Porte ouverte à la mosquée de Cahors
Accueil fraternel et thé chaud hier à la mosquée de Cahors : les ingrédients de ses journées portes ouvertes ont conquis les visiteurs. Même menu aujourd’hui. Entrez et déchaussez-vous…
Aux grands coups portés à l’humanité, un geste d’humanisme venant d’une communauté qui se bat contre les amalgames s’imposait, selon les musulmans, ce week-end dans toutes les mosquées de France.
L’idée de cette journée portes ouvertes a germé au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Ses responsables condamnent avec vigueur la barbarie de Daesh qui a endeuillé le peuple français en 2015. Le sang a coulé dans les locaux de Charlie Hebdo, à l’Hyper Cacher de Paris, au Bataclan… puis les armes ont enfin été neutralisées.
Pas les âmes perverses. Chaque vendredi, à la mosquée, Mohamed El Bahlouli, l’imam de Cahors, prêche «la paix et la tolérance», dit-il. «Après chacun de ces attentats en France, j’ai pris la parole pour évoquer cette terrible actualité, rendre hommage aux victimes et rappeler les vraies valeurs de l’islam», explique-t-il.
Un autre musulman venu à la rencontre des visiteurs, tient un langage similaire. «On ne peut pas encourager au meurtre au nom d’une croyance.»
Il se présente comme l’un de ceux qui prônent ce qu’il appelle sans provocation «la radicalisation de la paix».
Des guides culturels
La visite de la mosquée débute par un thé servi autour d’une grande table copieusement garnie de fruits secs et de pâtisseries traditionnelles. Les visiteurs sont conquis et saluent unanimement ce geste d’ouverture relayé par l’Association des musulmans du Lot.
«Je félicite cette ouverture d’esprit qui nous permet d’être là», lance Odile aux côtés d’autres personnes, dont certaines se souviennent qu’elles ont déjà visité des mosquées.
«Oui, mais c’était à l’étranger, en Turquie, à Jérusalem, au Maroc, en Égypte…», énumèrent tour à tour Marie-Thérèse et Sébastien. Ce dernier reprend : «Il était temps d’en découvrir une en France. Il est important de chercher à accepter l’autre à travers sa culture aussi.»
Aziz Azagagh, le trésorier de l’association présidée par Hakim Madan, est sensible à de tels propos. «À travers ces deux journées portes ouvertes, nous voulons démontrer que le quotidien d’une mosquée et le comportement des musulmans représentent tout le contraire de la haine et de ce qui se déroule en France lors des attentats. Notre islam défend l’idée de la fraternité et de l’amour de l’autre. Il combat l’intolérance», martèle-t-il. Aziz et Hakim ne cherchent pas à être des guides spirituels, juste des guides culturels. C’est le rôle qu’ils jouaient hier et qu’ils continuent à tenir aujourd’hui.
À l’évidence, pour eux et leurs frères musulmans, ouvrir en grand et à tous, les portes d’une mosquée, cela consiste simplement à lever le voile sur un univers qui intrigue et fascine, ou parfois peut effrayer.
L’objectif étant de gommer les peurs en proposant une découverte culturelle. Hier, les hommages aux victimes étaient sur toutes les lèvres, les sentiments de dégoût devant les atrocités prédominaient et les échanges entre musulmans, catholiques et athées s’harmonisaient sur le thème du «refus des amalgames». Même rendez-vous, même objectif aujourd’hui, de 9 h 30 à 12 heures et de 14 heures à 17 heures.
Vous prendrez bien un thé !
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