Orages : le vrai du faux sur les comportements à adopter en cas de foudre

« La foudre est imprévisible et les accidents n’ont lieu que lors des orages très violents »

FAUX

Les orages ne sont pas soudains et imprévisibles. « Neuf orages sur dix sont parfaitement anticipables, notamment sur leur évolution dans l’heure »,

la majorité des accidents surviennent lors d’orages modérés, et non pas au cours d’« épisodes remarquables ou de situations sévères. » Ce qui vient rappeler que « tout orage est par nature dangereux ».

« Durant un orage, mieux vaut éviter de prendre un bain ou de téléphoner »

VRAI

Il est déconseillé d’utiliser tout appareil électronique directement raccordé à une prise, car la foudre peut traverser les branchements électriques ou de réception. Il ne faut pas utiliser un ordinateur branché sur secteur, une console de jeux, un four ou même une machine à laver. Si l’idéal est d’avoir débranché les installations sensibles avant, mieux vaut ne pas s’approcher des prises ou tableaux électriques lorsque l’épisode orageux est en cours.

Il faut aussi éviter d’utiliser un téléphone filaire durant l’orage. En revanche, les téléphones portables n’augmentent pas le risque d’être frappés par un éclair.

La foudre peut aussi être conduite par la plomberie : il ne faut pas prendre un bain, une douche ou même laver sa vaisselle lorsqu’il y a de la foudre, et d’une manière générale, éviter tout contact avec l’eau.

« Il est dangereux de rester dans sa voiture lorsque les éclairs approchent »

FAUX

A condition qu’elle ne soit pas décapotable, une voiture constitue une bonne protection contre la foudre. En effet, si un éclair frappe la structure métallique de l’automobile, le courant s’écoule le long de la carrosserie et s’évade vers le sol, protégeant ainsi les passagers de l’électrocution. C’est le principe scientifique de la cage de Faraday, une enceinte métallique étanche aux champs électromagnétiques. Attention cependant aux véhicules construits avec des matériaux composites, tels les camping-cars, qui n’offrent pas cette protection en cas d’orage.

Il reste tout de même conseillé de s’arrêter dans un endroit sûr et d’aller s’abriter dans un bâtiment. Le danger en voiture n’est pas lié à la foudre, mais aux effets du vent ou des fortes pluies.

« Les pneus en caoutchouc d’un vélo protègent les cyclistes »

FAUX

Contrairement à une légende urbaine, les pneus ne protègent pas de la foudre. A vélo, trottinette, moto ou même gyropode, il est donc conseillé de s’abriter à l’intérieur d’un bâtiment, dans la mesure du possible. Et il faut éviter tout contact avec le métal.

« Il ne faut pas s’abriter sous un arbre »

VRAI

C’est le b.a.-ba de la réduction des risques lors d’un épisode orageux, et pourtant… Selon l’étude de la revue La Météorologie, dans un quart des 215 accidents analysés, les victimes de la foudre avaient été touchées alors qu’elles se trouvaient « sous ou à proximité d’arbres » ou dans « un abri de fortune (cabane en bois, hangar, etc.) ».

Le principe est simple : l’éclair cherche toujours le chemin le plus court entre le nuage et le sol. Même s’il pleut très fort, il ne faut pas s’abriter sous un arbre isolé.

Dans une forêt, le risque que la foudre touche l’arbre sous lequel vous vous abritez est moindre, mais il reste conseillé de s’écarter le plus possible des troncs et des branches, tout en anticipant la chute de ces derniers. Encore une fois, il vaut mieux s’abriter dans un bâtiment « en dur » ou une voiture.

« La foudre ne frappe jamais au même endroit »

FAUX
Contrairement à ce dicton populaire, la foudre peut frapper deux fois au même endroit, puisque l’éclair cherche toujours le point le plus court entre le nuage et le sol. Ainsi, les édifices très hauts et pointus amplifient le champ électrique local et créent un « effet de pointe ». C’est le principe du paratonnerre. Selon Météorage, en dix ans (2008-2018), la tour Eiffel a reçu 37 impacts de foudre et le pic du Midi de Bigorre (Hautes-Pyrénées), situé à 2 876 mètres d’altitude, a été frappé 1 874 fois.Pour autant, cette idée reçue n’est pas complètement idiote si l’on exclut les grands édifices, explique l’expert de Météorage : « En France, on a environ un éclair au kilomètre carré par an, la probabilité pour qu’il retombe exactement au même endroit l’année d’après est extrêmement faible. »

« La foudre touche davantage les hommes que les femmes »

VRAI (statistiquement)

Sur les quatre-vingt-trois décès analysés cette dernière décennie en Europe, deux tiers concernaient des personnes de sexe masculin, selon l’étude précitée. Cela peut s’expliquer par une sous-estimation du risque chez les hommes, qui tendent à considérer que l’épisode orageux n’est pas dangereux.

Autre piste, selon le coauteur de l’étude : « Beaucoup d’activités extérieures, telles que la maintenance ou les métiers du BTP, sont exercées par des hommes ». En effet, l’enquête approfondie sur les accidents européens montre que 19 % des victimes se trouvaient sur leur lieu de travail en extérieur.

« La foudre tombe plus souvent sur des vaches que sur des humains »

VRAI

Entre 5 000 et 20 000 bêtes meurent chaque année foudroyées en France, le plus souvent des vaches, en raison de l’importance du cheptel bovin (plus de 18 millions).

Comme les humains, les vaches sont rarement touchées directement par la foudre, mais plutôt victimes du phénomène de « tension de pas » : l’impact tombe à proximité et le courant électrique se diffuse au sol avant de remonter par les pattes. Si, pour les humains, le courant passe d’une jambe à l’autre en évitant le thorax, il est souvent fatal pour les quadrupèdes puisqu’il traverse l’ensemble du corps et touche le cœur. C’est ainsi qu’en Norvège, trois cents rennes ont été foudroyés simultanément, en août 2016.

« Il ne faut pas courir lors d’un orage, cela augmente le risque d’être foudroyé »

VRAI, MAIS…

En principe, courir lors d’un orage augmente le risque de « tension de pas », c’est-à-dire que le courant passe entre les jambes avec une tension plus importante puisque les pieds sont écartés.

En cas d’impossibilité de se réfugier à l’abri, il est donc souvent conseillé de s’accroupir au sol, les pieds joints, les genoux contre la poitrine, la tête rentrée et les mains sur les oreilles, de manière à réduire au maximum le contact avec le sol qui conduira l’électricité. Il ne faut surtout pas s’allonger. Si vous êtes plusieurs, il faut aussi éviter de se regrouper, pour éviter que le courant se propage d’une personne à l’autre.

En pratique, cependant, mieux vaut chercher à rejoindre un bâtiment s’il se trouve à proximité. « En dépit de toutes les considérations physiques et électriques, courez vous réfugier si vous le pouvez, conseille Stéphane Schmitt, de Météorage. Si vous êtes sur un terrain de football, par exemple, le haut de votre corps est le point le plus élevé de cette surface plane. Mieux vaut se précipiter aux vestiaires que de rester accroupi pendant des dizaines de minutes, dans une position très inconfortable. »

« Il ne faut pas toucher quelqu’un qui vient d’être frappé par la foudre »

FAUX

Il n’y a aucun risque de s’électrocuter en touchant une personne qui vient d’être frappée par la foudre : le courant n’a fait que passer par la victime, qui ne garde aucune charge électrique.

Au contraire, il faut lui venir en aide rapidement après avoir prévenu les secours. Si la victime est consciente et respire normalement, il convient de la couvrir. Si elle est inconsciente, il faut la coucher sur le côté, en position latérale de sécurité (PLS). Enfin, si elle ne respire plus, il est nécessaire de lui faire un massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours.

Si le risque de foudre est persistant, tentez de vous mettre à l’abri et espacez vous d’au moins trois mètres entre chaque personne pour éviter un foudroiement collectif.

« Il faut fermer les fenêtres pour que la foudre n’entre pas »

FAUX MAIS…

C’est un sujet sur lequel tous les experts ne sont pas d’accord. Certains considèrent qu’un courant d’air pourrait générer une charge d’électrons attirant la foudre dans le domicile. D’autres estiment peu probable que cela puisse constituer un risque supplémentaire de foudroiement.

Dans tous les cas, il reste tout de même conseillé de fermer ses fenêtres lors d’un orage, au moins par mesure de précaution contre les rafales de vent et la pluie.

Source : article de Romain Geoffroy – Le Monde