Les éoliennes de Sousceyrac fourniraient 12.500 foyers en énergie

éoliennesLe parc éolien s’étendra sur la commune lotoise de Sousceyrac et sur celle de Saint-Saury, dans le Cantal. Les premières éoliennes du Lot devraient être inaugurées en octobre, pour une mise en service en juin 2017.

 Le chantier du parc éolien de la Luzette est passé à la vitesse supérieure. Deux mâts d’éoliennes ont été dressés, les cinq restants devraient l’être dans les jours qui viennent. Thierry Haas, chef de projet chez le développeur éolien Valorem, annonce une inauguration pour le mois d’octobre et une mise en service en juin 2017. Des échéances retardées pour ce projet dont la genèse remonte à 2007.

Qui profitera de cette énergie propre ?

La production du parc éolien de la Luzette devrait correspondre à la consommation en électricité de 12 500 foyers, soit l’équivalent de la population des cantons de Saint-Saury, Sousceyrac et Latronquière.

Mais cette électricité sera-t-elle utilisée par ces habitants ? Selon Thierry Haas, il est très probable que les populations alentours profitent directement de cette énergie propre. «Une fois que l’électricité est sur le réseau, on a coutume de dire que les électrons sont fainéants car ils vont au plus près» explique-t-il.

Le projet éolien de la Luzette a été porté par la société bordelaise Valorem dès 2007. Deux ans plus tard, la coopérative des Fermes de Figeac (ex-Sicaseli) propose au développeur éolien une participation locale dans le financement du projet, afin de conserver une plus-value sur le territoire.

En 2014, un pacte entre Valorem et la SAS Ségala ENR, une holding créée par les Fermes de Figeac cette même année, vient sceller un accord de cogérance de La Luzette Énergies, une filiale de Valorem qui exploite le parc éolien. En avril 2015, Laurent Causse, président de la SAS Ségala ENR, devient, avec le président du groupe Valorem Jean-Yves Grandidier, cogérant de La Luzette Énergies. «Le territoire peut ainsi peser dans les décisions concernant les éoliennes à la Luzette. Par exemple, nous sommes consultés pour toute action dépassant les 50 000 euros. Nous sommes acteurs de la gestion du site» affirme Laurent Causse.

Recours au financement participatif

La contribution citoyenne actée, Valorem a alors délégué la collecte des investissements locaux aux Fermes de Figeac, qui, via la SAS Ségala ENR, a réuni 2,3 millions d’euros en l’espace de trois mois. «Nous avons été obligés de réduire ce montant à 1,4 million d’euros, car nous avions convenu avec Valorem d’une participation à 40 % sur fonds propres» détaille Laurent Causse. La participation locale implique également la coopérative elle-même et sa filiale Ségala Agri Énergie Solaire. «173 investisseurs locaux sont intervenus pour un apport moyen de 8 000 euros. Leurs motivations étaient de prendre part à un projet local et de contribuer au développement des énergies renouvelables» ajoute M.Causse.

Pour Benoît Praderie, président de la fédération Planète éolienne, tout cela a été possible grâce à la loi sur le financement participatif promulguée en 2014. «Le monopole des banques en matière d’investissements a été cassé. Il faut généraliser ce système, rendre une richesse locale aux gens du territoire, promouvoir les énergies décentralisées» dit-il.

Valorem a accepté cette participation à son projet, mais jusqu’à une certaine hauteur. «Nous avions besoin d’un catalyseur local et nous avions envie de développer l’investissement participatif. Mais notre groupe a vocation à construire et exploiter ses parcs éoliens. Donc nous voulions rester majoritaires car c’est nous qui prenons les risques. Ce genre de projet est périlleux jusqu’à l’obtention de toutes les autorisations» estime Thierry Haas.


Un chantier titanesque

Le parc se compose de 7 éoliennes Vestas 110 d’une hauteur de 150 mètres, de 110 mètres de diamètre et 21 pales de 55 mètres chacune, pour un coût total de 28,5 millions d’euros. Les pales des éoliennes seront acheminées par la route depuis le port de La Rochelle et non par le train, comme il en avait été question. Leur montage est prévu début juin. Une fois opérationnelles, les éoliennes seront raccordées au réseau grâce à 13 km de ligne électrique souterraine.

La puissance totale du parc est de 14 MW soit 7 éoliennes de 2 MW, pour une production annuelle de 31 Gwh avec un vent moyen de 6,4 m/s (23 km/h). Des chiffres qui n’ont pas toujours été ceux-ci. «En 2010, nous pensions équiper le parc d’éoliennes de 2,5 MW pour arriver à 17 MW de puissance totale. Mais nous nous sommes rendu compte que la production serait maximisée avec des modèles de 2 MW» explique Thierry Haas de Valorem.


Le vent de la discorde

Dans un document visible sur son site Web, l’APPGE expose qu’à Comiac, à 20 km seulement du parc éolien, la vitesse du vent est inférieure à celle mesurée à la Luzette. «Il n’y a pas beaucoup de vent à Sousceyrac. On va miter le paysage pour un rendement énergétique dérisoire» déclare Françoise Grellier, présidente de l’association voisine Vent du Haut Ségala.

Thierry Haas assure que les mesures de vent ont été expertisées par un bureau d’études indépendant, Éoletec. À la Luzette, le vent moyen a été estimé à 23 km/h, soit une vitesse économiquement viable selon la classification en vigueur. «Un tel projet ne peut pas être remis en cause. Certes, lorsqu’on va à 20 km à l’ouest de Sousceyrac, le vent diminue car l’altitude baisse. Nous sommes ici sur les points les plus élevés du Lot, à 750 mètres d’altitude. C’est un espace qui prête vraiment à l’éolien» assure Thierry Haas.