Les agriculteurs lotois inquiets pour l’avenir
Entre hausse des charges, sécheresse et canicule, les agriculteurs du Lot sont très inquiets pour leur avenir et montent un dossier de calamité agricole pour passer le cap.
C’est un cri d’alarme que poussent les agriculteurs du Lot par l’intermédiaire de la FDSEA et de la Chambre d’Agriculture. « C’est une année exceptionnelle à tous points de vue », explique Alain Lafragette, président de la FDSEA du Lot.
« L’hiver a été plutôt sec, le printemps aussi dans un premier temps. Et il y a eu un 1er effet de chaleur dès la mi-mai, puis depuis fin juin et jusqu’à mi-août. Et malgré quelques pluies éparses, parfois 5 mm, parfois 40 mm mais avec une moyenne de 20-25 mm en deux épisodes, cette sécheresse a des effets sur l’activité agricole, que ce soit dans l’élevage comme les cultures ou l’arboriculture » Alain Lafragette Président de la FDSEA du Lot
À lire aussi
Les conséquences de la canicule
Et ce manque d’eau se conjugue avec un effet canicule qui a deux conséquences : la première sur les récoltes en général (y compris de fourrage pour les éleveurs) et la 2e sur les plantes qui se mettent en stress et donc ne fécondent pas (les épis de maïs à semence ne contiennent que très peu de grains par exemple).
Les rendements en seront d’autant diminués et les plantes auront de plus faibles valeurs nutritionnelles, et en plus les éleveurs n’auront pas de stock suffisant pour nourrir leurs bêtes durant l’hiver.
Les rendements sont en nette diminution : -20 % pour la 1er coupe d’herbe et -30 % ou plus pour la 2e coupe, – 30 % pour les récoltes de céréales à paille, des pâturages à sec avec des agriculteurs qui commencent à nourrir avec leur fourrage…
Et les cultures l’année prochaine s’annoncent du coup difficiles avec les plantes mal ensemencées, ou des besoins de ressemer les prairies pour celles qui ne repartiront pas, avec des conséquences à long terme pour les exploitants agricoles.
À ces difficultés engendrées par la météo s’ajoutent celles de la crise économique et de l’inflation notamment la hausse du prix des engrais et des carburants.
Dossier de calamité agricole
La FDSEA va donc monter un dossier de calamité agricole pour obtenir des subventions afin d’accompagner les agriculteurs dans cette crise.
Ils demandent également à ce que les prix, notamment du lait, soient un peu augmentés pour rémunérer à leur juste valeur les éleveurs. « Une hausse du prix du litre de lait, de 78 centimes le litre en magasin à 1 €, permettrait aux agriculteurs de passer le cap, souligne Alain Lafragette. D’autant que cela n’est estimé qu’à 15 € par an pour un ménage. On ne ferait ainsi que suivre l’inflation car les prix n’ont pas augmenté jusqu’à présent ».
Si aucun soutient n’est apporté pour les agriculteurs lotois, le risque est une décapitalisation.
« Entre décapitalisation, engrais plus cher, fioul plus cher, la trésorerie ne sera pas là pour relancer la production, s’inquiète Christophe Canal, président de la Chambre d’Agriculture du Lot. Et l’élevage est un secteur sensible, en 10 ans, on a perdu 20 % de la production départementale, et ce sera dur pour toute la filière, abattoirs, etc. ».
Les enjeux du stockage de l’eau dans le Lot pour les agriculteurs sont aussi plus que jamais remis à l’ordre du jour pour permettre à l’agriculture de survivre, sans oublier les intérêts pour la lutte contre les incendies. En effet, ces stocks sont également utilisés par les pompiers en cas d’incendies, et les agriculteurs sont souvent les premiers à leur prêter main-forte en cas de sinistre comme lors du feu à Martel début août.
Enfin, cette situation inquiète aussi pour les nouvelles installations agricoles plus fragiles et les jeunes agriculteurs qui peinent à s’installer.
Dans les jours qui viennent, ce dossier de calamité agricole sera donc monté, soutenu par la Chambre d’Agriculture puis passera en commission nationale dans les prochaines semaines.
Aubrac. Sécheresse. Des éleveurs contraints de se séparer de leurs bêtes, faute de pouvoir les nourrir correctement
Avec la sécheresse, les pâturages de l’Aubrac ont été décimés, et les éleveurs contraints de puiser dans les réserves pour nourrir correctement leurs bêtes. Résultat : face au surcoût, les ventes de bétail augmentent. Exemple dans l’Aveyron.
Le fait que les éleveurs et agriculteurs soient de plus en plus nombreux à sacrifier une partie de leur bétail ne sera pas sans conséquence sur les prix. Surtout si les animaux sont plus légers.
Commentaires les plus récents