Marchés : la souffrance des commerçants de produits manufacturés

Si les producteurs peuvent de nouveau vendre leurs produits sur les marchés, il n’en va pas de même pour les commerçants de produits manufacturés qui trouvent la situation « injuste ».

« Nous n’avons pas le droit de vendre de textile, alors que les grandes surfaces restent ouvertes et ont le droit de vendre des produits manufacturés».

Depuis une vingtaine d’années, Sandrine Michel-Cordero et son mari écument les foires, les braderies et les marchés du Lot et des départements voisins pour vendre leur marchandise : des vêtements pour enfants.

Depuis plus de cinquante jours, l’activité du couple est à l’arrêt et leur chiffre d’affaires à zéro. Le quotidien devient de plus en plus difficile. «Nous avons demandé les aides, mais nous n’avons reçu que  131 € pour l’instant. On espère avoir les 1 500 € pour le mois d’avril. C’est dur, même psychologiquement», confie Sandrine Michel-Cordero. 

500 commerces en difficulté

Elle et son mari ne sont pas les seuls commerçants dans cette situation. Nombreux sont ceux qui estiment que les aides reçues sont insuffisantes. «Mars est pris comme mois de référence pour calculer les aides. Or, de janvier à mars, l’activité est toujours ralentie sur les marchés…», explique Alain Pendaries, président des commerçants non sédentaires du Lot depuis 20 ans. Lui estime à 500 le nombre de commerces de ce type qui sont impactés par la crise sanitaire dans le département. Comme eux, il ne cache pas son énervement.

«Nous sommes en colère car on ne parle que des petits producteurs qui ne sont là que quelques mois par an alors que nous avons une activité annuelle. C’est nous qui maintenons l’activité économique du marché toute l’année », assure Alain Pendaries, dénonçant «un abus de pouvoir» des mairies qui n’ont pas demandé l’avis du syndicat. «Nous demandons la réouverture des marchés à partir du 11 mai. Nous sommes prêts à  faire un effort de restriction de place s’il le faut», ajoute-t-il.

Pour relancer leur activité, les commerçants de produits manufacturés tentent parfois de vendre en ligne, mais souvent en vain. «Notre clientèle est âgée, elle n’a pas le réflexe d’aller sur internet où on est assailli d’offres et de publicités», souligne Alain Pendaries. «Et puis, le plaisir d’un marché, c’est de pouvoir voir et toucher la marchandise»

Caroline Peyronel La Dépêche