les travailleurs sociaux de nouveau dans les rues de Cahors
Ils s’appellent eux-mêmes les « oubliés du Ségur ». Invisibles, peu rémunérés voire peu considérés, les travailleurs sociaux veulent montrer qu’ils sont là et faire entendre leurs voix. Soignants, assistantes sociales, éducateurs spécialisés, conseillers en économie sociale et familiale, aides à domicile, assistantes maternelles… ils sont entre 1,3 et 4 millions en France. Avec la crise sanitaire, ils sont en première ligne. Pourtant, le Ségur de la santé, qui a abouti au versement d’une prime de 183 euros nets par mois aux seuls soignants, ne s’étend pas aux autres professions médico-sociales.
Personnel en souffrance
« Avec le Ségur, le gouvernement crée des conflits inutiles. On demande à avoir les mêmes droits que les autres. Dès qu’on est un accompagnant sans distinction, tous les membres du personnel doivent bénéficier des 183 euros. On en a marre d’être oubliés. D’autant plus que la Covid et le confinement n’ont fait que révéler la face cachée de l’iceberg. C’est un ras-le-bol total, les personnels sont en souffrance. » dénonce Sabine Sagne monitrice éducatrice au domaine de Boissor à Luzech et déléguée syndicale. Toutes les professions déplorent des conditions de travail qui se dégradent, des personnels non remplacés, le manque d’embauche quand ce n’est pas tout simplement le manque de vocation avec des salaires toujours tirés vers le bas. « On arrive au bout du bout. On a des soignants en burn-out, des accidents du travail. On a un mal-être et ça résulte une mauvaise prise en charge de nos usagers. Le scandale Orpéa est partout, tout secteur confondu : chez nous on a les mêmes problématiques. Quand nos résidents partent seuls alors qu’on a choisi ce métier pour aussi les accompagner dans cette épreuve, leur tenir la main, on rentre chez nous, on pleure. » souffle Gilles Fabre, représentant syndical CFDT du Lot et à l’hôpital de Gourdon.
Perte de sens
Plus largement, les travailleurs sociaux pointent des gestions chaotiques d’établissements, des plannings à rallonge, un droit du travail non respecté surtout la course aux économies. « On a l’impression que le sens de notre travail nous échappe. Les décisions sont prises uniquement en fonction des budgets sans tenir compte des besoins des gens qu’on accompagne. On ne fait pas ces métiers pour la rentabilité. » s’indigne Anne, conseillère en économie sociale et familiale. Un constat partagé par Olivier Hiard, surveillant de nuit qualifié et délégué syndical CGT : « on nous demande de tout chiffrer, de tout mesurer, tous les actes que l’on doit faire alors que pour nous le plus important c’est le lien humain. »
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