L’apprentissage: Confrontation entre la région et l’Etat?

Emmanuelle Gazel, vice-présidente de la Région Occitanie, à gauche

Emmanuelle Gazel, vice-présidente de la Région Occitanie, en charge de l’emploi, la formation, l’apprentissage a rencontré les acteurs lotois de l’emploi et de la formation.

La rencontre s’est déroulée dans les locaux de la Chambre des métiers et de l’artisanat du Lot Emploi, formation, elle a échangé avec eux sur ces thématiques, et notamment sur les enjeux du projet de réforme de l’apprentissage qui sera présenté dans quelques jours à l’Assemblée nationale.

Il s’agissait de la deuxième rencontre territoriale à Cahors. «Compte tenu de la réforme de l’apprentissage, ces rencontres ont une dimension particulière. Nous avons des inquiétudes, nous voulons voir avec les partenaires comment on peut jouer un rôle pour qu’elles soient entendues par le gouvernement. Aujourd’hui, les contrats d’apprentissage sont de 400 heures, avec la réforme, ils vont passer à 150 heures. En fait le contrat d’apprentissage glisse vers un contrat de professionnalisation. Dans la région Carole Delga, présidente a voulu que le budget soit maintenu, alors que nous avons des budgets de plus en plus en plus contraint. Nous y consacrons 530 millions d’euros sur 4 ans. La Région continue la bataille» assure la vice-présidente. Dans une volonté de proximité elle cite les Maisons de la Région. Il y en a deux à Cahors et Figeac, avec des services dédiés au transport, à l’emploi et la formation notamment pour mettre en place une dynamique de création d’emploi. Tous les services ne sont encore totalement déployés.

Hier devant les acteurs lotois de l’emploi et de la formation, elle a présenté un programme qui se veut «pour tous» avec des qualifications jusqu’à l’ingénierie par l’apprentissage. «Les CFA situés tués en zones rurales, nombreux dans notre région, sont particulièrement menacés, avec pour certains d’entre eux, de réels risques de fermeture. Nous sommes inquiets aussi pour nos entreprises locales qui pourraient être privées d’une main-d’œuvre qualifiée alors que de nombreux secteurs peinent déjà à recruter. Après la réunion, Emmanuelle Gazel a visité le centre de formation des apprentis.


10 CFA dans le département

Le Lot compte près de 1 000 apprentis, 60 formations sont proposées dans 10 CFA sur le territoire. «Avec la réforme 5 de ces 10 CFA seraient impactés, ainsi que des formations, ça concerne 260 apprentis» remarque Emmanuelle Gazel. «L’apprentissage demain ne sera pas considéré comme formation initiale, si elle disparaît ça va le dérégler».

Pour doper l’apprentissage et lutter contre le chômage des jeunes, le gouvernement a annoncé une simplification du dispositif pour les entreprises, de nouveaux circuits de financement, et enfin une meilleure information et des mesures incitatives pour les futurs apprentis.

Le Premier ministre a reconnu qu’il y a « encore beaucoup de choses à affiner », notamment les modalités du transfert de l’Education nationale aux régions de « la responsabilité de l’orientation ». Le gouvernement a prévu de présenter son projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel …

Le Point


Un système d’apprentissage privatisé ?

Jusqu’à présent, les régions jouaient un rôle central en matière d’apprentissage : elles percevaient une fraction importante de la taxe allouée au système et leur feu vert était requis pour créer des centres de formation des apprentis (CFA). Seront désormais au cœur du réacteur les branches professionnelles. Il leur reviendra, entre autres, de définir le coût de prise en charge des contrats d’apprentissage par les « opérateurs de compétences » (ex-OPCA). Les CFA ouvriront librement et seront financés en fonction du nombre de contrats signés. On passe ainsi d’un fonctionnement administré à une logique de marché.

« C’est une privatisation complète », s’indigne David Margueritte, de l’association d’élus Régions de France. D’après lui, les branches, à l’exception des plus grandes, ne sont pas outillées pour exercer les prérogatives qui leur sont octroyées et bon nombre de CFA vont voir leurs comptes plonger dans le rouge – notamment dans le monde rural et dans les zones urbaines sensibles.

A Matignon, on fait valoir que les régions disposeront de deux enveloppes financières – l’une pour tenir compte de problématiques liées à « l’aménagement du territoire », l’autre pour réaliser des investissements dans les CFA. Mais les sommes prévues sont insuffisantes, aux yeux des régions. « Qu’elles les utilisent et on verra après », rétorque-t-on dans l’entourage du premier ministre, en rappelant que certaines d’entre elles ne consacrent pas l’intégralité du produit de la taxe d’apprentissage aux apprentis.
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