Olivier-Max Bariot, directeur du Centre Hospitalier de Gourdon depuis 2017, quitte le Lot.

Directeur au parcours atypique, qui a commencé sa carrière en tant qu’infirmier, il va rejoindre le 1er décembre l’hôpital de Gisors dans le département de l’Eure à 600 km de Gourdon.

Olivier-Max Bariot prendra les fonctions de directeur dans un hôpital un peu plus grand que celui Gourdon. Gourdon compte 336 lits et places pour 430 agents, et désormais M. Bariot aura à gérer 460 lits et places pour 600 agents, avec une maternité et un institut de formation d’aides-soignants. La communauté médicale sera plus importante, le double de celle de Gourdon. Un établissement isolé puisqu’il se trouve à 1 h 30 de l’établissement support du GHT (groupement hospitalier de territoire). Une problématique similaire à Gourdon.

Actu : Quels sont les projets à venir sur l’hôpital de Gourdon ?

Olivier-Max Bariot : Le projet de l’IRM a été validé il y a quelques jours. Le projet de construction d’un nouvel EHPAD qui centralisera l’ensemble de la capacité d’accueil sur un seul site est validé églement. Un projet restructuration avec la construction du bâtiment sanitaire permettra de dédoubler certaines chambres. Le projet GIP (Groupement d’Intérêt Public), offre une cuisine mutualisée avec la municipalité de Gourdon. Tous ces projets sont validés par l’ARS. Pour les deux projets immobiliers nous avons obtenu une subvention de 10 millions d’€, 6 pour l’EHPAD et 4 pour le bâtiment sanitaire. Sachant que sur le bâtiment sanitaire nous avons 40 % de subventions et le reste sera en autofinancement avec un point d’interrogation lié à l’inflation… L’Hôpital de Gourdon ne reste pas sur ses acquis, il a des projets pour avancer. Aujourd’hui c’est du concret pour Gourdon et c’est plutôt rassurant. Cela veut dire que Gourdon est un établissement qui en plus de tous ses projets prend le virage ambulatoire et va développer ses consultations et maintenir l’activité de chirurgie ambulatoire. Le deuxième grand axe à tenir c’est celui de la prévention de la santé. Aujourd’hui l’hôpital soigne sur des situations aiguës, demain il va éduquer les citoyens pour éviter de tomber malade. « Mieux vaut prévenir que guérir », et du coup, nous sommes sur de l’éducation thérapeutique, sur de l’accompagnement de la population comme la tabacologie, prévention du cancer etc. Tout cela va se développer et nous l’écrirons dans le projet d’établissement, 2023-2026… Tous ces projets nous ont valu en 4 mois, la visite de 2 directeurs généraux de l’ARS… Nous avons une délégation départementale qui nous soutient dans les projets.

Quel est le bilan financier de l’hôpital ?

O. – M. B. : Depuis la crise sanitaire en 2020 nous sommes sur une garantie de financement d’établissement avec une année de référence 2019. 2019 étant une bonne année pour Gourdon. Nous avons eu la chance d’avoir de bonnes années financières malgré la baisse d’activité et l’absentéisme. Nous avons eu des résultats financiers et budgétaires qui étaient favorables, excédentaires hormis l’EHPAD. Tout cela nous a permis de rembourser nos dettes, ce qui est plutôt bien. Mais nous savons que c’était des années exceptionnelles, alors il faut rester prudent. Pour 2023, il n’est pas annoncé qu’il y aura une garantie de financement. Aujourd’hui les finances de l’hôpital sont saines. Tant que le projet immobilier EHPAD ne sera pas finalisé, l’EHPAD restera un peu déficitaire pour des raisons structurelles, mais le sanitaire s’en sort bien. Le budget principal, la partie sanitaire de l’hôpital est à l’équilibre ou excédentaire depuis 5 ans.

Quel est le climat général au sein de l’hôpital ?

O. – M. B. : La première vague de la crise COVID, a eu peu de conséquences sur l’absentéisme. Autant la 8e vague a eu des conséquences fortes d’absentéisme mais comme dans tous les établissements et pas uniquement à Gourdon nous avons dû fermer des lits pour assurer les vacances d’été du personnel et nous sommes en train d’observer une diminution de l’absentéisme puisque nous sommes aujourd’hui aux alentours de 10 %, pour 14 % il y a quelque temps, alors qu’un temps moyen d’absentéisme est plutôt d’environ 6 à 8 %. En particulier sur les métiers du soin, infirmiers, aides-soignants et suite au recrutement du nouveau directeur des soins, nous faisons le constat que l’on recrute beaucoup plus facilement depuis quelques semaines… Je ne pourrai jamais empêcher les gens de ne pas croire en leur établissement. Cependant, Gourdon est un établissement qui reste fragile et quand on entend dans la presse que nous sommes maltraitants, que l’on trie les patients aux urgences pour ne garder que ce qui est rentable, c’est de la diffamation et c’est regrettable puisque les futurs recrutés ne souhaitent pas être maltraitants ou aller dans un établissement qui fait du tri… Aujourd’hui nous arrivons à recruter et le chalenge c’est de fidéliser.

Quels sont les faits les plus marquants, durant ces années de direction ?

O. – M. B. : Tout m’a marqué, mais tout d’abord les gens, les hommes et les femmes qui travaillent dans l’établissement. De façon majoritaire ce sont des gens qui ont envie d’avancer, porteurs de projets. Gourdon a beaucoup de projets ! Il y a eu des moments compliqués avec les agents qui sont décédés durant leur activité. Nous avons eu 5 décès sur 5 ans et c’est quelque chose qui marque. Nous sommes des professionnels de santé et nous devons faire face à ces situations mais un professionnel est aussi humain et cela reste compliqué. Nous venons d’accueillir une équipe d’accompagnement en soins palliatifs pour à la fois aider les patients, les familles et les équipes, dans ces situations de fin de vie.

Plus personnel, ma venue dans le Lot m’a permis d’apprécier la gastronomie lotoise et surtout m’a permis également de prendre conscience d’arrêter de fumer…Olivier-Max Bariotdirecteur du Centre hospitalier de Gourdon

Quel dossier n’a pas pu aboutir ?

O. – M. B. : Oui j’ai un regret qui est le dossier du fonds de dotation. Nous avons travaillé sur un dossier qui s’appelle : fond de dotation, qui permet sous forme de mécénat de recevoir des fonds supplémentaires. Ce dossier-là n’est pas abouti. Pour présenter le dossier il nous faut un fonds initial de 15 000 € et il nous manque 6 000 € pour pouvoir présenter ce dossier. Il s’agit de fonds privés qui permettent aux donateurs une réduction sur les impôts. Je souhaite que la direction par intérim continue à se mobiliser autour de ce projet pour pouvoir récolter des fonds. Des fonds gérés par l’établissement et grâce à un comité technique qui se positionne sur des priorités d’achat avec comme objectif la qualité de vie pour les personnels ou patients. Par exemple l’aménagement d’une salle pour le personnel ou l’achat d’un minibus pour l’EHPAD, des choses qui avec le seul budget Hospitalier ne pourraient pas se faire.Vidéos : en ce moment sur Actu

Que diriez-vous à votre successeur ?

O. – M. B. : Je lui souhaite à la fois de pouvoir s’investir comme j’ai pu le faire. Je lui souhaite de continuer les projets en cours et engagés. Je lui souhaite de continuer à accompagner l’équipe de direction notamment dans la presque post-crise sanitaire et de se remobiliser pour travailler sur l’attractivité du recrutement des professionnels de santé sur Gourdon. Je lui souhaite de passer des bons moments comme moi j’ai pu passer ici. Car il y a des journées qui se passent avec plus de légèreté que d’autres notamment avec l’ambiance positive de l’équipe de direction qui a été renouvelée en partie et qui est devenue un bon staff… Plus personnel, ma venue dans le Lot m’a permis d’apprécier la gastronomie lotoise et surtout m’a permis également de prendre conscience d’arrêter de fumer…

Olivier Ageorges ActuLot