le gouvernement publie un rapport: l’agriculture en 2025, une agriculture numérique
Est-il opportun de se préoccuper de l’agriculture en 2025, alors qu’elle est aujourd’hui dans un état catastrophique?
Y a-t-il un avenir pour les paysans?
Peut-être que si on s’était préoccupé de ce qu’est l’agriculture aujourd’hui il y a 10 ans nous n’en serions pas là. Il apparaît de plus en plus que pour survivre il ne faut pas avoir le nez dans le guidon.
Que dit ce rapport? quelles sont les chances, quels sont les risques?
Le rapport parle d’une 3ème révolution industrielle à base de numérique, de robots, de drones, de biotechnologies…par exemple les capteurs installés sur une vache nous préviendront que le vélage approche et qu’il faut appeler le vétérinaire…
Cette agriculture technologique est-elle durable? Comme tout ce qui est numérique, elle est très consommatrice de ressources rares: métaux rares…etc.. Elle dépend de centres de données qui sont très consommateurs d’énergie. Internet consomme 10% de l’électricité mondiale. Elle génère beaucoup de déchets électroniques.
Les agriculteurs ont été dépendants de l’industrie chimique et des semenciers et des banques, seront-ils dépendants des Google..et de l’industrie électronique, les coûts d’équipement sont colossaux, les connaissances qu’il est nécessaire d’avoir pour profiter de cette agriculture de demain sont très différentes de celle qu’il faut avoir aujourd’hui, un avenir est ouvert aux ingénieurs agronomes, mais les autres? certes le métier devrait être revalorisé, mais pourront-ils prendre le train? ou seront ils dominés par l’industrie, par les experts, par les charges financières?
Les robots sont déjà là: robots de traite, robots d’affouragement, tracteurs connectés, utilisation du GPS, on commence à robotiser le maraichage.
Ces systèmes diminuent la main d’oeuvre nécessaire, est-ce un bien? est-ce un mal?
En ce qui concerne le développement durable ces systèmes peuvent permettre de maîtriser la complexité, de tenir compte dans son action quotidienne d’un nombre énorme de facteurs: risques climatiques, sanitaires, économiques; mais saurons nous les utiliser?, ils doivent permettre de mettre la bonne dose, au bon endroit, au bon moment. La difficulté informatique sera facilement vaincue, mais savoir poser un problème d’une façon précise et complète et savoir de quelles données on a besoin pour que l’outil puisse nous aider à prendre des décisions, ça demande un grand changement dans nos manières de penser. Nous avons travaillé avec l’expérience, l’observation et le jugement, nous serons amenés à penser d’une façon plus abstraite.
Toutes sortes de données seront récupérées par des capteurs sur la météo, l’état des sols, les besoins des plantes, à partir de ces données les systèmes pourront donner des informations qui permettront de minimiser les besoins en eau, en engrais, en traitements… de protéger les sols et la biodiversité…
Je ne sais si cela améliorera le travail des agriculteurs mais je suis persuadée qu’il sera transformé.
Et quelle sera notre stratégie? la productivité ou la qualité? Les outils peuvent servir aux 2 mais il nous faut choisir, qui, nous? Les grands industriels ou les paysans?
Certains sont entrain d’inventer des choses idiotes ou nocives; un exemple pour rire ou pour pleurer: Un laboratoire a créé un mini-casque pour poulets, la réalité virtuelle lui permet de croire qu’il est dans un grand champs malgré la surpopulation, il se porterait mieux car ce serait meilleur pour son moral…
On ne doit pas tout perdre des connaissances traditionnelles, ne perdons pas les réflexions sur les cycles agricoles azote; phosphore, le partage des terres entre élevage et agriculture…
Il ne faut pas être à la recherche d’un modèle unique, toutes les exploitations sont différentes; il devrait y avoir de la place pour les petites exploitations avec les circuits courts et les grandes exploitations; nous avons besoin de grandes exploitations pour exporter parce que nous sommes loin de consommer tout ce que nous produisons.
Ce qui est important pour les petites exploitations est de ne pas se faire dominer par la grande industrie des fournisseurs. Les paysans doivent s’organiser pour que les innovations ne leur échappent pas, l’innovation a un coût, les paysans sont déjà trop endettés, il faut mutualiser les outils de production afin que les exploitations moyennes voire petites puissent avoir accès à l’innovation sinon elle ne profitera qu’aux gros équipementiers.
On ne peut pas traiter les problèmes de l’eau, de la biodiversité de la pollution diffuse au niveau d’une exploitation, ces problèmes doivent être traités au niveau des territoires.
Il faut éviter que les grands semenciers, les agro-chimistes, les agro-équipementiers captent les services et imposent leurs modes de production..
Il faudrait que les agriculteurs aient la main sur leurs donnée, les données c’est la ressource la plus fondamentale de demain. C’était facile de comprendre que l’or ou la terre était une richesse… il faut comprendre que les données c’est LA richesse de demain. Les Google, les Facebook sont en train de conquérir nos données.
Tout n’est pas perdu pour les paysans s’ils s’organisent pour apprendre ensemble, s’ils coopèrent et s’ils mutualisent leurs équipements. Mais il faut y penser et agir dès maintenant.
D’après l’émission L’innovation au secours de l’agriculture, et après? sur France-Culture
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