Livres présentés aux « Parlottes » de la rentrée
Le club de lecture « Les Parlottes » a fait sa rentrée à la médiathèque de Salviac!
Retrouvez ci-dessous les livres présentés lors des séances de septembre et d’octobre. Il n’y aura pas de Parlottes en novembre. Prochain rendez-vous : le 9 décembre à 14h30.
Lors de la séance de septembre :
D’abord un livre pour enfants : « Les p’tites poules » de Christian Jolibois (Pocket Jeunesse). Une série de 20 livres pour jeunes lecteurs, à lire seul à partir de 7 ans mais avec plusieurs niveaux de lecture ce qui fait que parents (et grands-parents) s’amuseront bien en lisant ces histoires aux plus jeunes ! C’est l’histoire de la vie dans un poulailler au Moyen-âge, avec des personnages (à plumes entre autres) hauts en couleur croisant la route de personnages historiques célèbres. A découvrir donc et à faire découvrir !
Ensuite deux polars :
– Tout d’abord « Justice divine » de Hjorth et Rosenfeldt (Actes Sud, 2021). Ces auteurs sont très connus dans leur pays (la Suède) et indirectement chez nous car Michaël Hjorth est notamment l’un des créateurs de la série télévisée Les Enquêtes d’Érica, d’après les romans de Camilla Läckberg. Il publie depuis 2011 des romans avec Hans Rosenfeldt, le fameux producteur et scénariste qui a créé la série télévisée Bron (The Bridge), diffusée dans plus de 170 pays. Ils ont écrit plusieurs romans qui peuvent se lire indépendamment même si les personnages sont récurrents. Les crimes sont assez violents et les policiers de la brigade plutôt torturés, mais on a envie de savoir la fin ! Dans cet opus, Vanja, la fille de Sebastian Bergman, travaille sur une affaire de viols à Uppsala dans laquelle l’assaillant anesthésie ses victimes et leur couvre la tête d’un sac avant de commettre son crime. Lorsqu’une des victimes est tuée, la Brigade Criminelle est mobilisée – au grand dam de Vanja qui a tout fait pour s’éloigner de son père. Dans ce nouvel opus palpitant de la série Bergman – personnage lunaire, coureur de jupons invétéré, antihéros par excellence -, Sebastian et son équipe vont devoir mettre de côté leurs différends personnels pour trouver le dangereux criminel qui sème la terreur à Uppsala. Alors que la plus grande menace se trouve peut-être parmi eux… Ce livre est à la bibliothèque !
– Ensuite un autre auteur de polar découvert très récemment : D.K. Hood, surnommée « la reine du suspense » par le site Book Authority, a reçu de prestigieux prix pour nombre de ses ouvrages et a été primée par USA Today et le Wallstreet Journal. Elle est membre actif de l’International Thriller Writers. Elle est traduite pour la première fois en français. « Pas un mot » (L’Oiseau Noir, 2023) est le premier tome d’une série de 16. Les 2 suivants sont « Pas un cri » et « Pas une larme ». Romans qui paraissent simplets au premier abord, lecture facile, personnages convenus… Mais les personnages sont moins clairs qu’on pourrait le penser, les crimes assez odieux et l’enquête pleine de rebondissements ! Addictif !
Jenna Alton est shérif de la paisible petite ville de Black Rock Falls et tout le monde n’apprécie pas le fait que ce poste soit tenu par une femme. Lorsque David Kane, le tout nouvel adjoint, s’y installe pour prendre ses fonctions, il le constate par lui-même en étant témoin d’un accident de la route qui sonne comme un avertissement. Jenna est forcée de rester sur le qui-vive, d’autant plus qu’elle a du mal à croire à l’histoire que lui livre David sur son passé, elle qui a fui le sien et le garde farouchement secret. Mais les cadavres s’accumulent dans la petite bourgade du Montana coincée sous la neige et Alton et Kane doivent mener l’enquête coûte que coûte. Quelqu’un a forcément vu quelque chose, mais personne ne parle. Jenna connaît-elle finalement vraiment les gens qui l’entourent ? Un indice troublant vient soudain tout chambouler et Jenna se met à chercher là où il faut. Juste au moment où elle commence à poser les bonnes questions, elle se rend compte qu’elle est suivie. Est-elle la prochaine sur la liste du tueur ? Dans une course contre la montre, Jenna et David doivent percer le sombre secret qui gangrène la ville et ses habitants avant qu’il ne soit trop tard…
Une excellente surprise !
« Mamie Luger » de Benoît Philippon (Les Arenes, 2018) nous parle d’un personnage truculent et déjanté. Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée, mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.
Une grand-mère comme on en fait peu (et c’est une bonne chose !) mais qui vous fera mourir de rire.
« Les enfants endormis » d’Anthony Passeron (Globe, 2022) : une histoire mêlant histoire personnelle et histoire médicale et historique. Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron décide d’interroger le passé familial. Évoquant l’ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux histoires : celle de l’apparition du sida dans une famille de l’arrière-pays niçois – la sienne – et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. Dans ce roman de filiation, mêlant enquête sociologique et histoire intime, il évoque la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et la condition du malade celle d’un paria.
« Lumière d’été, puis vient la nuit » est un roman islandais écrit par Jon Kalman Stefansson (Grasset, 2020). Une histoire lente mais puissante, un roman, bien qu’il ressemble superficiellement à un recueil de nouvelles, ou à une chronique d’existences villageoises, en Islande, aujourd’hui. C’est bien un roman parce qu’un narrateur extérieur aux huit histoires contées les relie, incarnant une sorte de chœur antique qui annonce, commente, s’étonne, s’amuse, avant de perdre la parole lors de la fin abrupte qui brise et clôt le récit.
Dans un petit village des fjords de l’ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s’il n’y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû. Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c’est une rencontre fortuite sur la lande, pour d’autres le sentiment que les ombres ont vaincu – il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s’en mêlent…
« Le Romantique » de William Boyd (Seuil, 2023) : l’histoire romancée d’un auteur disparu. « Le Romantique » est une fausse biographie. C’est une fiction, qui raconte la vie, en plein dix-neuvième siècle, d’un Anglo-Irlandais né en Écosse, répondant au nom de Cashel Greville. Fuyant l’Irlande, où il est né en 1799, Cashel Greville Ross s’enrôle dans l’armée. Ainsi débute un parcours tumultueux, semé d’épisodes glorieux et de revers de fortune, dans les pas de l’Histoire. Blessé et décoré à la bataille de Waterloo puis témoin des atrocités de l’armée anglaise aux Indes, il arpente la France et l’Italie, où il se lie d’amitié avec Byron et Shelley avant de tomber éperdument amoureux de la mystérieuse Raffaella. Mais le goût de l’aventure l’emporte inexorablement chez ce romantique impétueux. Célébré à Londres pour ses récits de voyage, floué par son éditeur, emprisonné un temps pour dettes, il bondit allègrement d’un continent à l’autre, et se réinvente tour à tour en fermier d’Amérique, explorateur à la recherche des sources du Nil ou encore diplomate à Trieste.
Notre lecteur se trouve un peu déçu de ce roman, qui est un peu redondant dans les hauts et bas advenant à ce Greville. Il nous conseille toutefois un autre livre de Boyd « Brazzaville plage » qui conte l’histoire de Hope Clearwater : cette jeune, belle et savante éthologue, analyse les circonstances qui l’ont conduite à sa retraite volontaire de Brazzaville Plage, entre ciel, sable et océan. D’abord son mariage raté avec le mathématicien John Clearwater. Puis, après la fin tragique de cette union, sa fuite en Afrique, dans un Centre de primatologie où elle se retrouve aux prises avec une colonie de chimpanzés cannibales.
Nous avons d’autres livres de cet auteur en bibliothèque.
« Lore Olympus » de Rachel Smythe (Hugo BD) séduit d’abord par son esthétisme et la qualité du dessin, ensuite par la modernité de cette histoire intemporelle. Une réécriture d’une grande intelligence et même une interprétation ingénieuse, qui pousse à réfléchir sur la pseudo innocence de la mythologie et de son actualité !
Perséphone, jeune déesse du Printemps, a été élevée parmi les mortels par sa mère Déméter et préservée des tentations du royaume glamour et trépidant des dieux. Pour devenir une vierge sacrée, elle est enfin autorisée à aller étudier à l’université sur l’Olympe… Mais lorsque sa colocataire Artémis l’emmène à une fête et qu’elle y fait la connaissance d’Hadès, le charmant mais incompris souverain des Enfers, sa vie bascule. L’étincelle est immédiate. Tout s’accélère alors… La rencontre de ces deux êtres changera la face de l’Olympe, mais pour trouver sa place et affirmer son pouvoir, Perséphone devra mener une lutte sans répit.
Petites « Parlottes » en octobre, avec un polar et un livre de Science-Fiction :
« L’archipel des larmes » de Camilla Grebe (Calmann-Levy, 2020) a reçu le prix du meilleur polar scandinave, ce qui n’est pas rien dans ces régions où fleurissent nombre de polars dont certains géniaux. Camilla Grebe est née en mars 1968. Elle est suédoise et détentrice d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’École d’économie de Stockholm, elle fonde la maison d’édition Storyside, spécialisée dans le livre audio. Elle y cumule les fonctions de directrice du marketing et de directrice générale, puis dirige une société de conseil.
Trop de larmes ont coulé sur l’archipel de Stockholm
Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol. Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort. Dans les années 80, le meurtrier récidive mais ce n’est qu’aujourd’hui que des indices refont surface. Britt-Marie, Hanne, Malin… À chaque époque, une femme flic se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s’avérer dévastatrices. L’Archipel des larmes, magistralement construit, nous fait traverser les décennies suédoises en compagnie de femmes hors du commun, avides de justice, et déterminées à arrêter ce monstre.
Outre des enquêtes passionnantes, ce livre propose des portraits de femmes policières tout au long des 20ème et 21ème siècles et nous rappelle que l’évolution des mentalités fut longue même en Suède, pays plutôt connu pour être pionnier dans l’égalité entre hommes et femmes. Livre documenté et riche en rebondissements, une construction implacable et une fin surprenante ! En revanche, les autres livres de l’auteure ont moins inspiré la lectrice.
« FUTU.RE » de Dmitry Glukhovsky (Atalante, 2015) : un univers imaginaire qui a des allures de vraisemblable, en filigrane une analyse sociale qui renvoie clairement aux travers de notre époque, des personnages en équilibre entre fatalité et révolte, des questions philosophiques que l’étrangeté du décor nuance, permettant au lecteur de faire un pas de côté pour y réfléchir.
Nous sommes en 2455. le monde civilisé est planté serré de tours de mille étages où vivent plus ou moins haut selon leur rang social trois trillions d’humains (cent-vingt milliards rien qu’en Europe). Autant dire que seuls quelques privilégiés s’offrent le luxe de contempler le ciel et le soleil. Des splendeurs passées ne restent que quelques monuments sous cloches sous les constructions de composite.
Une avancée médicale a modifié l’équilibre de la démographie : cela fait plus de trois cents ans qu’il est possible de ne pas vieillir et de ne pas mourir. Mais c’est donnant donnant. Une vie pour une vie : si un enfant est conçu, son père ou sa mère sera « injecté », il recevra l’ « accélérateur », qui le transformera en quelque années en vieillard chevrotant, puis en macchabée à recycler.
Quant à l’enfant il sera confié à un internat et formaté pour devenir un milicien garant de l’ordre public et du respect des lois sur la natalité.
C’est le cas de Jan, matricule 717, qui, malgré les années d’humiliation, de sévices et de lavage de cerveau a du mal à faire taire en lui le petit enfant qui rêvait devant les premières images d’un vieux film imaginant sa vie dans un jardin de Toscane. Ce n’est pas pour autant un doux idéaliste et quand un riche sénateur lui propose d’éliminer un adversaire politique, il n’hésite pas. Sauf que la compagne de la cible est présente lors du raid, et que tout ne se passe pas comme prévu…
Cette contre-utopie fait la part belle à la violence : immortels ou pas les hommes trouvent toujours de bons alibis pour s’entretuer. Et malgré les pilules de la sérénité, les instincts les plus ancestraux servent d’arguments pour passer à l’acte.
Le roman pioche également son inspiration dans une thématique bien actuelle, celle des migrants, qui s’entretuent dans les bas-fonds de Barcelone : hindous contre pakis, chassés de leur contrée d’origine rendue inhabitable par une catastrophe écologique. Caricature certes, mais oh combien plausible !
Un livre qui marque et qu’on a du mal à lâcher !!