La réponse de Macron à la convention citoyenne pour le climat
.
Face aux 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) ce lundi, le président a annoncé 15 milliards d’euros supplémentaires pour la transformation écologique sur deux ans. Il a aussi indiqué avoir retenu 146 propositions sur 149, utilisant trois jokers.
L’écologie « au cœur du modèle économique »
« On doit remettre l’ambition écologique au cœur du modèle productif, produire différemment », a indiqué Emmanuel Macron. « L’Etat prendra toute sa part », a-t-il ajouté, annonçant « 15 milliards d’euros supplémentaires sur deux ans injectés pour la conversion écologique de notre économie ». Le chef de l’Etat a promis la mise en place d’un « fonds de transformation écologique de notre économie dans le plan de relance » pour notamment « investir dans les transports propres, rénover nos bâtiments » et « inventer les industries de demain ».
Chèques alimentaires, aides de l’Etat… Des mesures de « justice sociale »
Chèques alimentaires, aides renforcées pour les véhicules propres, interdiction des passoires thermiques… « Je souhaite voir toutes vos propositions reprises sur ce sujet », a annoncé le chef de l’Etat.
Bétonnisation et centres commerciaux… Des mesures d’aménagement du territoire
Emmanuel Macron a approuvé le principe d’un moratoire sur les nouvelles zones commerciales dans la périphérie des villes. « Arrêter la bétonisation, c’est un projet pour rendre notre pays plus humain, au fond plus beau » et pour retrouver des commerces de centre-ville et mettre fin à un étalement des logements, a-t-il insisté, « c’est un modèle dont nos concitoyens veulent sortir ». Le président a également rappelé sa volonté de « veiller à l’accessibilité de chaque territoire, de renforcer quand c’est possible les transports les plus compatibles à ces territoires ». Il faisait référence à la suppression de certains vols quand un trajet de moins de 2h30 est possible en train.
La « responsabilisation » du citoyen
Emmanuel Macron a appuyé la proposition de la CCC de « mettre en capacité chacun d’être un acteur de sa propre vie » avec des mesures comme le CO2 score, qui permet de savoir si ce que l’on achète est bon ou pas pour le climat. Il a appelé à miser sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, « au cœur de l’image des marques ».
Emmanuel Macron s’est aussi dit « prêt » lundi à soumettre à des référendums dès 2021 certaines propositions de la Convention citoyenne pour le climat, d’une part pour modifier la Constitution, d’autre part « sur un ou plusieurs textes de loi ».
Les trois jokers d’Emmanuel Macron
Parmi les propositions phares de la CCC, le président souhaite « reporter le débat » sur la limitation à 110 km/h sur autoroutes. « La transition écologique ne doit pas se faire au détriment des communes, des régions les plus enclavées », a plaidé le chef de l’Etat. « Je veux vous éviter de connaître le même sort que moi, avec des mois de travail qui s’abîment dans une polémique », a-t-il prévenu.
Emmanuel Macron a aussi rejeté la taxe de 4 % sur les dividendes, qui risquerait selon lui de « décourager l’investissement ». Concernant une autre mesure proposée par la Convention, un moratoire sur l’accord commercial UE-Canada (Ceta), il a déclaré : « Je vous réponds, continuons à évaluer. »
Enfin, la proposition d’inscrire l’écologie dans la Constitution a été retoquée par l’exécutif. Le chef de l’Etat s’en est expliqué : « Je ne souhaite pas reprendre cette proposition car contraire à notre texte constitutionnel, à nos valeurs. Il est essentiel de le mettre au bon niveau mais de ne pas mettre le droit de la nature au-dessus du droit humain. » En revanche, il s’est dit favorable à la réécriture de l’article 1er de la Constitution « pour introduire les notions de biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique (…) ».
« Vous avez montré qu’il était possible sur un sujet difficile, inflammable même, de créer du consensus », a rappelé Emmanuel Macron, qui souhaite la création de nouvelles conventions citoyennes, « sur d’autres sujets » que le climat. En attendant, les propositions de cette CCC seront, pour certaines, décidées dès la fin juillet, d’autres intégrées au plan de relance mais la plupart feront l’objet d’un « projet de loi spécifique » multimesures en septembre, a-t-il précisé.
malgré le moratoire demandé par la Convention citoyenne, les enchères de la 5G sont confirmées elles seront lancées en septembre, fermant ainsi la porte au moratoire demandé par la Convention citoyenne pour le climat. Le président de la République n’a pas évoqué la question lors de son allocution mardi devant la Convention.
Rénovation thermique, parcs naturels, lutte contre la bétonisation : la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili détaille les mesures présentées en conseil de défense écologique, lundi 27 juillet. « On va préparer ce projet avec les parlementaires et les citoyens, ce qui est assez nouveau, y compris en associant les parlementaires en amont. Des premières réunions vont se tenir, ce mercredi, avec les citoyens de la convention. Dont une avec les parlementaires, une avec les associations d’élus locaux, et une aussi avec les partenaires sociaux dans le même esprit. Fin septembre, nous aurons une première version du projet de loi consolidé qui pourra être soumis à concertation ».
Le président de la République a rencontré lundi les membres de la convention citoyenne pour le climat et évoqué avec eux le futur projet de loi climat. Emmanuel Macron confirme la tenue d’un référendum sur l’inscription de la défense du climat et la préservation de l’environnement dans la Constitution
Le contenu du projet de loi à venir ne reprendra qu’une partie des propositions de la convention citoyenne pour le climat
Rénovation thermique des logements, limitation de la publicité, mais aussi 5G, le chef de l’Etat est revenu au cours de ces quelques heures d’échanges sur plusieurs propositions de la CCC. « Les choix pris pour l’écologie doivent être acceptables par les Français », a-t-il martelé, alors que les craintes sur un possible détricotage des propositions de la convention citoyenne pour lutter contre le réchauffement climatique se font grandissantes.
M. Macron a également insisté sur la nécessité de prendre en compte l’impact économique et social de la pandémie de Covid-19 pour mener la transition écologique. Avec cette crise, « on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé » depuis son premier débat, en janvier dernier, avec les 150 citoyens qui doivent terminer leur mission début 2021, a-t-il dit.