les producteurs de noix du Périgord sont frappés par une crise mondiale.
Après la grippe aviaire qui a mis à terre les producteurs de foie gras, c’est au tour d’un autre fleuron de la gastronomie périgourdine d’être mis à mal. Les noix ne trouvent plus d’acheteurs, un phénomène mondial qui ne permet pas d’écouler les stocks 2022. La crise touche toutes les productions, quelles que soient leurs origines et leur qualité, et les noix du Périgord qui bénéficient d’une Appellation d’Origine Protégée sont donc encore plus concernées.
Yannick Roulland, producteur;
La noix, c’est un produit plaisir, c’est pas un produit de première consommation. Donc je pense qu’avec toutes les augmentations qu’il y a eu sur l’énergie, sur tout un tas de choses, la crise du pouvoir d’achat fait que les gens ont eu des priorités, et la noix ne fait pas partie des priorités.
Yannick Roulland, producteur-négociant, St Crépin et Carlucet
Récolte exceptionnelle
La récolte 2022 de noix a été exceptionnelle, dans le monde entier. Plus 25% par rapport à l’année précédente selon les estimations, soit environ 400 000 tonnes supplémentaires qui sont venues inonder le marché dans un contexte de plus en plus férocement concurrentiel. Le Chili, présent depuis une vingtaine d’années, prend sans cesse de nouvelles parts de marché, la Californie garde son leadership mondial, pendant que la Chine, jusqu’alors importatrice, est devenue exportatrice. Et tous avaient des stocks importants à écouler, ils ont de ce fait saturé le marché.
Et après, on a des pays européens comme l’Espagne qui a beaucoup planté de noyers, qui était importatrice de noix françaises et qui devient maintenant assez auto-suffisante… Donc, voilà, les portes se referment petit à petit pour laisser la place à chacun de se développer. Mais ça ne fait pas notre bonheur à nous…
Yannick Roulland
Dans ce contexte, les nuciculteurs du Périgord n’ont rien vendu. Des producteurs corréziens en sont venus à arracher une partie de leurs arbres pour passer à une autre production. Geste en partie symbolique, mais qui illustre bien l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Et partout en France, la situation est aussi critique, les stocks ne partent pas, ils se vendent à la moitié du prix réel, ou ils se braderaient à quelques centimes le kilo alors que comme ailleurs, les charges ont augmenté. En 2017, les producteurs vendaient 3 euros le kilo, contre 1,20 cette année. Une saturation du marché qui se répercutera probablement sur la future récolte 2023. En attendant d’hypothétiques débouchés, les noix doivent être conservées en chambre froide au risque de se perdre. Une dépense supplémentaire. La filière a alerté le ministère via un courrier dont ils attendent encore la réponse.
La noix périgourdine, plus responsable… et meilleure !
Yannick Roulland est producteur et négociant à Saint-Crépin et Carlucet. Il est pleinement touché par cette crise, mais se refuse à baisser les bras. Selon lui, la noix AOP du Périgord a des atouts que n’ont pas les autres. La qualité, tout d’abord, avec la variété Franquette charnue et goûtue là où les exportations étrangères se font surtout sur la Chandler, une noix « industrielle » dont l’avantage est essentiellement d’être très productive. Ensuite, la production locale en circuit court avec une empreinte carbone écoresponsable réduite. Enfin, le goût des Français pour ce fruit bon pour la santé, car, comme il le souligne, il suffirait que chaque Français mange un kilo de noix française par jour pour que la production locale ne soit pas, comme le reste, remplacée par des produits d’importation. La prochaine fois que vous passerez dans le rayons fruits et légumes, regardez donc les étiquettes.
Source :france3-regions
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