Du « bien vieillir » à la dépendance.

Les chiffres sont têtus :

15 % de la population française aura plus de 75 ans en 2040 (contre à peine 6 % il y a trente ans) -D’ici 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans Et avec ce vieillissement accéléré, la proportion d’âgés dépendants croit également.

La pyramide des âges est amenée à croître encore plus vite que la moyenne nationale dans les zones rurales – de par leur attractivité auprès des aînés originaires des environs, de jeunes retraités provenant parfois de l’extérieur du territoire. Ainsi dans le Lot, 30 % de la population a plus de 65 ans. Sur le territoire de la CCQB , entre 2015 et 2019 la part des plus de 65 ans est passée de 31 à 34%; c’est dire si le sujet est d’importance.

Crise sanitaire, scandales de maltraitance dans les établissements Korian ou Orpéa … le modèle de prise en charge des personnes âgées est à bout de souffle, Il est nécessaire d’aider les aidants, de faire changer le regard sur les âgés, de valoriser leur rôle dans la société et la place qu’on leur réserve dans la cité, à la ville comme à la campagne,. Il faut refonder les politiques de prévention, structurer une politique de maintien à domicile digne de ce nom., en un mot, anticiper le grand vieillissement…

En novembre 2023 , une proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France a été votée. Elle comprend différentes mesures pour prévenir la perte d’autonomie et lutter contre l’isolement des personnes âgées ou handicapées, mieux signaler les maltraitances, faciliter et mieux rémunérer le travail des aides à domicile. Des dispositions sur les Ehpad et l’habitat inclusif complètent le texte.
La député Huguette Tiegna a confié au journal la dépêche du midi, que cette proposition de loi qui instaure une Conférence nationale de l’autonomie, renforce la coordination nationale des politiques publiques; elle se félicite aussi de la généralisation de l’expérimentation du Programme de prévention de la perte d’autonomie (ICOPE) qui est en cours de déploiement dans le Lot.
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Les départements devraient bénéficier d’aides financières pour soutenir les services à domicile; Elles concernent le financement de la mobilité des professionnels et de la tarification qui doit permettre de mieux prendre en compte les temps invisibles des professionnels et ainsi de mieux les rémunérer.

Serge Rigal de son côté précise que notre département est le deuxième département le plus vieux de France. et que le premier employeur du Lot, c’est le service à la personne. Loin devant Ratier, Andros et Figeac Aéro.

Aussi demande-t-il au gouvernement de répondre concrètement aux questions des difficultés relatives au financement, aux problèmes de recrutement, et de sous-effectif… Le manque de moyens financiers et humains conduit ,selon lui, à une forme de maltraitance involontaire de nos aînés. Aussi réclame-t-il les compétences (et les moyens qui vont avec), pour répondre à l’urgence de la dépendance.

A noter qu’en complément cette proposition de loi, le gouvernement a annoncé une loi de programmation pluriannuelle sur le grand âge. Elle doit être débattue au Parlement avant l’été 2024.

Aurore Bergé, ministre des solidarités est ainsi chargée d’engager des concertations avec les parlementaires de tous les groupes, avec les conseils départementaux et avec les professionnels du secteur. La ministre promet « un projet coconstruit », avec des auditions et des déplacements menés avec les groupes parlementaires et « l’ensemble des associations d’élus, dont évidemment l’ADF [Départements de France], l’AMF, l’AMRF [Association des maires ruraux de France] ».

Financement, recrutement, gouvernance… affaire à suivre…Mais, pour reprendre la formule de Serge Rigal, il ne faut pas se leurrer, et croire que demain, face à cette question de la dépendance on pourrait, « raser gratis ».