Né à Montgesty Jean-Gabriel Perboyre sera honoré dans le Lot les 10 et 11 septembre

On trouve la statue de Jean-Gabriel Perboyre dans de nombreuses églises de Bouriane

Jean-Gabriel Perboyre est né au lieu-dit « Le Puech » le 6 janvier 1802 et a été baptisé le lendemain à l’église de Montgesty. Aîné d’une famille de huit enfants dont le père est agriculteur, il n’a d’autre ambition que de rester à la maison paternelle pour assurer la relève de l’exploitation familiale.

Sa vocation, il la doit à un événement fortuit : à 15 ans, il doit rejoindre à Montauban, au collège dirigé par son oncle prêtre, son jeune frère ayant le mal du pays. Jean-Gabriel montre vite du goût et des capacités pour les études. Quelques mois après son arrivée, il écrit même à son père « quil a compris que Dieu voulait quil soit prêtre ». Manifestant son désir d’être missionnaire en Chine, il demande à entrer chez les Lazaristes où son frère Louis l’a précédé. Ordonné en septembre 1826, il est envoyé dans le Cantal, professeur au séminaire de Saint-Flour.

Malgré une santé fragile et bravant le souhait de ses supérieurs, le 24 mars 1835, il embraque au Havre pour Macao : cinq mois de mer non exempts d’émotions fortes. L’adaptation à la Chine est difficile : il faut apprendre la langue et les coutumes locales. « Si vous pouviez me voir dans mon accoutrement chinois, ma tête rasée, ma longue tresse et mes moustaches » écrit-il à ses parents au Puech. Il doit paraître le plus chinois possible car tout Européen risque la peine de mort. Il faut inventer toutes sortes de ruses pour éviter les regards indiscrets et déjouer les contrôles de police, l’empereur de Chine, Kien-Long, interdisant le christianisme dans son pays.

Après un chemin d’épreuves au péril des fleuves et des rudes sentiers montagnards, au péril des fièvres contagieuses, il rejoint en 1838, près de Houpé, son lieu de mission. Une population de chrétiens, pauvres, vit là au seuil de la misère « mais sa richesse est le millier de fidèles qui remplit léglise même sous la neige ». Le 15 septembre 1839, Jean-Gabriel est arrêté et fait prisonnier pendant près d’une année. Enchainé, fouetté, brûlé au fer rouge, le missionnaire, inébranlable, calme et serein, se refuse à toutes compromissions. Le 15 juillet 1840, il est condamné à mort par strangulation.

Aux chrétiens du village, dépités, il fait passer ce message : « Dites leur de ne pas craindre cette persécution. Je suis heureux de mourir pour le Christ ». Sa dépouille sera transférée plus tard à la chapelle Saint-Vincent-de-Paul, rue de Sèvres à Paris. Il sera canonisé le 2 juin 1996 par Jean Paul II.

Rencontre au Puech avec Simone Saint-Aubert et Pierre Salives, descendants de Jean-Gabriel Perboyre.

Vous êtes tous les deux, des descendants directs du saint de Mongesty ?

Jeanne Perboyre, une sœur de Jean-Gabriel a épousé en 1832 Guillaume Lavergne, agriculteur à Pontcirq. Les successeurs sont toujours agriculteurs à Lherm. Antoine, le seul frère, né en 1812, qui ne soit pas devenu prêtre, reste au Puech et prend la suite du père, Pierre, à la ferme familiale. Il épouse Françoise Pontier. Des cinq enfants nés, ne survivent que trois filles. C’est Marie-Antoinette qui restera sur ces terres jusqu’à notre tante, dernière agricultrice résidente au Puech, décédée en 1991. Nous sommes donc les descendants de son frère Antoine.

Pierre et Marie Perboyre ont eu huit enfants dont Jean-Gabriel. Six d’entre eux sont entrés en religion. Comment expliquer autant de vocations dans une même famille ?

Il ne faut pas oublier la présence et l’influence de l’oncle, Jacques Perboyre, né à Catus, prêtre diocésain réfractaire pendant la Révolution et qui n’a pas déserté (beaucoup de prêtres étaient partis à l’étranger). Dans les bois le jour, il continuait, les nuits, à exercer en cachette son ministère pastoral dans le Quercy. Manifester sa foi, au risque de sa vie, en ces périodes troublées, a été un témoignage fort pour toute la famille qui a voulu s’engager pour Dieu.

 Que retenir de sa vie d’enfant au Puech et à Montgesty ?

Pierre Perboyre, le père, faisait partie de ces agriculteurs du Lot qui, avant la période révolutionnaire, savaient lire. Ce qui était très rare, sachant qu’un siècle plus tard (en 1880), sept Lotois sur dix étaient encore illettrés. Il enverra donc ses enfants à l’école chez le curé à Montgesty qui est à quatre kilomètres : voilà Jean-Gabriel, matin et soir, en sabots, sur les sentiers du causse, amenant ses frères et sœurs pour apprendre le français (on parlait patois à la maison) et apprendre à compter. C’était un garçon intelligent, déjà plein d’initiatives et généreux (certains jours, il partageait son casse-croûte de midi avec les mendiants du village). Mais l’école ne durait que de la Toussaint à Pâques, car lors des saisons plus favorables, les enfants devaient participer aux travaux de la ferme pour aider leurs parents. En 1817, Jean-Gabriel part à Montauban et ne reviendra que rarement au Puech.

 Savez-vous pourquoi il a choisi de devenir missionnaire et de ne pas être prêtre diocésain ?

Dès son arrivée au séminaire, il fut marqué par la vie de François-Régis Clet, prêtre lazariste né à Grenoble, missionnaire en Chine. Condamné à mort par strangulation, il a été exécuté le 17 février 1820. C’est au cours d’une « mission générale prêchée » sur la ville de Montauban qu’il déclare à son oncle : « Moi aussi, je serai missionnaire ». Vingt ans après, Jean-Gabriel Perboyre suivra le même chemin que le père Clet et connaîtra le même destin. Ils seront, plus tard, béatifiés tous les deux.

Jean-Gabriel Perboyre a été canonisé en 1996. Quels ont été les miracles reconnus pour sa cause de béatification ?

Le 11 septembre 1840, le jour de sa mort, « une grande croix lumineuse est apparue dans le ciel et a été perçue par des chrétiens et païens distants les uns des autres, sans aucune communication entre eux ». En mai 1980, le père Mickael Joyce, hospitalisé durant huit mois à Chicago (USA) pour une pancréatite chronique est « entre la vie et la mort ». Après la lecture quotidienne de la prière du père Perboyre, il sort de l’hôpital et reprend « une vie normale ».

 Pourquoi commémorer Saint Jean-Gabriel Perboyre le 11 septembre ?

Après la condamnation à mort de Jean-Gabriel, confirmée par l’empereur, il est exécuté le 11 septembre 1840, un vendredi. Traîné au supplice (un gibet en forme de croix), les bras et mains liés à la poutre transversale, les pieds repliés assez haut en arrière, le missionnaire paraît agenouillé entre ciel et terre. Par deux fois, le bourreau serre la corde autour du cou de sa victime. Une troisième torsion interrompt la prière du martyr. Chaque année, à cette date, le diocèse de Cahors, organise un pèlerinage en ce lieu où est né ce saint du Lot.

Cette année, il y aura dimanche 10 septembre, une messe à Montgesty à 10 h et le lundi 11 septembre, Mgr Camiade présidera au Puech la messe d’anniversaire à 10 h 30 en présence de nombreux prêtres du diocèse.

 A Décup La Vie Quercynoise