Mobilisation des agriculteurs : «Il faut arrêter de nous maltraiter»
. Le vice-président de la FNSEA, Étienne Gangneron, était en visite à Pern dans le Lot pour une rencontre sur l’agriculture biologique. Il fait le point sur les revendications des agriculteurs pour une activité soutenable et un bras de fer plus équilibré avec la grande distribution. Entretien.
Éleveur de bovins et originaire de Niort (Deux-Sèvres), Étienne Gangneron est le vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Au cours d’une visite dans le Lot, à Pern, sur le sujet de l’agriculture biologique, il détaille le sentiment et l’actualité agricoles à l’aube d’un appel national à la mobilisation.
Sur quoi se basent les revendications de la FNSEA pour le mouvement cette semaine ?
Elles sont très liées à la loi EGAlim issue des États généraux de l’alimentation (de l’été 2017, NDLR.) et qui était censée remettre de la valeur ajoutée sur les exploitations en donnant de meilleurs revenus aux agriculteurs. Mais les ordonnances qui la mettraient en application peinent à sortir. L’autre partie de la loi, par contre, implique davantage de charges dans les fermes. Nous sommes donc très déçus de l’orientation prise par cette loi.
Vous critiquez également un «agri-bashing permanent» ?
Oui, alors c’est au sujet du bien-être animal avec un abattoir qui brûle, ou encore notre présidente Christiane Lambert qui est devenue une cible à abattre. Il faut arrêter de maltraiter les paysans qui ont l’impression de faire un métier exemplaire et favorable à une alimentation de la meilleure qualité possible.
Que ne soutenez-vous pas dans les rapports avec la grande distribution ?
Ce qu’elle a mis en place est un dispositif perdant-perdant. Il s’agit de toujours tirer les prix à la baisse. Or tout le monde y perd, que ce soient les producteurs, les transformateurs et les distributeurs.
Comment attirer la demande vers le «bio» en dehors de l’argument prix ?
Le bio est un peu plus cher mais cela ne représente pas forcément un budget énorme pour les ménages si l’on compare avec ce qu’ils mettent dans le logement ou les outils technologiques par exemple. La part consacrée à l’alimentation ne dépasse pas les 10 %, on veut juste qu’elle augmente de 2 ou 3 %. Certains consommateurs acceptent de payer un peu plus en sachant que ce qu’ils donnent revient au producteur. Mais il faut aussi changer nos modes de vie en termes de priorités. Consacrer un peu plus d’argent à son alimentation, c’est quelque chose d’important.
Quels sont les points forts du Lot selon vous ?
Il fait partie des terres qui au départ ont quand même un handicap naturel : beaucoup de cailloux. Les agriculteurs ont dû se creuser les méninges pour trouver des solutions et le bio me paraît être la parfaite poursuite de ce qu’ils ont fait depuis des années. Je pense à la viticulture : il y aura de plus en plus de vin bio car c’est un produit culturel pour lequel le consommateur est prêt à payer plus.
Des rencontres dans le Lot
Les deux syndicats agricoles FDSEA et JA souhaitent cette semaine aller à la rencontre du préfet et des quatre parlementaires lotois pour aborder notamment la négociation commerciale et le financement des zones défavorisées. En choisissant d’éviter des actions de masse, les agriculteurs veulent surtout «éviter le mélange avec les gilets jaunes et des mobilisations qui pourraient (leur) échapper», selon les propos d’Alain Lafragette, président de la FDSEA dans le Lot.
La loi Égalim, votée en France en 2018, a pour objectif de garantir aux agriculteurs des revenus décents. Que prévoit la loi ? Est-elle efficace ?