Le Grand Figeac participe au capital de Railcoop
Mardi soir, les élus du Grand Figeac réunis en conseil communautaire à Capdenac-Gare ont longuement débattu de l’opportunité d’adhérer à Railcoop, une société coopérative d’intérêt collective (SCIC) basée dans la pépinière d’entreprises de Cambes, en souscrivant 225 actions représentant un montant de 22 500 euros soit 0,50 centime par habitant du Grand Figeac.
« Je sais que c’est un sujet qui fait débat » a indiqué d’emblée le président Vincent Labarthe en défendant cette prise de participation. « L’idée de Railcoop est de pouvoir remettre des trains sur des lignes jusqu’alors délaissées par l’opérateur national. Ils disent pouvoir faire rouler des trains de marchandise dès l’automne 2022 et de voyageurs dès 2022. Ils en sont aujourd’hui à 1,6 million de levée de fonds et à 5 531 souscripteurs ». Le président du Grand Figeac veut soutenir l’initiative locale. « Il y a une dimension économique puisque la SCIC est chez nous. Elle développe de l’emploi. Il y a donc une double attente : accompagner une entreprise de notre territoire et voir de nouvelles lignes circuler, notamment pour le fret, entre Toulouse et Capdenac » a-t-il souligné.
Des avis très partagés
Les prises de parole se sont succédé témoignant des avis très partagés de l’assemblée. Alain Hébert, maire de Saint-Cirgues, a clairement expliqué son vote contre ce projet. « Le combat pour un service public ferroviaire de qualité reste d’actualité. C’est participer et booster la privatisation, et mettre en concurrence les territoires ». La question de l’emploi est revenue à plusieurs reprises dans les interventions. Pascal Lewicki, maire de Lacapelle-Marival a dit « comprendre l’inquiétude des syndicats et des cheminots » mobilisés d’ailleurs devant la salle du conseil pour demander aux élus de ne pas voter cette délibération (1).
« On est dans un dilemme, je l’entends », a concédé André Mellinger. Le maire de Figeac en faveur de l’adhésion à Railcoop a témoigné des difficultés rencontrées avec la SNCF pour la reconstruction de la gare de la sous-préfecture lotoise détruite par un incendie. « La position d’un élu dans une situation comme celle-ci est très compliquée, a ajouté Stéphane Bérard, maire de Capdenac-Gare qui a cité les nombreuses actions de la Région pour maintenir les trains sur les rails d’Occitanie et palier au désengagement de l’Etat. « Je trouve que Railcoop est sur un sillon intéressant, notamment parce qu’il n’y a pas de fret aujourd’hui sur notre secteur. Avec ce type d’action, on ne va pas être dans une dynamique de démanteler le service public et de perdre des emplois ».
Pour Philippe Landrein de Figeac Autrement, l’engagement du Grand Figeac à hauteur de 22 500 euros dans le capital de Railcoop comme l’ont déjà fait, pour des montants divers, 11 autres collectivités locales sociétaires pose question. « J’avais décidé de m’abstenir, finalement j’ai décidé de voter contre parce que j’ai additionné le montant des investissements des collectivités dans Railcoop, soit plus de 15 %. ça n’est pas le rôle des collectivités locales d’intervenir de façon aussi importante dans une entreprise privée » a-t-il estimé. « Est-ce que c’est le rôle de la communauté de communes ? » a demandé Fernand Tapie, maire de Saint-Pierre-Toirac.
Pour certains élus au contraire, donner un coup de pouce à cette initiative lotoise pourrait faire réagir la SNCF. Fausto Araqué, vice président et adjoint au maire de Bagnac-sur-Célé en tête. Désespéré de ne plus voir fonctionner les deux embranchements de lignes de fret qui desservent les carrières et Matière sur sa commune, l’ancien cheminot espère voir relancer « un maillage national remarquable » : « Je me dis qu’après tout si quelqu’un d’autre que la SNCF se propose de le faire marcher, pourquoi ne pas le tenter ? »
La prise de participation du Grand Figeac a finalement été adoptée avec 47 voix pour, 13 votes contre et 28 abstentions.
Situé près de la gare, un plateau en travaux doit dans les prochaines semaines accueillir une partie de l’équipe qui s’étoffe encore et est à l’étroit aujourd’hui à Cambes. « L’équipe se compose d’une dizaine de personnes qui sont venues d’autres régions à Figeac. D’ici l’été, une dizaine d’autres créations de postes sont prévues. D’ici la fin de l’année, on va aussi lancer le service de fret avec des conducteurs recrutés qui seront basés à Capdenac ».