L’accueil des réfugiés à Figeac
Discrètement le Centre d’accueil et d’orientation a ouvert à Figeac, il y a trois mois. Trente places pour héberger les migrants de Calais qui y ont trouvé un refuge et espèrent un asile.
En passant, les migrants saluent Olivier François et Christiane Sercomanens, avant de déposer leurs courses dans les hébergements de la Pintre. Jeudi, le directeur du CEIIS et l’adjointe aux affaires sociales de la ville nous ont présenté le CAO, Centre d’accueil et d’orientation, qui reçoit trente migrants. Ils arrivent de la jungle de Calais où certains ont passé plus de sept mois. Ou du squat du Métro Stalingrad.
Sur le perron de ces sept anciens logements de la gendarmerie figeacoise, mis à disposition du CEIIS par la ville, certains acceptent de nous confier leur parcours, sous couvert d’anonymat, dans un anglais simple, parfois en glissant quelques mots de français fraîchement appris.
Ils sont Soudanais, Érythréens, Afghans… Les plus jeunes ont une vingtaine d’années. «Nous nous sommes rencontrés à Figeac. Ici, nous avons un nouvel espoir de vie», nous expliquent-ils, ajoutant «Que ce soit Calais ou Figeac, comme n’importe où en France, nous souhaitons rester. Car ici c’est un pays sûr et nous y sommes des hommes libres.»
«Au Soudan du Sud, nous glisse l’un des jeunes, nous n’avons plus de droits, la situation est très compliquée.» Dans le plus jeune état du monde, depuis son indépendance en 2011, les forces armées du président et du vice-président s’affrontent, poussant à la fuite des milliers de civils, victimes d’exactions et d’atrocités. Une situation géopolitique parmi d’autres.
Figeac ne durera qu’un temps pour ces réfugiés, trois mois selon la loi. «Nous sommes des Dublin», nous précisent-ils. Leurs empreintes ont en effet été relevées dans le pays d’Europe où ils sont entrés. Le Règlement Dublin stipule que seul ce pays pourra examiner leur demande d’asile.
Pas la France donc, où ils survivent désormais dans un hébergement provisoire, avec 25 € par semaine pour des courses (avec présentation des justificatifs), grâce à l’accompagnement du CEIIS, en lien avec le centre social et le CIAS et des associations comme la Croix Rouge qui les initie au français. Dans un des logements de la Pintre, en bonne place sur un mur, ils ont d’ailleurs affiché des traductions.
Les missions du SEIIS
Le CEIIS a accepté de gérer le CAO de Gourdon, basculé ensuite à Figeac, ainsi que celui de Cahors qui ouvre. Une mission de plus pour cette association nommée Comité d’études et d’informations pour l’insertion sociale (CEIIS) et basée à Cajarc. À sa création en 1973, elle intervenait dans la prise en charge de publics toxicomanes, avant d’ouvrir un centre de réinsertion et d’hébergement social pour des personnes en extrême précarité. Elle gère aussi le Cada, Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile, depuis 2002, avec 120 places dans des appartements à Cahors et à Figeac, pour des personnes ayant engagé une demande d’asile ou un recours.
«Trente migrants pour une ville de 10 000 habitants»
«Avec Figeac Ville solidaire, nous avions manifesté notre volonté d’accueillir des réfugiés. Les premiers qui sont arrivés à Figeac via une association toulousaine, avec un visa pour entrer en France, ont été les Ajaj, début 2016. Accompagnés par le Cada, ces Irakiens ont aujourd’hui leur carte de séjour valable pour dix ans et sont placés sous protection administrative de l’État français pour fait de guerre dans leur pays. Ils souhaitent poursuivre leur intégration à Figeac», intervenaient André Mellinger, le maire, et Christiane Sercomanens, son adjointe qui ont réuni les élus figeacois pour leur exposer la situation sur l’accueil des migrants.
«Ce qui nous rassure, poursuivaient-ils, c’est que les réfugiés du CAO de Figeac ne font pas parler d’eux depuis trois mois. Certains Figeacois nous demandaient même quand ils arrivaient.» «Et puis ils ne sont que trente pour une ville de 10 000 habitants, c’est raisonnable, non ?», lance Christiane Sercomanens.
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