L’association Lot pour Toits s’agrandit
Installée près de la gare de Cahors, la résidence Habitat Jeunes a un wagon de projets pour favoriser l’insertion des jeunes au train de vie précaire. Son nouvel ami s’appelle Melchior. Présentation…
La résidence Habitat Jeunes implantée dans la rue Jean-Jaurès à Cahors et l’association Lot pour Toits font résonner ensemble les mots accueil, insertion, accompagnement avec beaucoup de force et la conviction d’une équipe qui récolte les fruits de son travail.
En rappelant que la principale vocation de cette association était «l’accueil de jeunes de 16 à 30 ans, en voie d’insertion sociale et professionnelle et à la recherche d’un hébergement temporaire», Anne-Marie Gerschel, la présidente, mise désormais beaucoup sur les nouvelles capacités de la résidence. En effet, celle-ci va élargir ses possibilités et son offre de logements grâce à l’acquisition de l’ancien hôtel-restaurant Le Melchior.
«Ces nouveaux locaux seront inaugurés le 9 décembre prochain. Ils comprendront 29 places destinées aux jeunes et une salle d’exposition. Nous réfléchissons actuellement à l’exploitation de l’espace-bar. Cela pourrait être un lieu où nous mettrions en place des activités interactives» imagine-t-elle. Les jeunes suivis par le service d’aide sociale à l’enfance du conseil départemental, ainsi que les familles en situation de précarité, en attente de logement ou de régularisation et les demandeurs d’asile figurent au cœur des actions de l’association. Celle-ci assume la gestion du CADA de Gourdon (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) comptant 40 places.
Une famille guinéenne, un couple arménien avec trois enfants ainsi qu’une famille albanaise et huit jeunes originaires d’Afghanistan vivent dans ces locaux.
«La liberté d’agir»
Lot pour Toits aurait pu s’appeler Lot pour Tous, tant les publics touchés proviennent d’origines multiples. Anne-Marie Gerschel et son équipe mettent en œuvre des moyens matériels et humains pour ces personnes montrés du doigt par une frange politique aussi effrontée que frontiste mais qui semble s’effriter doucement. Jusqu’à l’effondrement ?
L’avenir le dira.
En attendant, hors du champ politique, l’association sème ses projets et les concrétise.
«Nous n’avons pas de subventions. Cela nous donne la liberté d’agir et de penser. Nous avons des conventions avec les services de l’état. Nos recettes proviennent essentiellement de la gestion locative» clarifie la présidente. Son ambition : continuer à servir l’humain avec humanisme.
Des aides, des idées et des contrats
L’association Lot pour Toits compte «poursuivre ses missions de logement et d’actions en direction de la jeunesse, accompagner les nouveaux projets d’hébergement dans les communes du Lot ou encore développer et renforcer le réseau des partenaires».
Nordine Brahmi, le directeur et André Quéraud, intervenant social et chargé de communication, assument des rôles majeurs comme la prise en charge des fameux 5 € de moins sur les APL des jeunes, la préparation de débats de société, un travail poussé et encadré autour de la photographie, l’application du concept de «promeneur du net» (veille et conseils pour préserver les jeunes de certaines dérives sur le web). Andréa Quéraud dresse le bilan en quelques chiffres : «156 jeunes ont été accueillis en 2012, ils étaient 192 en 2016, année où 38 000 nuitées ont été enregistrées. Nos actions d’aide à l’insertion ont permis la signature de 20 contrats de travail en 2015». Les efforts sont récompensés.
Depuis samedi 14 avril, le Melchior a rouvert ses portes. Il accueillera à présent des jeunes travailleurs, âgés de 16 à 30 ans. Cet hôtel-restaurant avait fermé ses portes en 2014, et avait été racheté l’an dernier par l’association «Lot pour Toits».
Après près d’un an de travaux, le bâtiment fait donc à présent partie des différents locaux gérés par «Lot pour Toits», qui héberge près de 150 personnes dans le département.
Le Melchior remplace ainsi la résidence des Cordeliers, qui accueillait, depuis son rachat par l’association en 2008, des jeunes travailleurs. Situé en face de la gare de Cahors, l’ancien hôtel-restaurant assurera à présent la même fonction que la résidence Jean Jaurès, située à une centaine de mètres.
Entre les Centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) de Gourdon et de Souillac et les résidences pour jeunes travailleurs, «Lot pour Toits» assure des activités d’accueil diversifiées. Ce qui réjouit Andréa Quéraud, chargé de communication de l’association. «On a créé du lien entre des publics qui, sans nous, ne se seraient jamais rencontrés, estime-t-il. Des jeunes qui ont traversé la Méditerranée à la nage, d’autres qui ont traversé le Lot en voiture.»
Les travaux qui ont précédé la réouverture du Melchior ont été réfléchis pour permettre ce contact. Le bâtiment dispose ainsi d’une salle d’exposition, dans laquelle seront présentées des photos prises par les résidents. Chaque semaine, l’association organise une à deux activités collectives. «On veut que les jeunes participent aux actions collectives», explique Andréa Quéraud. Pour que «Lot pour Toits» n’offre pas qu’un toit.
K.A.La Dépêche