Pourquoi je démissionne de la vice-présidence à la culture à la CCCS.
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Au printemps 2014, j’ai été élue vice-présidente à la Communauté de Communes Cazals-Salviac par un vote en conseil communautaire.
A la suite de ce vote, Monsieur Bargues, président de la CCCS, m’a confié la délégation de responsable de la culture sur le territoire de la communauté de communes.
Au cours des deux années où j’ai exercé cette fonction, je me suis efforcée de représenter la Communauté de Communes sur le plus grand nombre possible de manifestations culturelles, afin d’affirmer tout l’intérêt que leur portent les élus. Je me suis également investie dans un soutien actif à toutes les démarches à caractère culturel auxquelles m’était donnée l’opportunité de participer.
Peu à peu, j’ai vu s’élaborer une politique culturelle de territoire qu’il m’était loisible d’accompagner, en y prenant une part qui s’avérait relativement restreinte, voire marginale (ce qui relève probablement des limites du rôle d’élu).
Nous sommes, à l’heure actuelle, à la veille d’une nouvelle session de délibérations et de votes, dont certains engageront très durablement l’avenir culturel de notre territoire.
En particulier, la saison 2016-2017 des activités de la communauté de communes verra se mettre en place tout le processus conduisant à l’ouverture de la salle de spectacle dont la construction est sur le point de débuter à Gindou.
A plusieurs reprises, en conseil communautaire, j’ai laissé parler l’inquiétude que m’inspire la réalisation de ce projet ambitieux.
Enseignante depuis peu à la retraite, passionnée de culture au sens le plus large et soucieuse de sa transmission au plus grand nombre, je me suis toujours réjouie de l’extrême vitalité de ce secteur sur le territoire de la CCCS. Il est vrai que notre communauté de communes peut, à juste titre, s’enorgueillir de bénéficier de l’action d’une grande diversité d’acteurs – aussi bien professionnels, qu’issus du milieu associatif – s’investissant dans la diffusion la plus large d’une culture de grande qualité.
Par leur dynamisme, leur disponibilité, leur engagement sans faille, tous ces passionnés mettent à la portée des habitants de cette zone rurale des opportunités de se cultiver, habituellement réservées aux citadins.
Jusqu’à présent, la CCCS a mené une politique de soutien actif à ces professionnels et ces associations, par l’octroi de subventions sans lesquelles ils ne pourraient continuer leur œuvre.
A ce stade de la réflexion – au vu des décisions prises, ou qui s’annoncent dans un avenir proche – je ne peux me départir de la crainte que les lourdes dépenses d’investissement et de fonctionnement inhérentes à la création de la salle de Gindou finissent, à plus ou moins longue échéance, par peser d’une manière telle sur le budget culturel de la CCCS, que cet équipement absorbe une part non négligeable des fonds consacrés à la culture sur le territoire. Et ce, malgré les aides diverses – et indubitablement importantes – qui lui ont été, ou lui seront attribuées.
Une telle installation ne pourra assurément prendre tout son sens que dans le cadre d’une programmation annuelle de manifestations diverses. Bien évidemment, la création d’un poste de chargé de fonctionnement s’avère incontournable. Ce dispositif est d’ores et déjà prévu, et budgété – démarche indispensable si l’on veut que le lieu soit opérationnel dès son inauguration. Or, tout ceci signifie – sur le long terme – des charges que l’on peut tout à fait imaginer.
Ne peut-on pas alors redouter l’impact négatif que risquent d’avoir de telles charges sur ce qui fait la richesse culturelle de notre territoire, à savoir la multiplicité de l’offre dans ce domaine ?
Je reste persuadée que défendre la culture en milieu rural consiste, en priorité, à donner les moyens de poursuivre leur action aux dizaines de passionnés qui ne ménagent pas leur peine pour la faire vivre jusque dans les rues de leurs villages, pour y faire accéder les plus jeunes comme les plus âgés, pour mettre en valeur les spécificités et les richesses patrimoniales de leurs communes.
L’œuvre pédagogique essentielle dans laquelle s’impliquent, avec enthousiasme et dévouement, les différents professionnels de la culture exerçant sur notre territoire (aux Ateliers des Arques, comme aux résidences de danse à Marminiac, ainsi qu’autour des Rencontres de Gindou) ne nécessite-t-elle pas pour perdurer que l’on puisse affermir les subsides qui y sont consacrées ? Ne court-on pas, à l’avenir, le danger d’une éventuelle raréfaction de ces subsides, parce qu’elles iraient se concentrer sur un aménagement « phare » ?
Je dis bien « éventuelle ». D’aucuns me démontreront que l’audace et l’ambition sont deux moteurs dont on ne saurait se priver. Je souhaite sincèrement qu’ils soient dans le vrai, et qu’ils puissent, demain, m’apporter la preuve que j’aurai été trop « frileuse ».
Néanmoins, je ne veux pas courir le risque de me retrouver un jour dans la position inconfortable d’avoir – de fait – cautionné une réalisation dont je ne parvenais pas à voir l’absolue nécessité, et de devoir, par voie de conséquence, entériner des coupes sombres dans les budgets de la CCCS destinés à la culture.
Aujourd’hui, au vu de ces deux années d’expérience, et des questionnements qu’elles ont suscités en moi, j’ai demandé au Président de la CCCS de bien vouloir me décharger de la vice-présidence qu’il m’avait confiée.
A l’approche de la reprise des activités de la communauté de communes, j’ai jugé qu’il était temps pour moi de présenter cette requête. Ceci, afin de pouvoir prendre toute ma place dans les débats à venir sans la moindre ambiguïté.
Je reste, cependant, membre de la commission culture, et je continuerai à m’investir dans la vie des diverses associations culturelles auxquelles j’ai adhéré.
Mon plus grand regret est de ne pas avoir eu les moyens de faire davantage avancer un projet qui me tenait particulièrement à cœur : celui de la Maison de la Mémoire à Frayssinet-le-Gélat – réalisation bien plus modeste que celle programmée à Gindou, mais d’une portée symbolique qui me paraît essentielle dans les temps troublés que nous traversons.
Catherine BÉNAZÉRAF
Conseillère communautaire
Communauté de Communes Cazals-Salviac
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Admiration pour cette courageuse prise de position et respect pour avoir osé l’exposer publiquement. Le débat est ouvert….
» Ne court-on pas, à l’avenir, le danger d’une éventuelle raréfaction de ces subsides, parce qu’elles iraient se concentrer sur un aménagement « phare » ? N’est pas déjà le cas pour tous, reflété par vos propos en nommant :
: » les différents professionnels de la culture exerçant sur notre territoire (aux Ateliers des Arques, comme aux résidences de danse à Marminiac, ainsi qu’autour des Rencontres de Gindou »
Si ces structures ne sont pas phares !!!
Le prochain poste de chargé de fonctionnement rencontrera t il pour les accompagner, les dizaines de passionnés qui ne ménagent pas leur peine pour faire vivre la multiplicité de l’offre culturelle hors de ces phares précédemment citées? ou plutôt les laisser dans l’ombre prenant le risque qu’elles disparaissent…
Ma chère Catherine,
C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu ta décision.
Il est clair que ta récente nomination au sein de la CC en tant que nouvelle élue, ne pouvait peser sur le choix de la salle de Gindou dont la création me paraissait à moi, pouvoir jouer le rôle d’un mini pôle de la culture rurale locale.
Malheureusement l’historique du projet a montré qu’au tout début du projet, l’absence de concertation et de réflexion de tous les élus de l’époque et de la population civile a manqué pour répondre à une véritable politique de territoire rural.
De fait, le projet est devenu aux yeux de beaucoup de personnes extrêmement partisan.
Une structure plus polyvalente aurait alors sûrement répondu à de plus larges besoins qui s’expriment trop tard aujourd’hui. (La nécessité d’une structure couverte à Gindou, une salle polyvalente pour d’autres activités que le cinéma (et notamment : théâtre, conférences………..)
Une réelle compétence s’imposait pour la conduite et la création d’un tel projet avec une solide imagination pour équilibrer le budget de la CC.
Je crois bien ou il faut me le démentir que cette conduite a été initiée au début par des salariés dont la compétence était peut-être limitée pour l’ambition du moment.
Les retards qui suivirent a entrainé des retards, faisant exploser le budget.
Je reconnais qu’il est difficile pour des élus de poursuivre des choix antérieurs à leur nomination.
Toutefois et entre temps au lieu de rester centré sur l’aménagement d’une salle polyvalente à Gindou, la CC a accepté des investissements pour un choix de salle dédié uniquement au cinéma (ou peu adaptée pour d’autres activités) ainsi que l’investissement dans une structure incroyablement proche de Gindou, grevant la salle de Gindou et donnant aux élus bénéficiaires l’impression de tirer à soi la couverture.
Il me semble que la CC n’a pas suffisamment joué son rôle d’arbitre, donnant l’impression de s’appuyer sur des liens qui peuvent apparaître pour du copinage .
L’absence de concertation et de réflexion au démarrage, d’arbitrage, de transparence au niveau des décisions et de conduite innovante de la CC a mis à mal le budget qui t’inquiète aujourd’hui.
Puisque la création est en marche, je souhaite que cet investissement débouche sur une grande diversité d’actions dont la programmation s’appuiera sur les désirs de l’ensemble de la population.
Mais vous vous trompez, et combien.
Il a toujours été dit que la salle soit polyvalente, servant l’association Gindou cinéma, mais aussi et surtout tout ce qui est spectacle vivant, donc théâtre, musique, danse et bien d’autres. La salle fonctionnera toute l’année. Il est absurde que vous croyez qu’un investissement même de 350,000 euros pour la CC (le reste venant de la Région et de l’Europe) soit voté pour une seule semaine chaque année. Au contraire, elle viendra compléter un offre très large et diversifié de culture sur la CC – je pense aux Ateliers des Arques, le Foyer à Marminiac, mais aussi le superbe médiathèque à Salviac et les bibliothèques à Frayssinet-le-Gélat et à Cazals, ainsi que toutes les associations qui oeuvrent pour les résidents de la CC.
Je crois que vous m’avez mal lue ! Ou que vous avez été mal renseignée !
Je n’ai jamais dit – ou même imaginé – que la salle ne serait utilisée qu’une seule semaine par an.
Bien au contraire. Et c’est justement un sujet d’inquiétude. Quel sera le taux d’occupation de cette salle hors saison estivale ? Et est-ce que l’occupation en sera suffisante, hors semaine du festival, pour que le fonctionnement à l’année ne soit pas un gouffre financier ? La plupart des salles de ce type, même dans des endroits à bien plus forte densité de population, s’avèrent être lourdement déficitaires. Elles ne survivent que par les subventions publiques.
Le cinéma de Gindou est une vraie réussite. Nous sommes tous attachés à l’idée que cette réalisation perdure. Ne prenons nous pas le risque de fragiliser ses finances par cette réalisation?
Bonjour,
Nous sommes ravis que s’ouvre la discussion, en tant que partisans de la démocratie participative et vivant dans la plus petite communauté de commune du Lot ( merci a nos représentants de s’être battus vivement pour la garder ainsi), on peut regretter qu’il n’y ait pas eu débat public.
Bien sur que nous aimons la culture, toutes les cultures, y compris la notre ( gastronomie, langue, us et coutumes, savoir faire, connaissance de la nature, . . . ), mais pourquoi ne pas commencer par le maintient des écoles de nos villages, car qui fréquentera les salles, bibliothèques, médiathèques, musées, . . . .
Il nous semble que c’est bien dans nos écoles de nos villages que l’on apprend la citoyenneté, la tolérance, l’entre aide, la culture, et non dans les rouleaux compresseur de grandes citées scolaires où les classes de + de 30 élèves laisseront bon nombre de nos enfants de coté.
Dommage que nos élus ne mettent pas autant de ferveur pour le maintien de nos petites écoles, base de la vie de nos villages.
Que vive la belle aventure des rencontres de cinéma
de Gindou, évidemment.
Joss et Jean Pierre
pour faire la démocratie, il faut faire cesser la terrible ignorance dans laquelle nous sommes les uns des autres. Michelet
Et pour combattre l’ignorance, et l’ignorance les uns des autres,
il faut des écoles.
Je serais tout à fait heureuse si ma prise de position, publiée ici, ouvrait un espace de discussion.
Comment s’efforcer de faire avancer la démocratie, si ce n’est pas dans le débat ?
Catherine,
Pour cet espace de discussion, il me semble que tu devrais faire une proposition….Prendre l’initiative de créer un groupe de réflexion autour de toi et par exemple faire part régulièrement aux internautes du blog des bourians de l’avancée de vos travaux ; étudier la possibilité d’ouvrir une rubrique à part sur le blog des bourians, créer un blog indépendant avec des liens réguliers avec le blog des bourians, etc… juste une suggestion….