Les agriculteurs en colère à Cahors et à Figeac. Les problèmes de l’agriculture.

agriculteurs 2016Comme partout en France, le monde agricole est en colère dans le Lot. Lundi soir, à l’appel des Jeunes agriculteurs et de la FDSEA (Fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles), deux manifestations symboliques ont mobilisé une centaine de manifestants à Figeac et à Cahors. Dans la préfecture du Lot d’abord à partir de 20 h 30, 80 jeunes agriculteurs se sont retrouvés sur les quais Cavaignac devant la direction départementale des territoires. Ils ont bâché les locaux avant d’aller d’installer une pierre tombale et de déverser du foin devant la préfecture rue des Carmes. L’objectif était clair pour les responsables syndicaux : montrer que les agriculteurs sont sur la paille et n’arrivent plus à vivre de leur travail. «Cette action s’inscrit dans le cadre des manifestations régionales de ces derniers jours et dans la continuité du mouvement qui a lieu depuis un an, explique Lionel Fouché, président des Jeunes agriculteurs du Lot. Mais comme on n’a toujours rien obtenu, mis à part des pansements du gouvernement, on continue. Nous, ce qu’on veut, ce sont des prix rémunérateurs». Pendant la manifestation, une délégation a été reçue à la préfecture.

Pendant ce temps, à l’autre bout du département, la FDSEA avait choisi de frapper fort et de lancer un avis de recherche «Où est passé le député Launay ?». A 21 h 15, rendez-vous était donné devant sa permanence parlementaire située place Edmond Michelet pour un bâchage en bon et due forme. «Face à une crise agricole profonde qui dure depuis des mois, quelles sont les initiatives du député ? A en juger par l’absence totale de contact, FDSEA et JA dénoncent l’immobilisme de leur parlementaire» insiste Alain Lafragette, président de la FDSEA du Lot. D’autres actions seraient d’ores et déjà envisagées.

La Dépêche

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En perte de vitesse depuis plus de 30 ans, l’agriculture française connaît ces derniers mois une période particulièrement difficile avec des revenus catastrophiques dans presque toutes les filières, à l’exception du lait et du vin.

Une part dans le PIB qui ne cesse de diminuer

La part de l’agriculture et des industries alimentaires dans l’activité économique française a chuté de plus de moitié depuis 1980, essentiellement à cause de la baisse des prix des produits agricoles depuis 25 ans.

Ainsi, selon les dernières données disponibles, l’agriculture et l’agroalimentaire ne pesaient en 2013 que 3,6% du produit intérieur brut (PIB), contre plus de 6% en 1980.

Et le secteur représentait 5,6% des emplois, avec 1,44 million de salariés et non-salariés travaillant dans l’agriculture, la pêche et l’agroalimentaire.

Des « fermes » plus grandes et moins nombreuses

Depuis 30 ans, la tendance est toujours la même: les petites exploitations ont tendance à disparaître au profit de structures moins nombreuses mais plus grandes.

La France a perdu plus de la moitié de ses exploitations en 25 ans. Ainsi, selon le dernier recensement en date de 2010, il y a 490.000 « fermes » dans l’Hexagone alors qu’il y en avait encore plus d’un million à la fin des années 80, et 664.000 en 2000.

Dans la foulée, la superficie moyenne des exploitations s’est accrue de 13 hectares en 10 ans, pour atteindre 56 hectares en moyenne.

Le paysage agricole reste néanmoins morcelé avec 20% de très grandes exploitations (au moins 100 hectares) et 30% de très petites (moins de 10 hectares).

Des revenus en berne en 2014

En 2014, les revenus des agriculteurs devraient reculer de 5%, à 24.400 euros, selon les premières prévisions.

Les éleveurs sont toujours aussi mal lotis. Par exemple les éleveurs bovins ont vu leurs revenus chuter de plus de 20% à 14.500 euros par an.

Mais cette année, deux filières rejoignent les éleveurs dans le rang des agriculteurs les plus mal payés. D’abord les arboriculteurs qui affichent des revenus annuels en chute de plus de 55% à 13.400 euros. En cause, une production de pêches et d’abricots abondante et des prix en baisse, la concurrence espagnole tirant les cours vers le bas.

Mais surtout ce sont les céréaliers, jusqu’à présent considérés comme les nantis du monde agricole, qui subissent de plein fouet la chute des cours des céréales. Ils devraient enregistrer pour 2014 une perte de revenus d’environ 40% à 11.500 euros annuels.

Dans ce sombre tableau, seuls les viticulteurs et les éleveurs laitiers tirent leur épingle du jeu.

A la peine sur le marché mondial

L’Hexagone reste la première puissance agricole en Europe, même si sa part en valeur (18%) dans la production agricole de l’Union européenne (UE) a diminué depuis 2000, notamment en raison de l’arrivée de la Roumanie et la Pologne au sein des 28.

A 75 milliards d’euros en 2013, la production agricole française devance de loin celles de l’Allemagne (53 milliards), de l’Italie (50 milliards) et de l’Espagne (44 milliards).

Néanmoins, la France ne cesse de perdre des parts de marché dans le commerce alimentaire mondial. En quelques années, elle est passée de la place de 2e exportateur agroalimentaire, au 5e rang, derrière les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Brésil. Elle est championne dans l’exportation de blé, d’alcool (vin + spiritueux) et des semences, mais beaucoup reste à faire dans la viande ou les fruits et légumes.

En 2014, l’excédent commercial des filières agricoles et agroalimentaire a même reculé de 2 milliards à 9,2 milliards.

(Avec AFP)  Challenge

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