« Lot Terres de saisons » : 300 offres d’emploi non pourvues
« C’est très compliqué, on ne déroge pas à ce qui se passe ailleurs, surtout en salle et en cuisine pour le secteur tourisme », relève Mickaël Neveu qui pilote la plate-forme « Lot Terres de Saisons ».
Consultable par le biais d’internet, cet outil a été mis au point par les deux communautés de communes Querçy-Bouriane et Cauvaldor, en partenariat avec Pôle emploi, « après une étude en 2018. Il s’agit de faciliter les contacts directs entre employeurs et saisonniers. Lancée l’an dernier, elle s’étend désormais à l’ensemble du département. Nous cherchons à fidéliser des saisonniers sur toute l’année dans les secteurs du maraîchage, du tourisme et du gras », indique Pierre Massabeau, responsable Économie au sein de la Communauté de communes Querçy-Bouriane. Réceptionniste, serveur (avec possibilité de logement, précise l’annonce), maçon, animateur surveillant de baignade, conducteur d’engins, vendeur jardinerie, aide menuisier, aide cuisine, plonge, ouvrier agricole de la vigne, barmaid/barman, cuisinier, ou encore pizzaïolo… Les annonces montrent la diversité des 287 offres non pourvues sur www.terres-de-saisons.fr
Alors pourquoi ça ne colle pas ?
« Il y a de nombreuses raisons. Vous allez avoir quelqu’un qui veut travailler quinze jours là où le patron cherche quelqu’un pour deux mois par exemple ! D’une façon plus générale, on demande beaucoup aux saisonniers, notamment une très grande adaptabilité, et c’est peu valorisé. Certains recruteurs l’ont compris et proposent, par exemple, la semaine sur quatre jours. Il y a d’autres façons d’attirer par la qualité de vie au travail. On a des employeurs très respectueux, mais aussi des esprits encore un peu esclavagistes ! Du côté employé, les profils et les comportements sont aussi très divers », relève Mickaël Neveu, longtemps saisonnier lui-même avant de devenir recruteur de saisonniers à Tignes, plus gros employeur alpin dans ce domaine.
La covid a-t-elle eu un impact sur les métiers de saisons ? « La covid a entraîné une reconversion de saisonniers du tourisme vers d’autres secteurs, du fait de l’arrêt des bars hôtels-restaurants. Et puis, il y a eu la réforme du calcul des indemnités chômage désormais basée sur les 12 mois de l’année et non plus sur les 12 derniers mois travaillés, ce qui ne va pas du tout dans le sens du travail saisonnier ».
« Lot Terres de Saisons » a fait une campagne de communication visuelle et compte 170 entreprises et employeurs utilisateurs.
D’heureuses histoires
Corentin Houllier a ainsi fait un heureux mariage avec le domaine de la Paille Basse, camping cinq étoiles près de Souillac. « Je ne connaissais pas du tout le Lot, c’est sublime », s’enchante le garçon qui cumule six saisons comme réceptionniste ici et là, et une formation de responsable d’établissement touristique effectuée à Fréjus. « Ne trouvant pas de postes qui correspondent à ma formation, j’avais revu mes exigences à la baisse. Je suis arrivé l’an dernier, recruté par le biais de Lot Terres de Saisons, j’ai commencé au mois de mai à la réception. Et cette année, j’ai été nommé directeur adjoint du domaine. C’est un poste qui me convient tout à fait. Le domaine est ouvert du 9 avril au 17 septembre, et j’y travaille trois mois de plus pour préparer la saison et la terminer. En tout huit mois, il m’en reste quatre durant lesquels je voyage beaucoup en Asie et en Amérique du Sud ».
Toutes les histoires de saisonniers ne sont certainement pas aussi heureuses. Mais, le secteur est en évolution. La carte tentée par Lot Terres de Saisons est d’ancrer des saisonniers multicartes en quelque sorte sur le département. Les questions de logements, de rémunération, d’équilibre de vie sont sur la table. Équations à affiner…
Marie-Paule Mémy La Dépêche
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