Noix et châtaignes : Une récolte sinistrée en perspective

L’année 2024 sera encore marquée par une mauvaise récolte pour nos fruits à coque, à cause du terrible gel du mois d’avril qui a grillé les jeunes pousses. 

La production de noix est également touchée par les effets du gel du mois d’avril. Les taux de pertes sur noyers sont évalués à 40% minimum dans les endroits les plus protégés pour atteindre 90 % dans les parcelles les plus impactées. Une mission d’expertise consacrée à l’évaluation des pertes pour la production de noix devait se dérouler au nord du département le 10 septembre dernier

Cette mission avait le double d’objectif d’estimer les pertes de récolte, mais aussi d’évaluer les pertes de fonds liées au phénomène de dépérissement des arbres constaté depuis plusieurs mois. Toutes ces visites devraient permettre à l’administration, sur la base des expertises réalisées et des données météorologiques, d’établir un rapport qui sera présenté en Comité Départemental d’Expertise pour demander la reconnaissance de ces aléas

Cette reconnaissance est indispensable pour déclencher l’ISN ou des indemnités « pertes de fonds ».

Les producteurs de noix comme de châtaignes n’ont pas le moral à la veille d’une toute petite récolte 2024. Malheureusement, les années sinistrées se succèdent pour cette filière des fruits à coque. Depuis 2017, le changement climatique impacte lourdement ces arbres fruitiers avec des hivers trop doux suivis de coups de froids tardifs au printemps qui grillent les jeunes pousses et les organes de fructification de ces arbres. Stressés et fragilisés, beaucoup dépérissent ou ne fructifient plus du tout !

Noix 

En noix, la récolte s’annonce très petite avec des vergers lourdement impactés par le gel. La vallée de la Dordogne est la plus sinistrée avec des pertes évaluées autour de 80 à 90 % mais pouvant aller jusqu’à 100%.  Les noyers avaient déjà été fragilisés par les excès climatiques de la saison 2023, notamment les maladies dues à l’humidité puis les très fortes températures de la fin d’été. La mise à fruit était donc déjà mal engagée et le gel d’avril 2024 a ensuite grillé les organes de fructification. Les pertes seront énormes. Sur les côteaux et sur le causse, certaines parcelles s’en sortent un peu mieux selon l’exposition mais la récolte sera quand même piètre.

Dans la vallée du Lot, les pertes sont de l’ordre de 60 à 70 % avec les mêmes conséquences. De plus, certains vergers mal entretenus ont viré depuis mi août avec un feuillage noirci, signe du mauvais état sanitaire des arbres. Ces calamités à répétition provoquent le dépérissement de certains arbres, notamment les plus anciens, et leurs propriétaires pensent à l’arrachage pur et simple.

Châtaignes 

En châtaignes, le sort n’est pas meilleur avec les plus lourdes pertes constatées en vallée de la Dordogne. Certaines parcelles ne seront même pas récoltées ! Les châtaigniers de Bouriane s’en sortent un peu mieux avec une petite récolte bien présente, mais des variations selon les implantations. Il en va de même pour ceux de la région ségala. La dernière inconnue concerne le calibre des fruits qui influera sur leur qualité commerciale. Les producteurs affichent là aussi leurs inquiétudes face au manque de produit.

Mobilisation professionnelle 

Le comité des fruits à coque du Lot s’est bien entendu mobilisé dès le sinistre du mois d’avril avec la Fdsea et la Chambre d’agriculture pour organiser le recensement des dégâts et déclencher le dossier calamité. La profession a demandé le dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, et l’aide de la MSA via un soutien à la trésorerie (prise en charge d’une partie des cotisations sociales). Elle a également rencontré le vice président de la région Occitanie, Vincent Labarthe, pour envisager son aide. Le président du comité, Georges Delvert précise « nous suivons de près le dossier de demande calamité et les aides des différentes structures. La commission doit repasser ce mois de septembre pour affiner l’évaluation des pertes réelles sur les vergers en fonction des zones, mais elles seront très conséquentes. Nous sommes aussi inquiets de voir certains vergers délaissés, pas entretenus, avec des arbres qui dépérissent très vite. Il faudrait trouver les moyens d’aider leurs propriétaires à assurer un entretien minimum, sinon ils n’auront plus que la solution de l’arrachage ! Enfin, pour les agriculteurs en difficulté, on peut rappeler que l’association Agrisolidarité est toujours active pour leur venir en aide en toute confidentialité. Il ne faut pas hésiter à l’appeler à la Chambre d’agriculture… »

Source la défense Paysanne