Les Arques : ces démissions qui posent question

Dans la charmante petite commune des Arques qui compte 200 habitants, ce ne sont rien moins que cinq démissions qui se sont produites ces derniers mois au sein d’un conseil municipal qui avec le maire comprend onze membres. Cette situation de crise a rendu de nouvelles élections partielles obligatoires. Mais on peut se demander pourquoi ces personnes motivées ont jeté l’éponge ?

Jérôme Bonafous, maire du village et candidat aux prochaines élections sénatoriales nous a d’abord livré son analyse de la situation :
– Je subis comme d’autres maires du département ces démissions en cascade et j’ai découvert en parlant avec la préfète que c’est malheureusement assez courant en ce moment. Je reconnais volontiers que j’ai une part de responsabilité dans ce qui s’est passé car certains conseillers que j’ai sollicités m’apparaissent aujourd’hui comme des erreurs de casting. Quand vous avez déjà effectué un mandat il faut aller chercher des nouveaux conseillers. Sur ceux qui ont démissionné je m’étais mal renseigné. Peut-être que ces personnes n’étaient pas faites pour être conseillers. Heureusement j’ai trouvé de nouveaux candidats pour ces élections partielles car l’avenir de la commune passe avant tout. Ces personnes m’ont garanti qu’elles ne me lâcheraient pas.

Le blues du conseiller municipal

Les témoignages des conseillers démissionnaires de cette commune apportent un tout autre son de cloche. Certains n’hésitent pas à parler d’un climat de haine, de pressions. Dans ces conditions, comment ne pas douter de l’utilité de son rôle lorsque membre d’une équipe municipale on se retrouve systématiquement désavoué, rejeté avec agacement ou colère ? Les cinq membres démissionnaires ont disparu du site internet de la commune qui n’affiche plus aucun compte rendu du conseil municipal depuis 2022. Mais motivés et désireux d’agir malgré tout pour leur commune et d’informer la population, certains habitants ont créé l’association Bien vivre aux Arques.

Être maire, une fonction de plus en plus exigeante

Être maire demande beaucoup de qualités humaines et des compétences : il faut être capable de se remettre en question, de communiquer, d’informer, d’associer et de consulter la population. Dans la gestion d’une équipe municipale il faut savoir déléguer les missions, accepter le débat contradictoire, respecter la liberté d’expression, bref se conduire en animateur. Autant de vertus qui ne sont pas innées, autant de compétences qui peuvent s’acquérir au sein des formations que l’Association des Maires de France propose aux élus. Comme l’explique un ancien conseiller municipal :
– Les conseillers doivent oser apporter un avis contraire et ne pas avoir peur du débat et de la controverse. Le désaccord parfois est utile. Pour moi l’information est à la base de toute vie sociale et je crois que quand on informe régulièrement de tout, sans manipulation, les gens s’emparent de cette information et retrouvent un intérêt sain à la vie sociale. Sur les dix conseillers du premier mandat, sept n’ont pas renouvelé leur engagement. Et pour le second mandat nous en sommes à cinq démissions en trois ans et à la quatrième secrétaire de mairie. Nous avons un devoir moral, celui de se demander ce qu’on peut faire et celui d’informer la population.
Dès 1962, Pierre Mendès France écrivait : La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus, puis à se désintéresser, s’abstenir, se taire. Elle est l’action continuelle du citoyen.
Alors que l’autoritarisme progresse partout, que l’époque renoue avec la vieille fascination pour les hommes forts, faire le pari de dépasser la crise de la démocratie par plus de démocratie à tous les étages peut sembler audacieux. C’est pourtant la seule voie possible pour rendre la cité à ses uniques propriétaires : les citoyens. Et aucun élu ne devrait pouvoir faire l’économie d’un minimum d’introspection sur son rapport au pouvoir. La gestion participative n’est pas une utopie. Certains élus y sont parvenus comme Jo Spiegel dans son village de Kingersheim en Alsace comme il le raconte avec humour dans son livre : Nous avons décidé de décider ensemble (Éditions de l’Atelier)

De nouvelles élections prévues en octobre

Lorsque plus d’un tiers d’un conseil municipal démissionne comme c’est le cas aux Arques, la loi française impose que soient organisées des élections partielles.
Comme le précise un arrêté préfectoral affiché devant la mairie du village, les électeurs de la commune sont convoqués le dimanche 1er octobre 2023 afin d’élire cinq nouveaux conseillers municipaux.
S’il y a lieu de procéder à un second tour de scrutin, l’assemblée électorale sera convoquée le dimanche 8 octobre dans les mêmes conditions. Le délai de dépôt des candidatures à cette élection municipale partielle est fixé pour le premier tour au mercredi 13 et au jeudi 14 septembre 2023 de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h et pour le second tour au mardi 3 octobre de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Les déclarations de candidature seront reçues à la sous-préfecture de l’arrondissement de Gourdon, 62 boulevard Aristide Briand à Gourdon.
La campagne électorale sera ouverte pour le premier tour le lundi 18 septembre 2023 et prendra fin le samedi 30 septembre à zéro heure.
Ce scrutin permettra le fonctionnement légal du conseil municipal des Arques mais suffira-t-il à rétablir la concorde et le dialogue au sein de ce magnifique village ? On ne peut que le souhaiter. Car en ces temps troublés nous avons tous besoin de bienveillance et de communautés où les gens se parlent et se respectent.