Les frelons déciment les colonies d’abeilles
Depuis deux semaines, les agriculteurs du Quercy Blanc font face à une invasion de frelons asiatiques. Les pièges installés ne suffisent plus : les abeilles disparaissent petit à petit. Les producteurs sont inquiets pour la pollinisation.
Dès qu’il lève la tête au-dessus de ses ruches : un frelon. Puis deux, puis trois. Toute la journée, ça n’arrête pas. À Castelnau-Montratier, Sylvain Longueville est désemparé. Le producteur de fruits, de légumes et de céréales a installé des ruches au pied de ses cultures pour favoriser la pollinisation. Oui mais voilà. Chaque été, le frelon asiatique revient et, sans pitié, décime ses colonies d’abeilles. « Il est attiré par les fruits, les abeilles et le miel », constate-t-il les bras ballants, impuissant. Les abeilles se font dévorer petit à petit.
À la fin de l’été, l’agriculteur en est sûr : « Il risque de m’échapper une ruche ». Alors, il a installé des pièges autour de chacune de ses trois ruches il y a deux semaines, au début de l’invasion. Un système qui limite la casse. Il montre du doigt : « Celui-ci, je l’ai changé il y a deux jours, il sera déjà bientôt plein ». À l’intérieur du réservoir en plastique où il a disposé son « mélange » — du vin blanc, du sirop de cassis et de la bière — au moins une trentaine de frelons sont pris au piège. Il assure en récupérer une centaine par piège, une fois par semaine.
Malgré la canicule, enfermés de peur d’être piqués
Sylvain Longueville le sait, moins d’abeilles, c’est le risque d’une pollinisation moins bien réussie. Et lui ne veut pas prendre le risque pour ses deux hectares de pruniers et ses quatre hectares de vignes qui le font vivre. « Le frelon est arrivé avec un mois d’avance cet été, avant le 15 août, c’est du jamais vu », lâche André Serin, agriculteur et président de l’association Groupement d’agriculteurs biologiques du Quercy. Lui est remonté comme un coucou. « 100 euros la ruche vide, 150 euros minimum d’intervention pour faire enlever un nid, c’est de l’investissement pour rien », peste-t-il. Il avait une cinquantaine de ruches quand il a commencé il y a trente ans. Il n’en a plus que dix aujourd’hui.
À la menace pour les productions agricoles, s’ajoutent les piqûres qui peuvent être dangereuses. « Je me suis déjà fait piquer dix fois cet été », souffle-t-il. Alors oui comme beaucoup d’agriculteurs du Quercy, le frelon asiatique, il en a ras le bol. Et ils ne sont pas les seuls. Les riverains aussi en ont assez. Près de Saint-Amans, dans le Tarn-et-Garonne, un couple de retraités vit depuis plusieurs semaines avec deux nids de frelons asiatiques. « Quand la nuit tombe, ils s’enferment à l’intérieur car les frelons attirés par la lumière ont tendance à rentrer. Ces derniers jours, avec la canicule, ils ont quand même laissé les volets fermés le soir et la nuit, de peur d’être piqués, c’était infernal à cause de la chaleur », raconte-t-il. Le couple de retraités, Sylvain Longueville et André Serin n’ont plus qu’à prendre leur mal en patience en attendant la fin de l’été.
M2i déclare la guerre
L’entreprise de Parnac M2i Biocontrol spécialiste des phéromones cherche un « attractant » sexuel pour ce prédateur qui, disposé au bon endroit à la bonne période, permettrait de capturer les reines, avant qu’elles constituent leurs colonies.
Les équipes de Parnac sont également en train d’élaborer un neurotoxique biologique qui, propulsé à l’intérieur des nids de frelons grâce à une bille de paintball, pourrait détruire l’ensemble de l’essaim.
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