One Nation: la Safer veut racheter le domaine

La SAFER a fait valoir la semaine dernière son droit de préemption sur le domaine de Sénaillac-Lauzès qui intéresse les complotistes. Le maire regrette que cette préemption ne concerne pas la totalité du domaine et reste inquiet.

One Nation dans le Lot : suite, mais pas encore fin. Le projet d’installation du mouvement sectaire à Sénaillac-Lauzès dans le Lot connaît un nouveau rebondissement. La semaine dernière, la Safer d’Occitanie a exercé son droit de préemption sur le domaine de 200 hectares qui intéresse le mouvement. C’est ce que confirme à la Dépêche du Midi Nicolas Poulhalec le directeur départemental de la Safer dans le Lot sans vouloir donner davantage d’informations.

La Safer (  société d’aménagement foncier et d’établissement rural) est un organisme privé mais chargé par l’Etat de la gestion d’un service public. Pour faire simple, depuis sa création en 1960, la Safer qui se décline dans chaque département français, a un rôle d’intérêt général en aidant les agriculteurs à s’installer. « La Safer achète des biens agricoles ou ruraux puis les revend à des agriculteurs, des collectivités, des établissements publics nationaux ou locaux (conservatoire du littoral, parcs naturels, agences, etc.), personnes privées (conservatoires, associations, fédérations, entreprises, etc.) dont les projets répondent à l’objectif de ses missions» explique l’organisme sur son site.

La préemption n’est engagée qu’après accord de l’Etat, deux commissaires du gouvernement ont ainsi donné leur feu vert. Deux solutions se présentent alors : la Safer peut choisir de préempter au prix ( 750 000€) ou de faire une contre-offre. Sachant que lors d’une préemption au prix, le vendeur ne peut plus se rétracter et doit vendre à la Safer.
Pour Christophe Bénac, le maire de Sénaillac-Lauzès, la Safer était la solution depuis le début.

 » C’est toujours mieux mais ça n’empêchera pas le projet « 

Pour autant, il ne se réjouit qu’à moitié. « C’est toujours mieux que les terres retournent aux agriculteurs mais ça ne suffira pas à empêcher le projet car la préemption ne concerne pas tout à fait la totalité du domaine», explique-t-il. D’après lui, tous les terrains, l’habitation du métayer, les granges, le poulailler et des bâtiments agricoles sont englobés par le droit de préemption. Mais la maison de maître qui constitue le bâtiment principal, en serait elle exclue. Alors, l’édile qui croyait être soulagé a aujourd’hui une double crainte. D’abord, celle que les vendeurs contournent le projet de la Safer en montant une société :  «  Les propriétaires du domaine peuvent, s’ils le souhaitent, monter une société et One Nation y acheter des parts pour récupérer la maison de maître». Ensuite, un terrain jouxtant le domaine, promis à la vente, se retrouve finalement de nouveau sur le marché, ce qui pourrait augmenter la surface du domaine.

Toujours est-il qu’à Sénaillac-Lauzès et dans les communes voisines, les agriculteurs pourraient bien être intéressés par le projet de la Safer. La commune compte trois paysans. Cinq autres agriculteurs des villages voisins viennent y cultiver des terres. « On espère que des jeunes s’installeront et des agriculteurs du secteur pourraient bien vouloir compléter une partie de leur production avec des parcelles du domaine», ajoute le maire.

Christophe Canal, le président de la chambre d’agriculture du Lot se réjouit de la nouvelle.  »  Je préfère que ce domaine reste dans l’activité agricole plutôt qu’il soit confié à un mouvement sectaire, j’espère maintenant qu’on arrivera à trouver des solutions  pour que les agriculteurs puissent s’installer, en tout cas on va travailler sur ce dossier en lien avec la Safer ».

Dans le Lot, la mobilisation contre ce projet d’installation ne faiblit pas. Ce lundi, près de 1000 personnes ont signé la pétition « Non à l’installation d’un groupuscule à dérives sectaires dans nos villages du Lot», sur Change.org.

Après la suspension de la cagnotte, Helloasso enquête et rembourse

Pendant ce temps, sur Helloasso qui a suspendu la cagnotte le jeudi 7 octobre, les donateurs demandent à se faire rembourser. Les équipes du site confirment avoir reçu plusieurs demandes : « Nous avons reçu des demandes de remboursements de la part de donateurs, que nous traitons. La conclusion de l’analyse doit nous permettre de prendre une décision sur le devenir des fonds qui n’ont pas fait l’objet d’une demande de remboursement». Sur Telegram, certains donateurs assurent avoir été remboursés. De son côté, l’analyse d’Helloasso progresse : «  Nous avons pris la décision de suspendre la collecte afin de pouvoir poursuivre nos analyses en interpellant notamment les services de l’Etat qui ont la compétence d’arbitrer l’anomalie que les premiers éléments d’investigation révèlent de notre côté à savoir le caractère d’intérêt général de l’organisme».

Manon Adoue ladepeche.fr