Ou en est le photovoltaïque dans le Lot?
Dans le Lot, de plus en plus de centrales photovoltaïques émergent. Il faut dire que c’est l’énergie renouvelable la plus représentée dans le département, même si son potentiel est encore trop peu exploité.
Qu’elles soient photovoltaïques, éoliennes ou hydroélectriques, aujourd’hui les sources d’énergie renouvelables (EnR) sont multiples. Pour autant toutes ne sont pas également représentées. Dans le Lot, département peu venteux, treize parcs photovoltaïques ont été implantés ces dernières années et deux sont actuellement en projet mais seulement trois mâts d’éoliennes se dressent à Sousceyrac.
En 2020, une « Charte départementale pour le développement de projets Energie Renouvelable » réalisée à l’initiative du Département fixait les objectifs du territoire : « L’ambition pour le Lot est de baisser de 40 % la consommation actuelle d’énergie d’ici 2050 pour revenir à 2400 GWh/an et dans le même temps d’augmenter la production d’EnR actuelle de près de 1 000 GWh/an pour faire coïncider consommation et production. »
À titre d’exemple, pour produire 1000 GWh/an, il faudrait installer 1 700 hectares de panneaux photovoltaïques. Car dans le Lot, c’est le photovoltaïque qui a le plus gros potentiel de développement : alors que 59 GWh étaient produits en 2017, on pourrait en attendre 800 en 2050. La cheffe du service Prospective et politiques de développement durable de la DDT Gwenhael Bonté se prête à un tour d’horizon.
Où en est la production photovoltaïque dans le Lot ?
Par rapport à d’autres départements, nous avons peu de production photovoltaïque. Mais ce n’est pas une question de mentalité, c’est plus une question historique. Nous n’avons pas de réseau de lignes à haute tension ce qui fait qu’il y a très peu de possibilités pour connecter des productions d’énergie. Au moment où les énergies renouvelables se sont développées, les limites des infrastructures de transport d’électricité n’ont pas rendu ce département prioritaire pour les promoteurs photovoltaïques. Si on commence enfin à avoir plus de porteurs de projet, c’est lié à la baisse des coûts de production.
Quelles sont les conditions à réunir pour installer un parc photovoltaïque ?
Une autorisation d’urbanisme doit être délivrée. En fonction de la taille des projets, une évaluation environnementale étudie systématiquement leur impact. Il n’y a pas aujourd’hui de site déjà prêt à en accueillir une. Ce n’est pas un droit absolu, c’est l’autorisation d’un projet.
Dans un département rural comme le Lot, n’y a-t-il pas un fort potentiel foncier qui permettrait d’accueillir de nouvelles centrales photovoltaïques ces prochaines années ?
En théorie oui, mais en pratique on ne peut pas urbaniser un terrain non construit à la légère, même si c’est pour un parc photovoltaïque. Cela reste de l’urbanisation, c’est l’objet d’un permis de construire. La conversion de terres agricoles ou naturelles en parc photovoltaïque n’est pas si facile. D’autant plus que l’Etat a dans ses missions la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers, notamment pour préserver l’environnement et la biodiversité.
Des sociétés comme Enercoop ou Céléwatt sont bien implantées dans le département. Quel est l’intérêt d’avoir de petites centrales ?
Il n’y a pas de préférence pour un type de développement plutôt que pour un autre. Ce que nous constatons dans les petits projets, c’est que, comme ils sont très en lien localement avec les habitants et les élus, il y a une volonté de bien faire qui conduit à peut-être plus d’attention au territoire et plus de facilité à s’adapter et à s’intégrer. Cependant, et même s’il y a quelques beaux succès, cela représente peu en production d’énergie.
Hormis le photovoltaïque et l’éolien, y a-t-il dans le Lot d’autres sources d’énergies renouvelables ?
Il y a beaucoup d’hydroélectricité mais avec une marge de progression assez faible. Pratiquement tous les courants sont déjà exploités au maximum.
Comment envisagez-vous l’avenir des énergies renouvelables dans le Lot ?
Aujourd’hui, la marge de progrès est essentiellement sur le photovoltaïque. Il y a d’ailleurs une forte augmentation de la prospection pour des parcs photovoltaïques au sol. Certains de ces projets vont aboutir, mais on est encore loin de pouvoir fournir la production attendue. À côté de ces projets de centrale au sol, le photovoltaïque en toiture, qui permet d’éviter de consommer des terres agricoles et naturelles, est sous-développé et reste à investir.
À Villesèque, un nouveau parc solaire pour Enercoop
Sur l’ancienne carrière, 602 panneaux photovoltaïques sont sortis de terre. Ce samedi 4 septembre est inaugurée la nouvelle centrale d’Enercoop, à Villesèque. Installée depuis janvier sur ce site de 8500 m2, elle prend enfin vie. Le courant continu est converti en courant alternatif directement sur le site afin qu’il puisse être ensuite réparti sur le réseau. « La centrale va pouvoir produire 250 KWh, soit fournir environ 80 foyers », explique Aurélien Fernandez, gérant de Courant naturel, la société qui s’est occupée de l’installation de tous les parcs Enercoop dans le Lot et qui gère leur entretien. « Le photovoltaïque est une très bonne solution : il n’y a pas de nuisance pour le voisinage, les panneaux sont garantis 25 ans, c’est unique sur le marché. La seule contrainte, c’est l’espace ».
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Enercoop choisit le plus souvent de petites surfaces pour installer ses parcs. À Blars, Montfaucon et Lachappelle-Auzac, elles mesurent entre 5 000 et 8 000 m2. Leur nouveau projet, autorisé à Rouffilhac, s’étend sur 4 500 m2. Mais l’intérêt premier pour la coopérative, c’est la réappropriation citoyenne. « Un gros projet devient vite difficilement accessible pour les citoyens et les élus locaux. À Villesèque, c’est concret : notre centrale va couvrir la moitié de la consommation annuelle du village », explique François Richer, directeur général d’Enercoop Midi-Pyrénées. « Et puis c’est l’opportunité d’aller pus vite ! ».
La taille ne fait pas tout, il faut aussi que le terrain soit raccordé au réseau électrique. Et c’est là peut-être la plus grande difficulté. « Trouver les bons terrains est un travail de fourmi pour lequel on mobilise nos 3 700 sociétaires », ajoute le bénévole. Sans but lucratif, la coopérative défend une politique environnementale et cherche à « influencer le système ». À Villesèque comme sur leurs autres sites, le béton a été banni, les panneaux sont plantés directement dans le sol. « Ce que nous cherchons avant tout, c’est le retour sur l’investissement carbone. Ne pas mettre de béton permet la réversibilité du site et une diminution du carbone dépensé pour réaliser le site », souligne François Richer.
Commentaires les plus récents