Pour de bon dans le Lot

Après réflexion, elle s’était décidée… « Dis donc Robert ! On n’est pas bien ici! » Robert compris tout de suite qu’elle faisait allusion à la fameuse réplique dans le film: les valseuses.
C’était une boutade qui, entre eux, les faisait toujours rire.
Roberte avait créé, sans le vouloir, une ambiance bon enfant, elle en profita pour se jeter à l’eau.
« Robert, j’aimerai que l’on s’installe pour de bon dans le Lot »
Elle le regardait attentive, car aucun son ne sortait de sa bouche, il restait silencieux, par contre son visage parlait clairement, il y avait une inquiétude dans son regard, comme si Roberte lui avait déclaré sans ménagement : « on se sépare… »
Elle ne fut pas stupéfaite de sa réaction, elle l’avait prévu

« Je ne veux pas t’abandonner Robert, je veux juste t’exprimer un choix qui me tient à cœur »
Son homme, ne répondit toujours rien, il attendait des explications supplémentaires.
Après un moment d’hésitation, Roberte repris la parole.
Elle lui expliqua en long et en large, tout ce qui lui était arrivé pendant ces vacances, ce besoin soudain de vivre autrement, de se libérer de ce poids qu’elle avait accumulé sans s’en rendre compte, tant il lui pesait.
C’était comme ça, elle n’y pouvait rien, il fallait qu’elle respire au grand air….

Son époux l’écoutait attentivement, il cherchait à comprendre, tout cela arrivait si subitement, qu’il n’y avait pas encore de petite case dans sa tête, pour recevoir cette confession.

Il aimait assez sa Roberte chérie pour ne pas réagir au premier degré dont la réponse aurait pu devenir: « qu’est ce que tu viens m’ennuyer avec toutes tes histoires, tu ferais bien de préparer rapidement tes affaires, je te rappelle que nous partons dans 2 jours »
Mais ce n’est pas la réponse de Robert qui était plus intelligent qu’il en avait l’air, parfois.
Il lui dit gentiment, que lui aussi avait pensé à des moments donnés à tout quitter et à fermer le bistrot définitivement .
Il lui avait dit que cette décision ne pouvait pas être prise à la légère.
Il avait ajouté qu’il était tout à fait normal de se poser des questions sur les choix que l’on faisait dans sa vie, tant elle était longue.
Il avait dit qu’il la comprenait et qu’il l’approuvait mais qu’il fallait attendre encore un peu, qu’ils pouvaient se donner un certain délai avant de se décider pour de bon.

Roberte appréciait chez son mari toute ses réponses qui ne le rendait que plus aimant.
Mais le problème n’était pas là, elle aimait son mari, c’était une évidence, ce qui l’a tarabustait, ça se passait, dans son fort intérieur, il y avait comme un hic!
Ça ne roulait pas aussi facilement que sur des roulettes sur le chemin de ses connexions nerveuses.
Il n’y avait rien de rationnel qui émergeait, la logique n’avait rien à faire la dedans.
C’était quelque chose de plus fort qu’il lui venait dont on ne sait où.
Une réaction qui avait pris racine depuis longtemps dans ses profondeurs et qui était prête tout à coup à sortir, comme une plante qui sort de son oignon, tout est prêt pour qu’elle s’épanouisse, elle peut se nourrir sur place, elle n’a besoin de personne si non d’un abri dans un environnement bien adapté pour survivre.
Cet abri, elle l’avait, elle achèterait une maison avec des terres cultivables et elle s’installerait rassurée par son entourage qu’elle connaissait.
Elle pris son courage à deux mains et énonça clairement avec une voix tranquille:
« Robert, j’ai déjà décidé, je reste ici… »
C’est là que Robert sentit ses deux jambes fléchir, il perdait pied dans son monde qui s’écroulait avec lui, aucune perche ne venait le secourir. L’assurance dans la voix de Roberte l’avait pétrifié.
Comment se sortir d’une telle situation ?
Robert tomba malade…