Ce mardi 28 juin avait également lieu le vote de la loi El Khomri au Sénat. «Après notre action jeudi dernier à Saint-Cirq-Lapopie, notre sénateur Gérard Miquel nous a assuré par téléphone qu’il ne voterait pas la loi», a affirmé Patrice Matence. Après un rapide défilé jusqu’à la préfecture du Lot, rue des Carmes à Cahors, les manifestants ont accompagné une délégation intersyndicale reçue par Jean-Paul Lacouture, directeur de cabinet de la préfète du Lot. Les quatre responsables syndicaux ont remis les signatures de la votation citoyenne qui se poursuit jusqu’au 5 juillet. «On ne lâchera pas, prévient le secrétaire départemental de la CGT. On organise ce jour-là à Cahors notre prochaine manifestation interprofessionnelle pour demander le retrait de la loi. S’il faut, on sera là en septembre».
À Figeac, c’est un rassemblement qui a réuni 150 à 200 manifestants, devant la sous-préfecture, tandis qu’une délégation intersyndicale remettait quelque 600 votes citoyens au représentant de l’État, à 96 % défavorables à la loi Travail. «L’échange a été bref et le discours très sécuritaire, rien sur le fonds», disaient les syndicalistes.
Hier après-midi en marge de la manifestation cadurcienne, une action surprise a touché la zone d’activités de Cahors sud. Toutes les entreprises et l’aérodrome ont été privés d’électricité durant une heure. L’action coup de poing a été revendiquée par les syndicats de l’énergie, comme l’a affirmé Patrice Matence, secrétaire départemental de la CGT. La présidente du syndicat mixte de Cahors sud, Genevière Lagarde, a regretté cette initiative contre l’économie locale.
A.Lecomte et Lae. Bertoni
La Dépêche
Le Sénat a voté mardi une version durcie de la loi travail, par 185 voix contre 156. Un vote qui intervient alors qu’une nouvelle journée de mobilisation contre cette loi s’est tenue en France. Entre 64.000 et 200.000 personnes ont manifesté en France, selon les chiffres respectivement de la police et des syndicats.
Le Sénat français, où la droite est majoritaire, a profondément remanié le texte, notamment en supprimant les 35 heures comme norme pour la durée du travail.
Les groupes Les Républicains (LR) et UDI (centriste) de la haute assemblée ont voté ce texte. Tous les groupes de gauche ont voté contre. Le groupe socialiste accuse la droite de « sacrifier le droit du travail » en dénaturant le projet de loi.
Le Sénat a entériné le texte mis au point par sa commission des Affaires sociales qui a modifié son article 2, le plus contesté, donnant la primauté aux accords d’entreprise sur les conventions interprofessionnelles ou de branche.
Son texte confirme ainsi cette « inversion des normes » et rétablit le plafonnement des indemnités prud’homales pour licenciement abusif, disposition retirée par le gouvernement pour convaincre les syndicats réformistes de soutenir le texte.
De même, il revient au périmètre national pour l’évaluation des difficultés pouvant justifier un licenciement économique.
Les sénateurs de droite ont ajouté plusieurs dispositions, dont la suppression de la durée légale de travail et la fixation d’une durée de référence par un accord d’entreprise.
La majorité a annoncé que sa mouture du texte serait reprise en cas de victoire de l’actuelle opposition aux prochaines élections présidentielle et législatives.
Vote final le 20 juillet
L’échec d’une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat, convoquée dès mardi soir, est déjà programmé et les députés procéderont à une nouvelle lecture à partir du 5 juillet.
Le gouvernement a déjà prévenu qu’il rétablirait la version sur laquelle il a engagé sa responsabilité en première lecture, à quelques ajustements près.
Le groupe socialiste de l’Assemblée se réunira mercredi matin pour discuter de ce texte en présence de la ministre du Travail Myriam El Khomri. « Nous continuons à rechercher toutes les améliorations possibles », a dit la députée PS Annick Lepetit. « J’espère que le président de la République indiquera à son premier ministre qu’il serait peut-être plus utile de discuter réellement. On n’est pas très loin d’un compromis possible. Il me semble que les syndicats sont disposés à un compromis », a jugé pour sa part Laurent Baumel, l’un des chefs de file des « frondeurs » PS.
Mais Manuel Valls a maintenu sa détermination à faire adopter le texte sans grands changements et, faute de majorité assurée, le gouvernement devrait utiliser une nouvelle fois, comme en première lecture, la procédure contraignante du 49-3 qui permet de faire adopter un texte sans vote.
L’opposition de droite a d’ores et déjà annoncé qu’elle déposerait une nouvelle motion de censure. La « gauche de la gauche » tentera une nouvelle fois de recueillir les 58 signatures nécessaires pour déposer sa propre motion.
Le texte repartira ensuite au Sénat, le 18 juillet, où il sera à nouveau entièrement remanié. L’Assemblée, qui a constitutionnellement le dernier mot, devrait procéder à sa lecture définitive le 20 juillet.
Le Figaro
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