Occitanie : Eviter les rayons vides
« Notre situation s’améliore : de nombreuses stations-services rouvrent, nous pouvons à nouveau prendre des douches et acheter de quoi nous nourrir ».
Ravière, l’Espagnol, témoigne du quotidien difficile des chauffeurs routiers. Parti d’Almeria, il doit livrer sa cargaison alimentaire à un supermarché héraultais. Il parle de la solitude que le confinement dans son camion lui impose, de sa peur du virus toujours présente chez ceux qui traversent régulièrement la France, l’Espagne ou l’Italie.
750 semi-remorques par jour pour nourrir l’Occitanie
« Chaque jour, je m‘arrête pour désinfecter ma cabine, j’évite le contact avec les autres chauffeurs. La semaine dernière, c’était pire : les stations-services étaient fermées, c’était invivable. Nous avions tous l’impression d’être des oubliés.»
Un casse-tête pour les centrales d’achats
Ces chiffres, Thierry Désouche les connaît bien : porte-parole de la coopérative Système U, il est en contact direct avec les acheteurs chargés de faire correspondre l’offre à la demande. Pas facile depuis le début de la crise sanitaire : de l’assaut des premiers jours au confinement.
« Nous avions très tôt anticipé cette première vague d’achats frénétiques. En temps normal, nous avons 4 semaines de stocks sur les pâtes. Avant la crise, nous étions montés à un mois et demi de stocks. Mais nous n’avions même pas le temps de regarnir les rayons qu’ils étaient vidés. Quelqu’un nous a même demandé de lui livrer une palette d’eau minérale ! »
Une fois cette première vague passée, il a fallu faire face aux changements de comportements liés au confinement. Désormais, le consommateur prend ses repas chez lui avec ses enfants. Il achète donc plus de produits à transformer : il boude les plats cuisinés aux profits des produits de base. Une tendance qui va se confirmer avec la fermeture des marchés de plein air.
« On évite l’achat plaisir, au profit de l’achat utile »En bout de chaîne, Charles Lebrec est gérant d’un hypermarché de Montpellier. Il constate également ces changements d’attitude du consommateur qui impactent toute la filière. Depuis trois semaines, dès les premiers signes de Covid 19 en Italie, ses clients ont anticipé un risque de pénurie. Le rayon frais fut le premier boudé.
« Plus que faire des réserves, beaucoup de nos clients reconnaissent avoir changé leur mode de consommation. Ainsi quand on les interroge sur leur surconsommation de farine, beaucoup avouent s’être lancés dans la cuisson de leur propre pain ! »
Dans le même temps, Charles constate l’arrivée d’une nouvelle clientèle dans le « Drive » qu’il gère également. Habituellement prisés des couples avec jeunes enfants, celui-ci attirent désormais les personnes plus âgées qui jusqu’ici aimaient choisir leurs produits en rayons.
« Clairement, on évite l’achat plaisir pour l’achat utile. On boude même le poisson de la criée du Grau du Roi, pourtant protégé d’un film plastique.»
Et de conclure :
« Normalement, nous devrions installer le rayon des chocolats de Pâques. Nous les avons déjà en stock. Mais qui s’y intéresse aujourd’hui ? »
Xavier en espagnol n’est pas Ravière mais JAVIER.
Drive se dit en français SERVICE AU VOLANT ou encore RETRAIT EXPRESS