Le grand retour du train de nuit?
Le président de la République souhaite « redévelopper les trains de nuit », laissés à l’abandon par la SNCF depuis plus de trente ans. La Région et les usagers espèrent un vrai plan d’investissement pour ce mode de transport économique et écologique.
Le train de nuit s’apprête à faire son grand retour en France. Progressivement abandonné par la SNCF, ce mode de transport sera relancé dans le cadre de la politique de transition écologique. C’est ce qu’a annoncé le président de la République Emmanuel Macron le 14 juillet : « On va redévelopper les trains de nuit. Parce que ça permet de faire des économies et ça permet de réduire nos émissions » de CO2. Le chef de l’Etat veut aussi renforcer les petites lignes et le fret ferroviaire. Une bonne nouvelle saluée par Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, qui bataille depuis des années pour maintenir les liaisons ferroviaires nocturnes.
Mais ce retour au premier plan nécessitera des moyens financiers de la part de l’Etat. L’actuel réseau périclite. Dans les années quatre-vingt, plus de 500 villes de l’Hexagone étaient desservies par un train de nuit. Au début des années 2000, soixante-sept circulaient encore quotidiennement. Aujourd’hui, seules deux lignes sont exploitées par la SNCF. L’une concerne l’Occitanie avec la liaison Paris – Toulouse – Rodez – Latour-de-Carol, et l’autre le Sud-est de la France avec un Paris – Briançon.
Deux sociétés privées gèrent également un Paris-Venise (exploité par l’Italien Thello) et deux liaisons Paris-Moscou et Nice-Moscou sont assurées par la société russe SZD. Trop peu dans un pays qui a tout misé sur le développement de son réseau grande vitesse – en oubliant au passage Toulouse – et qui a abandonné ses trains de nuit et les « petites » lignes les moins rentables, pourtant essentielles au désenclavement de nos territoires.
Très mobilisée dans son combat en faveur du rail, la Région espère donc une relance et de vrais moyens. Ses principales demandes : « le maintien d’un service quotidien Paris – Rodez et Paris – Latour-de-Carol, la pérennisation du Paris – Cerbère (financé à 50 % par la Région), le retour des dessertes à Narbonne ». La collectivité souhaite aussi le rétablissement de Paris – Tarbes et d’un service Perpignan – Nord-Est de la France.
Autre élément indispensable, la modernisation du matériel roulant, jugé « ancien, très bruyant, au confort sommaire. » La Région cite en exemple l’Autriche qui a décidé de mettre le paquet sur les liaisons nocturnes avec du matériel neuf (voir ci-dessous).
Un investissement nécessaire d’1,5 milliard d’euros
Car pour reconquérir les voyageurs français, le train de nuit aura besoin de nouvelles dessertes, d’un service régulier, ponctuel et d’une offre qualitative (confort des wagons couchettes, mise en place de la wifi, etc.), sans oublier l’argument tarifaire. C’est à ces conditions que ce mode de transport pourra réellement concurrencer l’avion.
En attendant de connaître les intentions des pouvoirs publics, le ministre Jean-Baptiste Djebbari a d’ores et déjà évoqué la relance de deux lignes « d’ici 2 022 », qui seraient Paris-Nice et Paris-Tarbes. Un rapport est en préparation pour la fin de l’été.
Du côté des usagers, on applaudit l’annonce du chef de l’Etat mais on attend des actes et des financements. Le collectif « Oui au train de nuit ! » estime l’investissement nécessaire à 1,5 milliard d’euros d’ici 2 030 pour créer 15 nouvelles lignes nationales – avec 750 voitures neuves ou rénovées – et 15 nouvelles lignes européennes cofinancées par différents pays. Une question de volonté politique.
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