Lot: 8 millions de m3 d’eau s’échappent dans la nature chaque année
Se pose en plus la question de la qualité de l’eau captée, risques microbiologiques, présence de nitrates (heureusement en faible quantité). Une somme de 1,70 M€ devrait être investie pour la mise en conformité des captages.
À l’initiative de la préfète du Lot, se sont tenues jeudi soir à Cahors les Assises de l’eau. L’état des lieux des réseaux dressés devant les élus a de quoi interroger. Les pertes atteignent 8 millions de m3 et surtout les 8 800 km de conduites ont vieilli, plus de 30 M€ de travaux seraient nécessaires dans les dix à venir.
Hasard du calendrier ou pas, les Assises de l’eau qui ont eu lieu jeudi soir à la salle des congrès de Cahors, se sont ouvertes alors que dans les jours et les semaines précédents, plusieurs interdictions de consommer de l’eau du robinet ont été prises par les municipalités à Cajarc, sur le causse de Limogne ou plus récemment sur l’agglomération cadurcienne à cause d’un parasite. Devant une salle d’élus, un état des lieux a été fait. Le constat de Catherine Ferrier, la préfète du Lot, est clair comme de l’eau de roche : «En matière d’eau, tout ne va pas bien, il y a une marche à franchir sinon cela peut être grave». Les maires auxquels elle s’adresse, s’ils avaient une interrogation quant à leur implication lorsque des pollutions surviennent sur le réseau de leurs communes, ont su d’entrée de jeu à quoi s’en tenir : «Sur la question de l’eau vous engagez votre responsabilité pénale et personnelle». Ce sera précisé à deux reprises. Le sénateur Jean-Claude Requier aura cette formule en forme de boutade : «Ce n’est pas un séminaire pour susciter des vocations de maire !». Cette histoire d’eau sur le département tient du défi. Il y a un patrimoine à renouveler (les réseaux datent des années 1960). «Il faudrait 800 M€ pour le remplacer» lance un expert qui rassure immédiatement l’auditoire : «Mais le réseau est encore en bon état». Ouf. son étanchéité serait globalement satisfaisante pour 86 % du réseau les pertes pourtant pointées par la préfète ont de quoi impressionner par leur volume, ce sont 8 millions de m3 d’eau qui s’échappent dans la nature chaque année.» On n’arrivera jamais à réduire à 100 % ces pertes mais l’objectif est que tout rentre dans un niveau acceptable» fait remarquer le député Jean Launay, par ailleurs président de la Commission Nationale de l’Eau. La longueur du réseau (8 800 km), le maillage pour desservir les abonnés dans le plus petit écart fournirait une explication mécanique à ces pertes.
«40 % de la population est susceptible de consommer de l’eau non potable» La phrase de Catherine Ferrier surprend une salle un peu sonnée. Le schéma d’alimentation en eau potable détaillé par Serge Rigal, le président du conseil départemental donne une idée du très gros chantier à conduire jusqu’en 2040. Entre la protection des ressources, le traitement de l’eau, l’approvisionnement, le coût global représente 32 M€, ce qui correspond à un investissement moyen de 3,20 M€ sur 10 ans.
Le transfert de l’eau et l’assainissement des communes aux communautés de communes en 2020 tel que le prévoit la loi NOTRe devrait changer la donne. Les maires vont-ils être incités à différer la modernisation de leurs réseaux ? Gérard Miquel, sénateur et président du Syded le craint : «Ne gelons pas les travaux indispensables en attendant 2020 ; Moi j’en ai assez que l’on distribue de l’eau en bouteilles, le Gers s’est organisé, la Dordogne s’est organisée et sur l’eau, nous avons des réticences. Ce n’est pas possible».
«Je vais couper l’eau»..
Plusieurs maires sont intervenus dans le débat comme J-P. Colomb de la nouvelle commune de Sousceyrac, le premier magistrat d’Albas, Martial Stambouli.Les paroles de José Tillou, le maire de Caillac ont eu un écho particulier : «Sur ma commune de 800 habitants, j’ai une clinique, une école maternelle, une entreprise de cosmétiques bio et un hôtel 3 étoiles. Or on a une turbidité de l’eau chronique. Nous on veut en sortir, moi-aussi j’en ai assez de distribuer de l’eau minérale. j’ai lancé une procédure auprès du Syded. Toutça ne va pas du tout, un jour je vais couper l’eau dans ma commune». Le président du Syded confirme : «Le dossier est prêt, les travaux coûteraient 3 M€, on ne va pas attendre 2020».
Le chiffre : 50
pour cent >Maillage. 50 % des collectivités lotoises desservent moins de 500 abonnés.
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