Mariama réfugiée lotoise a empêché l’excision de ses trois petites filles
La vie de Mariama Ciré Doumbouya a changé en un an, mais sa détermination reste la même. Combative.
Dégagée d’une peur qui la hantait, elle demeure engagée dans sa lutte contre l’excision. Ce fléau est la seule raison qui a poussé cette mère à fuir de sa Guinée natale vers la France. Accueillie en 2018 par le CADA de Gourdon (Centre d’accueil des demandeurs d’asile), Mariama vit désormais à Cahors avec ses trois filles, Fati (2 ans), Hawa (4 ans) et Aye (6 ans). Portée par son amour et son courage, elle a abandonné son métier de chargée d’étude au ministère du budget national en Guinée pour sauver ses filles de l’excision. Cette tradition barbare peut entraîner la mort ou de graves complications ainsi que des séquelles autant physiques que psychologiques.
De l’horreur à l’exil
« J’ai moi-même subi cette mutilation des organes génitaux féminins externes. C’était l’horreur. Personne ne peut s’y opposer en Guinée. Pas même le gouvernement. Lorsque la décision est prise, les exciseuses enlèvent les filles et donc… les excisent ! Il suffit d’une seule absence. Tu tournes le dos et c’est fini… Il y a des hommes qui exigent que les femmes soient excisées avant le mariage. Si ma belle famille m’avait soutenue, je serais restée au pays » assure Mariama.
Or, c’est justement sa belle famille, attachée à cette tradition, qui est la source son exil en France. « Les enfants leur appartiennent. En Afrique, c’est comme ça » déplore-t-elle.
Une incroyable lucidité
Mariama a dû consentir de gros sacrifices. Financiers d’abord : « Le visa m’a coûté 4 000 € ». Familiaux aussi : « J’ai laissé ma propre famille et mon mari. Il me soutient contre l’avis des siens ». La vie de Mariama reste compliquée, même si l’essentiel est acquis : la santé et le bien-être de ses filles scolarisées à Cahors. « C’est difficile, parce que la vie coûte vraiment cher en France » observe-t-elle. Mariama est d’une incroyable lucidité et entretient des rêves qu’elle sait réalisables. Le premier consiste à trouver un travail. Le second, elle l’exprime ici le cœur plein d’espoirs en admettant d’abord que le seul moyen pour survivre puis vivre était de s’enfuir : « Après, quand il y aura une solution, on reviendra au pays c’est sûr ».
La solution, Mariama n’en voit qu’une : la fin définitive de l’excision en Guinée. Un doux rêve face à une dure réalité.
Le soutien de l’association Lot pour Toits
Anne-Marie Stoullig-Gerschel préside l’association Lot pour Toits et a joué un rôle majeur dans la vie de Mariama. Son soutien et celui d’Andréa Quéraud, intervenant social, sont précieux. « Il existe des structures aidant les personnes venant de l’étranger. Mais je me suis rendu compte qu’il n’y a pas d’associations créées par des personnes d’origines étrangères pouvant soutenir d’autres étrangers en voie d’intégration. Nous avons pensé que Mariama, qui a un très bon niveau et qui s’exprime dans un Français parfait, pourrait créer cette association indépendante avec notre aide en tant qu’infrastructure administrative. Cela permettrait aux migrants et réfugiés de témoigner de leur vie, de leurs besoins » déclare Anne-Marie. « Une sorte de réseau d’entraide permettant de construire du concret » complète Andréa Quéraud. Construire du concret, comme un avenir par exemple. C’est l’idéal. Contact Lot pour Toits : 05 65 31 29 32 ; contact@lotpourtoits
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