Le Ramadan à Cahors
Mercredi 15 mai, Mohammed, Madani et Abdellah ont commencé à préparer un dîner dès 14 heures à la mosquée de Cahors. Aziz Azagagh, président de l’association des musulmans de Cahors, annonce que « ce repas est servi aux personnes seules qui souhaitent partager ce moment ». Et pas n’importe lequel moment : un dîner en plein mois de ramadan.
Il ne devra pas être mangé avant 21 h 19 selon le calendrier établi pour ce mois de jeûne, un des cinq piliers de l’islam, fixé cette année du 5 mai au 4 juin. En réalité, le ramadan est bien plus que cela aux yeux des musulmans de Cahors que nous avons rencontrés.
Une sieste matinale avant d’aller au travail
Attablé pour le dîner servi à la mosquée, Mohamed Ahardane, 57 ans, est père de quatre enfants. Il travaille dans le bâtiment, actuellement sur le chantier du cinéma multiplex de Cahors.
« Je me suis levé à 4 heures ce matin » dit-il.
Au programme de ce réveil précoce : un repas à prendre avant le lever du soleil prévu à 4 h 47, la première des cinq prières quotidiennes à effectuer, suivie d’une absolution à l’eau. « Puis je me lève à 7 heures après avoir fait une sieste d’une heure et demie », dit-il, sur le ton qui reflète l’habitude sur ce qu’il surnomme « un congé du corps ». Une fois arrivé au travail, Mohamed retrouve « une dizaine » de collègues qui font le ramadan comme lui. Ils se soutiennent mutuellement lorsque les autres s’en vont… pour manger.
Par cette restriction alimentaire, les musulmans peuvent « penser aux gens qui n’ont pas à manger », argumente son voisin de table, Amar Merghach. L’exemplarité du comportement est de mise chez le pratiquant. « On évite de se disputer », cite par exemple Aitoba Khadija. Pour Sara Ahardane, 22 ans, « le sommeil est plus compliqué à gérer pendant le ramadan ». Elle retourne avec les autres femmes, rassemblées à part des hommes au rez-de-chaussée de la mosquée. La prière se terminera vers minuit.
La fraternité transmise aux jeunes
Environ 300 musulmans se présentent aux prêches du vendredi selon l’imam de Cahors, Mohamed El Bahlouli. Mercredi 15 mai, vers 22 heures, son confrère marocain Mustapha Kadi a prononcé un discours à la jeunesse, sur l’importance de la fraternité et du partage en citant des paroles rapportées du prophète Mahomet. Docteur en traumatologie à l’hôpital de Cahors, Yassine El Gouhmi assiste à ce prêche. Il juge que les soirs de ramadan, après avoir bien mangé, permettent d’aller plus loin dans la prière « taraouihe », en essayant de parcourir tout le Coran.
Dans une autre vie, avant ma retraite, j’aimais bien la fin du ramadan au collège, car c’était l’occasion pour mes jeunes élèves de me faire goûter les bonnes friandises confectionnées par les mamans; j’ai toujours un plat marocain offert garni à cette occasion.