Les AESH du Lot ne veulent plus être « les travailleurs pauvres » de l’Education nationale
.À l’occasion de la journée de mobilisation des AESH qui s’est tenue jeudi 3 juin, un groupe de manifestants s’est rassemblé à Cahors. Ils dénoncent les trop basses rémunérations de la profession et la dégradation de leurs conditions de travail avec la mise en place de pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL).
« Nous sommes des employés de l’Education nationale payés en dessous du seuil de pauvreté ». Comme Ounissa Debaa, accompagnante de d’élèves en situation de handicap (AESH), près de trente personnes étaient réunies ce jeudi 4 juin place Mitterrand à Cahors, à l’occasion de la journée de mobilisation nationale, pour réclamer une meilleure considération de la profession.
Ce qui passerait, notamment, par une augmentation de salaire. « Une AESH gagne en moyenne 760€ par mois. Car traditionnellement, elles travaillent 24 heures par semaine », détaille Ounissa Debaa, adhérente à Sud Education 46. Cette durée de travail correspond à une semaine de cours pour un élève. « Mais même en travaillant 35heures, on atteint que les 950 € par mois. C’est inférieur au seuil de pauvreté établi à 1041 euros par mois », insiste cette AESH lotoise.
Dégradation des conditions d’accompagnement des élèves handicapés
Afin de soutenir les revendications de leurs collègues d’autres professionnels de l’Education nationale ont fait le déplacement ce jeudi. « Les AESH sont des travailleurs pauvres », renchérit Benoît Dubals du Snuipp-FSU. Dans le cadre de la commission départementale de l’action sociale qui alloue des aides, je constate que la majorité des demandes viennent d’AESH ». Si ces assistantes, au service des élèves handicapés, ne sont pas en couple, et en plus vivent avec des enfants « c’est très difficile », insiste Benoît Dubals.
S’ajoute à la précarité financière, une crainte de la dégradation de la profession. « Le territoire va être organisé en pôles inclusifs d’accompagnement spécialisés (PIAL), explique Pélagie Mirand, du Snuipp-FSU. Cela veut dire que désormais les AESH ne vont pas être attachées à une école, mais à un territoire. Elles vont donc devoir se déplacer et suivre davantage d’enfants en travaillant le même nombre d’heures qu’avant ». Pour Ounissa Debaa, cela correspond à une régression par rapport à l’organisation précédente: « Dans ces conditions, l’accompagnement des enfants perd en qualité. Ce n’est pas pareil de suivre deux enfants et d’en suivre cinq. Avec cette réforme, on nie l’expertise des AESH et le soin qu’elles apportent aux enfants ».
Présente lors de la manifestation Marie Piqué, élue au conseil régional en charge des solidarités, en campagne pour sa réélection, n’a fait qu’appuyer les propos précédemment tenus: « C’est une loi contre laquelle je me suis battue. Elle met en difficultés les enfants et les familles ».
À Luzech, on réclame des remplaçants
Le collège de Luzech compte à l’année huit AESH. Cependant, après deux arrêts maladie, l’un en septembre 2020, l’autre en janvier 2021, six employées sont contraints de gérer seules les absences. « Nous nous sommes réunies pour donner des heures aux enfants qui se retrouvaient sans assistantes », déclarent de concert ces AESH de Luzech. « Nous l’avons fait de notre propre initiative, car autrement rien ne leur était proposé ». Pour elles, la situation ne peut pas durer: « Nous réclamons des remplaçants. Au-dessus de deux élèves par classe à aider, nous ne pouvons plus bien faire notre travail ».
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