L’APESA assiste les petits entrepreneurs en difficulté

Face à la détresse des commerçants et de tous ceux qui voient ressurgir les difficultés économiques générées par ce 2e confinement, l’Apesa s’inquiète.

L’association d’aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë a vu le jour en 2013, à l’initiative d’un greffier du tribunal de commerce de Charente-Maritime et d’un psychologue-clinicien. Dans le Lot, depuis janvier 2017, une antenne de l’Apesa décline ce dispositif qui vise à écouter et aider les chefs d’entreprise en grande souffrance, notamment lorsque les difficultés économiques se présentent.

Bruno Giard, son président, a eu l’occasion à plusieurs reprises, lors d’audience au tribunal de commerce, de mesurer cette détresse des employeurs, craignant parfois que ces hommes et ces femmes au bout du rouleau ne commettent l’irréparable.

« En audience, nous avons le devoir de juger en nous conformant à la loi, mais en tant qu’homme, nous avons le sentiment profond de devoir porter assistance à des personnes en danger. Lorsque j’ai fait part à mes collègues de l’existence de cette association, cela a fait l’unanimité et nous nous sommes engagés dans la démarche, avec la volonté d’intervenir le plus en amont possible auprès des entrepreneurs, pour éviter les suicides. »

L’UEL et la Maison de l’artisan se sont associés à leurs côtés et les premières formations ont commencé pour 70 sentinelles volontaires du Lot. Aujourd’hui, elles sont 154 à être actives sur le territoire lotois et donc en mesure de détecter les premiers signes d’épuisement psychologique et de mal-être, afin d’aborder la personne et de l’orienter – toujours de façon anonyme – vers la plateforme nationale de l’Apesa et les professionnels de santé qui sont missionnés.

« Nous sommes des mandataires, des juges, des chefs d’entreprise, des agents de la préfecture, etc. Toute la démarche de l’Apesa c’est d’être proactif et de pouvoir lancer une alerte auprès de notre plateforme pour que la personne concernée puisse être aidée », insiste Bruno Giard, conscient que l’étape la plus complexe à franchir pour ces entrepreneurs est d’arriver à demander de l’aide.

Pour cela, l’association a cadré un dispositif extrêmement efficace qui permet à la personne en difficulté, dès qu’elle le souhaite, d’être mise en relation sur une plateforme dédiée avec un professionnel dans un délai de prise en charge de 47 minutes. Cette rapidité est essentielle.

« L’entretien dure parfois une heure et en fonction de cet échange, il est décidé avec la personne d’enclencher un accompagnement ou d’en rester là si ce simple contact a suffi. Si au contraire, le besoin d’être soutenu davantage se manifeste, elle sera orientée vers un psychologue lotois se trouvant à moins de 25 km de chez elle, sensibilisé aux procédures judiciaires qui cadre le droit des entreprises (cessation, liquidation, redressement…). Ils sont à ce jour 19 thérapeutes en lien avec l’Apesa dans le Lot », souligne son président.

À Cahors, Aurélien Page est vice-président du tribunal de commerce et l’une de ces sentinelles. « C’est un dispositif confidentiel et gratuit. Dès que la personne est contactée par un thérapeute de la plateforme, nous n’intervenons plus. » L’Apesa prend en charge jusqu’à cinq consultations avec le psychologue. Par ailleurs, dans le Lot, le préfet a désigné l’Apesa comme structure référente, avec les chambres consulaires et le service de santé au travail pour porter le dispositif OSE, mis en place récemment par le ministère de l’Economie dans le cadre de la Covid, avec un numéro vert national à disposition des commerçants, artisans, chefs d’entreprise : il s’agit du 0 805 65 50 50.

Un numéro vert

À ce jour, plus de 950 personnes en France ont contacté la plateforme d’aide des chefs d’entreprise via le 0805655050. Elles sont plus de 3000 à avoir eu recours à Apesa France depuis 2013.Quant au Lot, il a enregistré 11 alertes en 2017, 27 en 2018 et 30 en 2019. En 2020, juste avant le confinement de fin mars, 7 alertes étaient référencées, pour 5 déclenchées sur la seule première quinzaine d’octobre. « On est à l’aube d’appels en masse », craint pour sa part Bruno Giard.
Laetitia Bertoni La Dépêche

Dispositif O.S.E, Occitanie Soutien aux Entrepreneurs

Un dispositif régional d’écoute et de soutien du chef d’entreprise

La crise sanitaire liée au COVID-19 a fait apparaître le besoin de soutien moral des chefs d’entreprises à travers les réseaux d’accompagnement des entreprises auxquels ils ont recours.
A partir de ce constat, la DIRECCTE, le Conseil régional, la CCIR, la CRMA, l’URSSAF, PRESANSE Occitanie (réseau régional des services de santé au travail) ont décidé de mettre en place un dispositif régional coordonné d’écoute et de soutien auprès des chefs d’entreprises : Occitanie Soutien aux Entrepreneurs (OSE).

Complémentaire du numéro vert national (0 805 655 050) mis en place par le ministère de l’Economie qui s’adresse directement aux chefs d’entreprises, ce dispositif permet un accompagnement du dirigeant, en contact avec l’un de ses partenaires institutionnels, et une prise en charge grâce à un signalement vers une plateforme régionale gérée par PRESANSE Occitanie, qui traitera ensuite ce signalement. Ce réseau de partenaires a naturellement vocation à s’élargir.

Ce dispositif, opérationnel à ce jour, s’appuie en région sur les 23 associations de service de santé au travail et les partenaires associatifs du portail du rebond (observatoire AMAROK, SOS entrepreneurs, APESA, RE-CREER, 60 000 Rebonds, Second Souffle) pour intégrer les différentes dimensions d’écoute et de soutien des chefs d’entreprises.