La pyrale du buis attaque
La pyrale du buis est arrivée dans le Lot en 2015. Cette année, elle attaque le Quercy Blanc. Sans danger pour l’homme, elle dévaste les buis. Si on peut traiter parcs et jardins, il n’en va pas de même pour les buxaies sauvages. Or les causses lotois regorgent de buis.
Sur l’ensemble du Quercy blanc, en pays montcuquois comme castelnaudais, les ravages causés par la pyrale du buis sont inquiétants, et la rapidité des attaques successives a pris tout le monde de court. Si les particuliers ont traité -avec plus ou moins de résultat- les buis autour de leur maison, la majorité des arbustes, notamment ceux situés en pleine nature, ont été dévastés. Ne restent plus que des branchages secs dont plus une feuille n’a réchappé. Les chenilles infestent les bois. Suspendues le long des chemins au bout de leur fil, elles rendent les promenades très désagréables. À Saint-Daunès, Bernard Déleris, animateur à «Points d’eau», a vu ses buis entièrement dévorés. Il prend le problème très au sérieux. «Les deux premières attaques de la pyrale ont été spectaculaires, souligne-t-il. Les zones encore préservées donnent déjà des signes de contamination, et la nouvelle attaque du papillon, prévue en septembre, pourrait bien être fatale. Hélas, cette espèce très invasive n’a aucun prédateur». Patrice Valy, président de l’Amicale sainte-alauzienne, a fait le même triste constat. «Il s’agit de notre patrimoine, s’inquiète-t-il, et il faut agir vite. J’en appelle à l’aide des pouvoirs publics et j’ai demandé aux conseils départementaux de coordonner une action et un plan d’éradication.»
Des pistes pour réguler l’insecte
La pyrale du buis, originaire d’Asie, a été repérée pour la première fois en Europe en 2006, en Allemagne. Deux ans plus tard, elle arrivait en Alsace. Les premières observations dans le Lot remontent à 2015. C’était à Pradines. L’an dernier, la Bouriane et les secteurs entre Puy-l’Evêque et Floressas ont été particulièrement touchés. Cette année, c’est le Quercy blanc. «L’insecte étend sa zone d’action parce qu’il s’installe», constate Jean-Pierre Charpy, de la DDT, également correspondant-observateur sur la santé des forêts. Le Lot, département de causse, est riche en buis sauvages. La vallée du Célé compte même de véritables forêts (buxaies), encore épargnées. Jean-Pierre Charpy refuse de se montrer pessimiste : «On ne peut pas annoncer la disparition des buis». Si les attaques sont spectaculaires (lire ci-dessus), «l’arbre ne meurt pas, il refait de la feuille». Mais trois générations de pyrale du buis se succèdent de mai à octobre. Chaque papillon pond 1 200 œufs. Chaque chenille consommerait 45 feuilles. Sur un arbre défolié, «la chenille est rapidement en situation de famine et va s’attaquer aux jeunes rameaux. Au fil du temps, l’arbre va s’épuiser», constate-t-il. Il attend d’ailleurs un retour de l’Alsace pour connaître l’état des buis qui y sont attaqués depuis 2008. Or, si la pyrale a des prédateurs dans son milieu d’origine, elle n’en a pas en Europe. Les oiseaux n’en ont pas encore fait leur casse-croûte. Alors que faire ? «Dans les jardins, on peut intervenir. Il y a des méthodes très rustiques qui consistent, quand les œufs apparaissent, à les faire tomber avec un jet d’eau fort puis à les éliminer. Ensuite, il y a une méthode biologique efficace, le bacille thuringiensis. Il est déjà utilisé pour la processionnaire du pin», détaille Jean-Pierre Charpy. Mais il faut l’utiliser à un moment précis, au premier stade larvaire. S’ajoutent les pièges à phéromones. Pour la forêt, il n’y a pas de traitement envisageable. D’abord en raison de l’ampleur, ensuite car le bacille tue tous les lépidoptères. Mais l’Inra travaille actuellement sur une piste prometteuse : une petite guêpe qui pond ses œufs dans ceux de la pyrale. Un parasite local et non importé pour ne pas risquer de créer un autre déséquilibre dans l’écosystème. Car, il ne semble plus possible d’éradiquer la pyrale du buis. En revanche, tout l’enjeu consiste à la réguler en l’intégrant dans l’écosystème.
Repères
Désagréments pour l’homme
«La chenille ne présente aucun risque pour l’homme, contrairement à la processionnaire du pin, rassure Jean-Pierre Charpy, mais il y a des désagréments». Voir les buis défoliés, côtoyer les chenilles et leurs déjections par exemple. A Cambayrac, les organisateurs de la randonnée nocturne de demain ont changé le parcours pour éviter ces désagréments. Puis «il y a un impact psychologique chez les gens quand ça touche à des sites emblématiques : voir les buis défoliés en vallée du Célé aurait cet impact», ajoute Jean-Pierre Charpy, même si d’autres essences s’installaient à leur place. Il signale que dans des zones de forte pullulation (pas dans le Lot), ces papillons nocturnes ont pu colmater des aérations de dispositifs frigorifiques et gêner la circulation.
Dans les parcs publics, jardins privés et pépinières, la pyrale du buis représente un problème esthétique autant qu’économique.
Risques > D’érosion et incendies.Si les buis sauvages venaient à être trop durement touchés, «il faudrait être vigilant sur les fortes pentes à cause du risque d’érosion et autour des habitations pour le risque incendie… Tant que le buis est vert au pied, ça va, sinon il faut faire appliquer l’arrêté de débroussaillement».
Region > Une grosse progression. Cette année, la pyrale du buis a fortement progressé dans la région, touchant la majorité des départements. Le Lot, le Tarn et surtout le piémont pyrénéen sont les plus concernés par cette expansion 2017. Dans l’ex-Midi-Pyrénées, seul le Gers n’est pas touché, selon le département de santé des forêts. Ce département qui surveille notamment l’état de santé des forêts métropolitaines, s’appuie sur un réseau de correspondants-observateurs.
Si seule la chenille est nocive, le papillon peut vite devenir embarrassant. Florence Racine habite à Castelnau-Montrartier dans le Lot. Sa maison est prise d’assaut par les papillons qui s’y regroupent par milliers.
Dans le Lot, une maison prise d'assaut par le papillon de la pyrale du buis
Bonjour,
Je partage avec vous cette solution contre la pyrale du buis lue sur facebook :
« Pyrale du buis: PSORINUM.
Bonjour à tous, nous sommes heureux de vous faire savoir que dans la région Suisse Romane et Ardèche, tous nos tests sont favorables: PSORINUM fonctionne remarquablement.
Dès après le traitement, les larves tombent, parfois c’est grouillant même, sur le sol.
Certains cas plus graves, on croit que le buis est mort mais en 15 j à 3 semaines, il reprend vaillamment.Mode d’emploi: diluer 3 ou 4 globules de PSORINUM 30 C dans un verre. Verser le verre dans un arrosoir de 3 ou 5 l rempli d’eau. Arrosez les plants à traiter.
En plus, et c’est là le gros problème de l’homéopathie: c’est gratuit et ça marche à merveille 🙂 »
Jean Pierre Charpy de la DDT a dit l’essentiel
L’année dernière, j’ai utilisé le Bacille de Thuringe.
J’ai eu un même résultat avec l’eau du robinet toute seule envoyée sous pression, sans Psorinum !!
D’autre part, si les mésanges et autres petits oiseaux familiers découvrent les chenilles, ils s’en nourrissent. Chez moi, devant ma fenêtre, ils passent tous les matins et soirs dans les grands buis proches, et je les vois avec beaucoup de plaisir boulotter les bestioles activement . A mon avis, les premières attaques de la Pyrale sont spectaculaires, mais tant que les feuilles du buis repoussent…C’est parti pour un équilibre qui ne sera pas très facile à établir dans notre région lotoise, s’il s’établit d’ailleurs. C’est ennuyeux pour les jardins à la française, mais peu visible dans les jardins moins ordonnés. Laissons donc un peu de désordre dans nos jardins …
A mon avis, il vaut mieux s’inquiéter du désordre causé par la plantation des palmiers à huile en Afrique, bien plus invasifs, introduits et soutenus par une portion très riche de l’humanité.
Charité bien ordonnée commence par soi-même ! La pyrale du buis a complètement défolié des espaces naturels dans l’Ain (Bugey et Revermont), dans le Lot, dans le Tarn, en Bourgogne, en Alsace ! Sur la page FB Pyrale du Buis, on peut voir les photos des membres de la page, obligés de se fermer chez eux le soir en plein été, à cause de l’invasion des papillons, on peut voir leurs photos de paysages défoliés.
Les dangers de la défoliation commencent à se faire sentir :
– Les zones défoliées ont présenté une sensibilité particulière aux départs de feu. Dans l’Ain et en Savoie, plusieurs départs de feu ont été enregistrés, des arrêtés interdisant l’accès aux forêts et à certains chemins de randonnée ont été pris
– Les buis morts ne retiendront plus les cailloux et les terres. D’où risques d’éboulement et de glissements de boue sur les pentes que seul le buis colonisait.
– Risque pour tous les animaux sauvages qui se réfugiaient dans les buis. Déséquilibre de la biodiversité.
– Conséquences économiques : ruine de certains paysages français, gros frais pour les châteaux qui attirent des touristes du monde entier.
– La lutte contre la pyrale du buis est une cause nationale, et même européenne.
Les effets du réchauffement climatique commencent à se faire sentir petit à petit, nous assisterons à d’autres invasions d’espèces venant des pays du sud comme le moustique tigre qui est un des exemples flagrants. Certaines espèces végétales vont disparaître de leurs zones d’habitats habituels ou remonteront plus au nord ou en altitude. Le seul conseil il est urgent que nos concitoyens changent leurs habitudes de vie pour consommer moins d’énergie, moins polluer, émettre moins de déchets, consommer de façon responsable et surtout éviter de détruire notre environnement (abattage d’arbres, élagage et débroussaillage en période de reproduction des espèces, traitements par voie chimique….)
Une entreprise lotoise, M2i BioControl, propose une solution respectueuse de l’environnement, le traitement phéromonal. La société basée à Parnac est même leader européen dans ce domaine.
Mais, un traitement phéromonal, késako ? «Pour faire simple, les pyrales femelles produisent une sorte d’odeur, les phéromones, pour attirer le mâle au moment de l’accouplement. Le traitement consiste à reproduire cette odeur afin d’attirer les mâles dans des pièges et ainsi de stopper la reproduction», explique Johann Fournil, directeur du développement d’M2i. Les premiers traitements de ce type voient le jour à la fin des années 1970. Pourtant jusqu’à récemment, ils restaient assez contraignants. «On ne pouvait par exemple pas laisser le produit à l’air libre alors qu’aujourd’hui, nous avons mis en place de nouvelles technologies qui rendent ces traitements très faciles à utiliser et peu chers.»
Le directeur déplore d’ailleurs que ces progrès ne soient pas encore suffisamment connus. «On pense du coup que les traitements chimiques sont les seuls possibles.»
Dans l’idéal, Johann Fournil conseille de traiter les buis en deux temps. Avec du bacille de Thuringe (un insecticide biologique) aux alentours de mars, alors que la pyrale est encore une chenille, puis avec des pièges phéromonaux lorsque les insectes sont devenus papillons et qu’ils peuvent se reproduire.
Par ailleurs, il explique qu’M2i travaille en ce moment sur une solution encore plus efficace. «Pour la chenille processionnaire du pin, nous avons créé des ‘’phéro-ball »». Le principe est de tirer de petites billes biodégradables dans les arbres. Elles contiennent des phéromones. «Dans ce cas-là, il n’est plus question de piéger les insectes mais d’opérer une opération de confusion sexuelle. Les billes propagent des phéromones qui désorientent les insectes. La reproduction n’a par conséquent pas lieu, explique Johann Fournil. Nous sommes en ce moment même en train de tester le même procédé pour la pyrale du buis, sur les arbustes du château de Versailles. Les essais sont concluants, donc dès l’année prochaine, la technique pourrait être utilisée.» Elle nécessite encore moins de contrainte et devrait permettre de traiter des zones très étendues.
La «recette de grand-mère»
Jean-Claude Havas, un Catusien de 79 ans, a mis au point sa propre technique pour tenter d’enrayer la progression de la pyrale du buis dans son jardin. Il souhaite aujourd’hui faire part de son idée afin de venir en aide à d’autres particuliers touchés.
«C’est tout simple, explique-t-il. Les papillons sont attirés par la lumière. J’ai donc récupéré un ou deux bidons en plastique translucide que l’on peut trouver dans n’importe quelle grande surface.» Il suffit ensuite de couper le bidon en deux et de mettre une ampoule en dessous du «bac» ainsi créé. «Ensuite, on le remplit d’eau avec du liquide vaisselle et le tour est joué.»
Jean-Claude Havas précise qu’une petite ampoule de 4 ou 5 watts suffit. «Par contre, il faut changer l’eau savonneuse toutes les nuits pour que cela soit efficace.» Le Catusien insiste par ailleurs sur la nécessité de traiter les buis. «Il faut d’une part traiter ses arbustes avec du bacille et d’autre part limiter la prolifération avec une technique comme la mienne. Je ne prétends pas avoir inventé quelque chose de révolutionnaire mais si tout le monde faisait cela, je suis sûre que l’on pourrait grandement limiter la casse.» Il explique en effet utiliser depuis huit jours ce traitement et de trouver enfin un peu moins de papillons piégés le matin.
Joséphine Balleyguier La Dépêche
Les pheromones: l’INRA explique çà très bien au grand public
http://www.inra.fr/Grand-public/Sante-des-animaux/Tous-les-dossiers/L-amour-a-t-il-une-odeur/La-confusion-sexuelle-moyen-de-lutte-contre-les-ravageurs
Invasion quasi généralisée dans le Lot. La chenille de la pyrale redémarre et après un hiver dans son cocon, elle s’est remise en activité détruisant les feuilles de buis et l’écorce des arbustes. Dans le département du Lot, il est plus facile de comptabiliser les surfaces indemnes que les zones où l’insecte sévit.
L’invasion est pratiquement généralisée, le paysage en porte les stigmates, la maudite chenille née d’un papillon nocturne, colonise et fait des festins partout ; Quercy Blanc, Bouriane, Pays de Cahors, il n’y a pas un secteur où la dévoreuse ne laisse après son passage que du buisson mort, des buis séchés sur pieds.
La Préfecture informe