La rose du Quercy, une rose de cœur

La rose du Quercy, une rose de cœur par Geneviève Besse-Houdent, historienne de l’art. Photographies de Jean-Louis Nespoulous. Publié aux Editions Tertium en mai 2020.

C’est l’histoire d’un ornement sculpté, un joyau du patrimoine quercynois peu connu jusqu’ici.

La chapelle Notre Dame construite dans une abside de la cathédrale de Cahors à la fin du XVème siècle est décorée d’une centaine de roses sculptées, comme un hommage chrétien à la Vierge Marie. Ces roses fleurissent dans une abondance d’ornements, tels les soleil flamboyants, les lys, les bâtons écotés : tous exaltent la sacralité du lieu rituel. Ce point de vue est documenté, explicite et il est largement admis.

Mais derrière ces roses épanouies du Quercy, un soupçon : cette chapelle a eu comme marraine, Sicarde de Sorbier, dite selon les mots pudiques des historiens « la  familière » de l’évêque, Antoine d’Alamand, l’initiateur de ce motif sculpté.

Autant de roses dans une chapelle de 39 m2, associées à une moulure qui court sur les ogives ou les bas reliefs, à savoir le bâton écoté, tige ligneuse rectiligne, dont on a coupé court les branches adjacentes ! Surprenant ! Pourquoi autant de soin et de beauté, pourquoi cette insistance dans le message et ce rapprochement entre des images de rose épanouie et de bâton ? Pourquoi cette sensualité empruntée aux jardins, à l’instinct naturel, à la vie ?

N’y avait-il pas une intention cachée de l’évêque à l’endroit de sa favorite dont le nom Sorbier se rapporte à la famille des rosacées ? L’hypothèse s’est orientée vers la recherche d’une « pensée de derrière », comme écrivait Montaigne.

En l’absence d’archives, il a fallu explorer de nombreux textes, et réunir tout un faisceau d’indices. L’évêque Antoine d’Alamand était trop érudit pour faire fi de toute la lyrique médiévale où la rose s’imposait comme la reine des allégories de l’amour. Chez les troubadours occitans, elle donnait ses couleurs au sentiment, au désir comme à l’expérience érotique.

Il importait donc de rechercher les codes dans l’érudition du prélat et dans la poétique médiévale, au temps où les poètes et plus tard Clément Marot chantaient le don d’amoureuse liesse.   

Cette enquête à l’affut des sens cachés se double d’une visite ou d’une redécouverte poétique du patrimoine. Puisque tous ces ornements sculptés ont essaimé pendant 70 ans en Quercy et dans ses confins sur les édifices religieux et civils, sur les façades des châteaux comme sur le linteau des cheminées.

En ce printemps confiné, offrez-vous La Rose du Quercy, une rose de cœur. Le livre est publié aux éditions Tertium au prix de 15,90 €, et toutes les librairies, dans le Lot ou ailleurs, peuvent vous le procurer. 

Geneviève Besse-Houdent