Les oiseaux et le réchauffement climatique dans le Lot
Hausse des températures, du niveau de la mer, recul et fonte des glaciers… le réchauffement climatique a de nombreux impacts sur l’environnement. Les oiseaux lotois commencent à en subir les effets, et pas forcément pour le meilleur.
Les trois volets du rapport du GIEC, dont le dernier est sorti en avril, alarment la population sur l’urgence à agir face au réchauffement climatique. Les conséquences sur l’environnement s’énumèrent en nombre. Aux quatre vents, les oiseaux n’y échappent pas.
À la LPO Occitanie, délégation du Lot, quelques phénomènes commencent à être observés. Même si Nathan Trouverie, chargé d’études environnement, prévient : ces changements sont liés au réchauffement climatique, certes, mais pas que. D’autres facteurs peuvent parfois rentrer en compte, comme la disparition des habitats (notamment avec la mécanisation de l’agriculture, l’utilisation de produits phytosanitaires, la disparition des haies…).
Des flux migratoires perturbés
Les plus gros bouleversements dans la vie des oiseaux dus au changement climatique concernent l’altération des flux migratoires. La plupart des oiseaux passent, traditionnellement, l’hiver en Afrique et reviennent en Europe pour le printemps. Mais les hivers devenant de plus en plus doux ici, certaines espèces ne trouvent plus l’utilité de migrer, un voyage souvent long et périlleux (il faut, par exemple, braver les tempêtes de sable du Sahara).
C’est le cas de la huppe fasciée. Ce petit oiseau, au chant strident reconnaissable, est encore dans un entre-deux. Certains individus continuent de migrer, et ne reviennent dans le Lot qu’entre mars et août, le trajet habituel. Mais d’autres deviennent sédentaires dans le département. Si les hivers lotois continuent de s’adoucir, l’ensemble de la population de huppe fasciée risque de rester dans le coin, et ce pour de bon.
Le pari de migrer, ou non, reste propre à chaque individu. Des risques existent pour les deux solutions : les dangers encourus lors d’une migration peuvent tuer certains oiseaux. Et a contrario si l’hiver se rafraîchit, ce sont les sédentaires qui risquent de périr, n’étant pas habitués à ce genre de températures. « Cela ne met, pour le moment, pas en danger la survie de l’espèce », optimise Nathan Trouverie, puisqu’elle se scinde en deux.
De plus, entre les oiseaux sédentaires depuis longtemps et les nouveaux venus, une compétition pour la nourriture pourrait se créer. Surtout en hiver lorsque les ressources sont rares.
Des difficultés pour se nourrir
Trouver de la nourriture peut devenir une tâche compliquée. Tout d’abord, les oiseaux migrateurs arrivent deux jours plus tôt tous les 10 ans. Avec le réchauffement climatique, le printemps avance, lui, de sept jours sur la même période. « Cela va inévitablement créer un décalage, observe Nathan Trouverie. Les oiseaux essayent de s’adapter, mais ils ne migrent plus à la période optimale pour nicher et nourrir les oisillons. Cela peut entraîner une forte baisse de population. »
Un autre danger : les épisodes extrêmes (tels que la sécheresse ou le gel) qui surviennent à des périodes d’ordinaire tempérées. « Les oiseaux vont, encore une fois, avoir des difficultés pour alimenter les poussins », explique le chercheur. Et qui dit mauvaise reproduction, dit baisse de population et donc risque de l’extinction de toute une espèce.
L’arrivée de nouvelles espèces
Avec le réchauffement des températures, le département voit arriver de nouvelles espèces, qui jusque-là vivaient dans des pays bien plus chauds. C’est le cas de l’élanion blanc, un petit rapace. Ces oiseaux se trouvaient principalement en Afrique mais, depuis quelques années, ils sont remontés vers l’Europe. On les retrouve maintenant dans le Quercy blanc. Ils cohabitent, pour le moment, très bien avec l’emblématique faucon crécerelle.
D’une manière globale, les espèces généralistes, qui s’adaptent très vite à un changement d’environnement, n’auront que peu de soucis. Dans le Lot, c’est le cas de la pie. Un constat un peu différent chez les espèces spécialistes, qui ne peuvent vivre que dans un seul environnement. Comme le bruant ortolan qu’on retrouve beaucoup dans le département. Ce petit oiseau vit dans des zones parsemées d’arbres, comme des pairies ou clairières, et pas ailleurs.
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Aider à préserver la faune
La LPO Occitanie, délégation du Lot, s’engage pour l’environnement et notamment auprès de différentes espèces, qu’elles prennent leur envol ou non. Par exemple, une attention particulière est mise sur le lézard ocellé (plus gros lézard d’Europe), qui a un bastion très important dans le Lot. Cette espèce, classée « Vulnérable » sur la liste rouge nationale des espèces menacées établie par l’UICN en 2015, a besoin de vivre en milieux ouverts pour faciliter ses déplacements. Avec le réchauffement climatique, ce reptile se déplace d’un kilomètre par génération (sachant qu’ils vivent en moyenne 5 à 6 ans). Il est, donc, nécessaire de défricher les alentours rocheux pour que ce lézard ocellé puisse continuer d’exister dans le Lot.
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