveillons l’évolution, mais nous ne sommes pas inquiets. Ces données sont partagées régulièrement avec le préfet du Lot et l’Agence régionale de santé du Lot », prévient le directeur des services académiques du Lot.