Le Lot ferait-il peur à la Dordogne et à la Corrèze?

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Après les opposants lotois, c’est au tour des départements voisins de s’insurger contre le projet de Cauvaldor. Mais la communauté de communes et le maire de Souillac n’entendent pas se laisser faire.

Le Lot  fait front face aux attaques formulées dans certains  départements voisins contre le projet de la Cité de la mode et des arts créatifs à Souillac, et notamment son village des marques.

Pour le maire de la ville, Jean-Michel Sanfourche, les initiatives médiatiques lancées par quelques collectivités frontalières dans les colonnes de notre confrère La Montagne, pour entraver ce dossier lotois sont inadmissibles.

C’est ce qu’il a fait savoir en début de mois à Frédéric Soulier, le maire de Brive-la-Gaillarde, dans une lettre qu’il vient de nous communiquer : « Il me semble opportun de rappeler le principe de libre administration des collectivités territoriales […] et leurs pouvoirs de décision qui garantissent leur indépendance les unes par rapport aux autres. Mais également, que le conseil d’Etat     a érigé le principe de libre administration de ces collectivités au rang de liberté fondamentale».

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Le maire de Souillac.
Le maire de Souillac

« Contre toutes demandes d’autorisation d’exploitation commerciale »

Une remarque qui vient aussi en réponse au courrier que ces opposants devaient adresser au préfet du Lot, Jérôme Filippini, dans lequel ils demandent de : «suspendre pendant trois ans toutes demandes d’autorisation d’exploitation commerciale relative à ce projet». Pour l’heure, le représentant de l’Etat dans le Lot nous  confirme qu’il  n’a encore rien reçu…

Un projet pour 2022-2023

Cauvaldor travaille depuis un an sur ce projet qui devrait se concrétiser en 2022-2023. Il prévoit un pôle shopping de tourisme avec un espace culturel, un centre d’affaires et un concept gastronomique, un centre international de jeunes créateurs d’art et un hôtel de luxe 5 étoiles, sans oublier un pôle de formation axé tourisme, gastronomie, luxe et mode. 30 marques de prestige, et 70 boutiques premium sont espérées dans ce concept qui totaliserait in fine une surface de 30ha.
La déclaration d’utilité publique de ce projet estimé à 130 millions d’euros a été validée par le conseil communautaire du Cauvaldor le 25 mars.

Sont opposées au projet les villes de Brive, Tulle, en Corrèze, Terrasson et Périgueux en Dordogne, ainsi que les instances consulaires et économiques des deux départements et les trois agglomérations qui mentionnent «une concurrence impactant un territoire fragilisé dans un rayon de 200km autour de Souillac».

Les réactions ne se sont pas fait attendre, certains Lotois évoquant «le manque de fair-play de nos voisins qui ne se sont jamais émus d’accueillir la clientèle lotoise dans leurs zones commerciales en expansion depuis des années».

Gilles Liébus, le président de Cauvaldor.
Gilles Liébus, le président de Cauvaldor.

Gilles Liébus, président de Cauvaldor, contre-attaque à son tour

«Ce n’est pas n’importe quelle cité des marques que nous souhaitons créer comme il en existe déjà en France, mais bien un projet innovant avec des produits du terroir, de la gastronomie et du shopping touristique de luxe en secteur rural et patrimonial», défend de son côté Gilles Liébus, président de la communauté de communes Cauvaldor, qui s’agace des attaques de ses voisins.
«Nous avons 80 échoppes fermées dans Souillac. Ce projet va participer à la revitalisation du centre ancien, en accueillant de jeunes créateurs d’art, etc. L’abbaye deviendra hôtel de luxe et nous sommes déjà en lien avec des investisseurs étrangers, des tour-opérateurs,etc.  Le grand chef français Thierry Marx est aussi à nos côtés. Il s’agit pour le Nord du Lot de capter une nouvelle clientèle, notamment asiatique qui ne vient pas dans nos territoires ruraux, leur préférant Paris, Bordeaux ou Marseille».
Il accuse de son côté «le projet en cours de zone commerciale à l’Ouest de Brive qui va finir de vider les commerces de Souillac»,  et va contre-attaquer en adressant un courrier ces prochains jours au ministre de la Cohésion des territoires : «Brive reçoit des aides de l’Etat pour réhabiliter son centre ancien, tout en menant une politique commerciale qui participe à la désertification de son centre-ville».
Cauvaldor n’entend rien lâcher : «Les premières études sont en cours et nous voulons finaliser ce dossier de la cité de la mode et des arts créatifs en 2021».
D’ici là, les missives entre les territoires feront couler beaucoup d’encre, c’est certain.

Un flux touristique supplémentaire sur la vallée de la Dordogne

Mais pour Jean-Michel Sanfourche, le débat est ailleurs «chacun étant libre de faire ses courses où bon lui semble, y compris dans le bassin briviste».

«Certains pourront qualifier ce projet souillagais d’ambitieux mais qui pourrait reprocher à des femmes et des hommes de se démener avec volonté et détermination pour soutenir farouchement leurs concitoyens, afin de leur offrir emplois, habitat durable et qualité de vie par l’intermédiaire de projets structurants et innovants», précise-t-il, considérant que cette cité de la mode va générer un flux touristique supplémentaire sur la vallée de la Dordogne. «Une attractivité qui selon lui rayonnera également sur les territoires environnants, dont Brive, et pour lequel le maire de Sarlat lui s’en félicite».

Le maire de Souillac se dit prêt à en discuter. En ce lundi, la rédaction a été dans l’impossibilité de joindre le maire de Brive avec lequel nous souhaitons échanger pour faire connaître sa position et ses arguments. Nos colonnes lui sont ouvertes.


La Montagne

Corrèze et Dordogne unies contre le projet de Village des Marques à Souillac (Lot)

Les élus et consulaires de la Corrèze et de la Dordogne font front commun contre le Village de marques, que Souillac (Lot) veut inclure dans son projet de revitalisation.

« On n’a jamais vu un chirurgien réveiller son patient à coup de poing. » Une expression comme une autre, servie par le vice-président de l’Office du commerce de Brive, Éric Lamy, pour illustrer le front commun lancé, hier, à la mairie de Brive.
« Une centaine de boutiques, c’est démesuré. »

Les villes de Brive, Tulle, Terrasson et Périgueux, les instances consulaires et économiques des deux territoires et trois agglomérations, sont ensemble contre le projet de Village de marques porté par les voisins lotois de Cauvaldor et Souillac (voir ci-dessous).

Une concurrence pour les centres-villes

Dans le projet global de revitalisation de Souillac, Frédéric Soulier, le maire de Brive, lance qu’« il peut y avoir des choses intéressantes pour le territoire ». Touchant au tourisme ou à la gastronomie par exemple. Mais « une centaine de boutiques aux portes de notre territoire, c’est démesuré » et ce serait « prédateur pour le commerce existant ».

L’opération Action coeur de ville, c’est parti !

S’appuyant sur les conventions d’Opération de Revitalisation de Territoire (opérations Cœur de ville portée par la loi ELAN), en cours dans les deux villes corréziennes (*), les partenaires du jour ont écrit au préfet du Lot pour lui demander de suspendre, pendant 3 ans, « toutes demandes d’autorisation d’exploitation commerciale rFelative à ce projet ».

Lui demander aussi, l’impact étant estimé dans un rayon de 200 km, d’être représentés « au sein de la CDAC qui sera chargée d’examiner le projet » et « y avoir une voix délibérante ».

En savoir plus sur le projet lotois

« On ne peut pas laisser un Village de marques générer une telle concurrence sur un territoire déjà tellement fragilisé, estime Françoise Cayre, la présidente de la CCI de la Corrèze. Ce projet a besoin d’être présenté dans les détails, de préciser quelle cible il vise. Mais aujourd’hui, il est impossible à défendre. »

Une question d’« équilibre » pour Dominique Bousquet, président de la Communauté de communes du Terrassonnais en Périgord noir Thenon Hautefort-Terrasson-Lavilledieu, « pour un aménagement intelligent et global du territoire. »

(*) En Dordogne, c’est une Opération Commune en Milieu Rural qui est en cours.

Cauvaldor se défend

« Le Village de marques, s’il était traditionnel, on n’aurait pas trouvé d’investisseurs. Parce qu’il n’y aurait pas de chalandise assez forte, même sur Brive. »

Pour Gilles Liébus, le président de Cauvaldor, la Com’com’Causses et Vallée de la Dordogne, à Souillac, ni la Corrèze ni la Dordogne n’ont à craindre d’un projet qui se veut avant tout touristique. « Pour gagner une clientèle étrangère, nous devons monter en catégorie en proposant une autre offre. »

« Rapprocher des spécialités du luxe »

Pas question donc d’envisager des boutiques par dizaines comme dans un centre commercial géant. « L’idée, c’est de rapprocher des spécialités du luxe », précise Gilles Liébus. Des vêtements certes, mais aussi de la gastronomie?; un « centre de jeunes créateurs internationaux et une université du goût », portée par le chef Thierry Marx « qui mettrait notre territoire en avant et nos remarquables produits, en lien avec nos agriculteurs. »

Se mettre autour de la table et discuter

« Le but de notre projet, c’est de faire le commerce de demain sur notre territoire. » « Pour nos voisins, reprend-il, ce ne serait pas une concurrence au contraire. Une stimulation, qui va apporter beaucoup plus, et une possibilité de développement pour l’aéroport de Brive. Nous sommes complémentaires les uns les autres. »

Il conclut : « Trois ans de suspension? C’est vouloir faire mourir Souillac. Ou alors il faut demander au préfet de la Corrèze de tout bloquer aussi. On ne peut pas demander à des territoires de ne rien faire et à d’autres de continuer à se développer. Nous sommes dans le bassin de vie de Brive. Il y a intérêt à ce que le territoire n’ait pas de talon d’Achille. Mettons-nous autour de la table pour discuter et essayons de travailler intelligemment. »

Blandine Hutin-Mercier La Montagne

Souillac. Un territoire dans les starting blocks

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Souillac: Mise au point du maire sur le projet de revitalisation


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