Ne Vous Retournez Pas
NE VOUS RETOURNEZ PAS VO
Grande-Bretagne/Italie 1974 (version restaurée 2020). Un thriller
de Nicolas Roeg avec Donald Sutherland, Julie Christie, Hilary
Mason…
Durée : 1h52
Suite à la mort tragique de leur fille, les Baxter partent à Venise afin de changer d’air. John Baxter, architecte, est embauché par un mystérieux prêtre pour rénover une église. Un jour, alors que
les amoureux se baladent, deux sœurs les accostent et l’une d’entre elles, voyante, leur apprend que leur enfant est toujours vivant. S’en suivent d’autres rencontres et visions étranges qui feront raviver de douloureux souvenirs du passé.
CINÉ-MÉMOIRE
VENDREDI 18 AVRIL À 20H45 ENTRÉE 4 €
Présentation et débat Guy Fillion et Rémi Vallejo
Les horaires
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20H45 VO |
Les critiques
« Ne vous retournez pas » est un film très original et très intrigant adapté de la nouvelle éponyme de Daphné du Maurier. C’est avant tout un film sur le deuil et la mort. La mort qui est omniprésente du début à la fin du film : mort de l’enfant, mort d’un couple qui se défait, assassin qui rôde à Venise, mort à Venise donc (et on pense souvent au chef d’œuvre de Visconti), et enfin mort de Venise elle-même qui croupit et s’enfonce dans les eaux tout comme l’enfant au début du film.
« Ne vous retournez pas » est un film sur le deuil impossible, film sur la mort d’un couple qui, malgré tous ses efforts, ne pourra pas se sauver : John et Laura ne sont jamais sur la même longueur d’onde comme le symbolise bien la scène où ils font passionnément l’amour, scène très longue et très osée pour l’époque, scène qui semble contredire l’idée que le couple se défait, mais scène qui est entrecoupée d’images de ce qui va se passer après (chacun se rhabille de son côté) : idée géniale de mise en scène qui symbolise, comme le fait très justement remarquer Jean-Baptiste Thoret dans son analyse en bonus dans la belle édition chez Potemkine, « une incapacité pour ces deux personnages à habiter le présent au moment où ils font l’amour : le présent est là, mais il est déjà miné, perturbé par des événements futurs ».
La richesse symbolique du film est étonnante. Par exemple, John architecte vient à la fois à Venise pour restaurer des édifices et pour « restaurer » son couple, tâche vaine dans les deux cas car la ville comme le couple agonisent.
« Ne vous retournez pas » a un petit côté antonionien dans cette analyse du couple, viscontien dans cette perception morbide de Venise, mais il flirte aussi avec le fantastique (le film de fantôme) et le giallo. Sur ce dernier point, l’influence de « Chi l’ha vista morire ? » d’Aldo Lado, tourné aussi à Venise l’année précédente, est manifeste.
Nicolas Roeg incite le spectateur à réfléchir et propose des pistes qui sont intelligemment suggérées, par exemple sur la situation et le rôle du frère de la petite fille noyée. Comme le fait justement remarquer Enrique Seknadje dans son intéressante analyse sur le site culturopoing, « n’est-il pas étonnant de voir que les parents Baxter ne sont pas aux côtés de leur fils Johnny ? Certes, l’internat est un mode de scolarité très répandu en Angleterre, mais Laura explique qu’elle est inactive à Venise. Si les deux parents sont très affectés par la mort de Christine, qu’en est-il pour le jeune frère ? Pourquoi, quand le directeur de l’internat prévient John de la chute accidentelle de Johnny, a-t-il dû passer par le bureau londonien de l’architecte pour obtenir son numéro de téléphone ? D’autres questions pourraient se poser à propos de la première séquence. Sur la façon dont Christine parle de son frère quand elle joue – « ennemi en vue » – sur ce que voit et ce que ne voit pas le tout jeune garçon, sur ce qu’il fait. Et sur ce qui lui arrive après la mort de sa sœur… ».
« Ne vous retournez pas » est un film très personnel, mystérieux, onirique, construit comme un puzzle et je pense que plusieurs visions doivent être nécessaires pour le découvrir complètement.»
«Un des films qui m’a fait le plus frissonner. Hybride, entre un certain classicisme anglais et le giallo italien, on est emmené dans une Venise à rebours, brumeuse, serpentée et inquiétante jusqu’un glacial dénouement final.»