Projet « Bonjour »
Chers toutes et tous, |
Le Pôle Culture et Santé vous propose de participer au projet «Bonjour» inspiré par une action menée par l’association Palabras, sociétaire du Pôle. Depuis quelques jours le gouvernement a demandé une restriction drastique de contact au sein même des espaces de vie que sont les EHPAD. Cette décision contraint les personnes âgées à rester dans leur chambre toute la journée.D’un autre côté, une plus grande place est donnée à la créativité de chacun et au développement d’autres espaces de paroles. L’expression est permanente, dans nos boîtes mail, sur les réseaux sociaux, à la télé, dans les journaux. Nous pourrions alors décider, ensemble, d’adresser un «Bonjour» à ces aînés, contraints de ne pas quitter leur chambre, de leur raconter notre journée, ce que l’on observe depuis notre fenêtre, de partager avec eux une idée de voyage que nous prenons le temps de préparer… De cette manière nous leur apporterions par le biais d’une lettre un peu du dehors, ou plus justement d’un autre dedans.Plusieurs animateurs d’EHPAD, membres de notre réseau nous ont déjà témoignés de leur impatience à recevoir vos «Bonjour».L’idée est simple, pour participer à ce projet :Adressez-nous un premier mail à l’adresse : contact@culture-sante-aquitaine.com en précisant le nombre de personnes qui souhaitent contribuer.Nous vous renverrons le(s) prénom(s) des destinataires qui attendent votre courrier.Envoyez-nous à la même adresse mail votre lettre ou votre dessin signé de votre prénom. S’il s’agit d’un écrit, nous vous invitons à utiliser une police de gros caractères (entre 12 et 14). S’il s’agit d’un dessin, un format jpg ou pdf seront très bien.L’équipe du Pôle se chargera d’envoyer vos courriers par mail à l’animatrice.eur de l’établissement qui les imprimera et les remettra entre les mains de la personne à qui vous avez écrit. Les professionnels de l’EHPAD aideront à lire ou raconter le dessin auprès des personnes qui en auront besoin. Alors à vos stylos, à vos claviers, à vos crayons, nous comptons sur vous pour participer à cette surprise qui viendra, au moins un instant, bouleverser la monotonie des journées de confinement! |
Très belle idée ! J’en suis. Soyons nombreux ! Merci pour eux.
Belle idée en effet et je veux bien en être.
Mais je n’ai pas tout compris : on parle de dire combien de personnes participent (et si je suis seule, ne faisant pas partie d’un groupe, je peux quand même ?).
D’autre part vers quel lieu ou région partiront nos messages ? (L’adresse est santé aquitaiane…). Peu importe le lieu exact, mais il me semble qu’il est important de savoir si l’Epad est à Bordeaux, en Pays basque, au bord de la mer, à la campagne…cela peut eventuellement changer le message…
Oui je pense que si l’on est seul on peut simplement demander un nom de personne
à qui écrire (ou voir plusieurs car une même personne peut écrire une lettre à
plusieurs personnes différentes)
Les EHPAD ne sont pas nommées au départ, elles sont en Aquitaine, mais en
demandant le nom des personnes à qui écrire on reçoit aussi le lieu de l’EHPAD.
Bien à vous
Evelyne C
Je viens d’expérimenter . J’avais précisé que j’étais seule.
J’ai reçu ce matin un mail me précisant « Nous avons aujourd’hui ouvert notre initiative à tout type d’établissement de soin qui héberge à long terme des personnes » . Ils m’ont communiqué le nom d’une personne en indiquant qu’elle était confinée dans un centre de rééducation fonctionnelle et en me précisant simplement son âge.
J’ai envoyé ma lettre il y a 2 heures. J’ai pensé qu’effectivement elle pourrait être donnée aussi à d’autres personnes. Parce que finalement ça n’a pas bcp d’importance; on y parle plutôt de nous ou de ce qui nous entoure, de ce qu’on aime puisqu’on ne sait pas grand chose du/des destinataires.
Le tout est certainement de parler avec son cœur.
Amicalement
J’en suis aussi,
demain je fais la démarche, avec grand plaisir!
Amitiés
Ce matin, j’ai bu mon café à petites gorgées, je me suis assise sur mon canapé et j’ai laissé défiler mes pensées, c’est à ce moment précis que j’ai vu le pigeon, il était là immobile sur le balcon, il avait une lettre. C’était la mamie à qui j’avais écrit, Après le départ du pigeon voyageur, son merci est resté dans mon cœur.
Marie Thérèse
Monsieur Michel,
Nous sommes le 17avril, 32ème jour de confinement.
Michel, ce doux prénom qui résonne à mon oreille, est aussi celui de mon papa. Mon papa
habite à une heure de chez moi, à Beaumont du Périgord en Dordogne, je ne l’ai pas vu
depuis 4 semaines!
Le matin quand je me lève, je pense à ce que je vais faire au jardin. J’ai cette chance là
d’habiter à la campagne et de pouvoir sortir à mon grès, de mettre les mains dans la
terre, et de laisser le vent me caresser les joues…Quel bonheur de regarder pousser
les plantes, éclater les bourgeons, éclore les fleurs, s’enivrer des couleurs et
parfums de ce printemps. Ce printemps si particulier, ici entièrement rempli de
chants d’oiseaux.
Ma vie me va, j’ai quelque chose à faire…L’homme a perdu son lien à la nature, et je
m’emploie à mon échelle, à tisser ma toile, modestement et en toute humilité. La
nature m’a sauvé, m’a guérie même dans d’autres temps. Je rends hommage à tant
de grâce et de beauté, qui m’entourent et me nourrissent si bien le cœur. Les seules
chose qui importent finalement, ne sont-elles pas la nourriture et l’amour? Au fond
cette période inédite que nous vivons, aura en cela de positif qu’elle nous fait
réfléchir sur l’essentiel.
Mon papa a vingt ans, a connu bien malgré lui ce beau pays qu’est l’Algérie et n’en
a presque jamais parlé. Il n’a pas porté longtemps l’habit militaire et le fusil, qu’ils
détestaient tout deux. Ses aptitudes sportives et son amour de l’autre, ont fait de lui
un entraîneur de football et professeur de gymnastique. Belka, un jeune garçon des
environs de Batna, livré à lui-même, a vu en lui un modèle. Bien des années plus
tard, l’élève, expatrié en Normandie, sa terre d’adoption, a retrouvé le professeur
dans un village de Dordogne. Ils ont gardés un lien, sont devenus amis.
Ah, les liens! Comme c’est important! De mon côté, j’essaye de les cultiver, de
semer idées et rêves. Tout les jours, comme le Petit Prince et son Renard, j’attends
avec un plaisir renouvelé, la photo de fleur-du-jour de mon ami Bruno, qui, dans son
jardin à Belvès, capture une nouvelle image et me l’envoi par mail. En retour, je lui
envoi quelques petits poèmes. Ce sont ces petites touches d’attention qui me
mettent le cœur en joie !
Un petit bonjour, un grand sourire et un conseil d’un auteur de haïku
« Méfiez-vous des pommes !
Adam croquant la première,
N’eut que des pépins. »
🙂
Ici, le 19 avril 2020
Michel, c’est aussi le prénom de père, mon papa. 95 ans et plus toutes ses dents.
Il vit avec nous. Dans une belle et grande maison avec un très grand jardin.
Cette maison, un « patrimoine » comme disent les voisins, était une belle au bois dormant. Il y a quelques années de cela maintenant, mon mari en est tombé amoureux sans que je ne ressente aucune jalousie … On l’a pas mal secouée pour la réveiller. Maintenant elle sourit de toutes ses portes et fenêtres.
Pas le temps de s’ennuyer. Beaucoup de choses à faire que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Mais c’est avec plaisir parce que nous aimons ça. Réparer, Construire Créer, inventer, … Et mon père nous conseille depuis son fauteuil. Parce qu’il est de bon conseil ; il a beaucoup bricolé.
Alors que je me sentais souvent un peu débordée par tout ce qu’il y avait à faire, le confinement m’a donné l’impression que tout d’un coup, le temps était entré dans ma vie, qu’il m’était donné et non plus compté.
Donné pour essayer d’autres choses. La peinture, le dessin, l’écriture… Et sur ce blog j’ai trouvé un lieu où partager ces nouvelles expériences ; je n’étais pas dans le vide. Et je veux m’y tenir désormais. Parce que jusque-là, je disais souvent, ça je le ferai quand je serai à la retraite alors que j’y étais déjà !!
Mes petits-enfants Antoine (9 ans) et Arthur (7 ans) vivent dans la grande ville de Toulouse
Tous les matins je cueille pour chacun d’eux, une fleur, une herbe ou une feuille. Je la scotche sur une feuille, en prends une photo et la leur envoie. Ils doivent rechercher son nom avec l’aide de leur mère ou de leur père (et internet….les citadins vous savez… ) , la dessiner et la colorier. Quand ils viendront nous voir, en Mai j’espère, nous rejoindrons les 2 feuilles et nous ajouterons tout cela à l’herbier que nous avions commencé ensemble l’été dernier.
Ainsi va notre vie au temps de cette pandémie. Pas vraiment à m’en plaindre si ce n’est que je pense souvent à ceux qui sont loin d’avoir ces conditions-là, Parce que même si l’esprit permet de se sentir libre, il y en a beaucoup pour qui les conditions matérielles ou l’environnement immédiat ne permet pas toujours de « se replier » sur eux pour s’envoler ailleurs.
Belle journée à vous
St Germain le 22 Avril 2020
Maman,
Plus que quelques semaines pour entrer dans l’été. La pluie s’est arrêtée et je vais pouvoir désherber.
Tu as remarqué, du haut de ton ciel, qu’ici, nous sommes moins frappés que d’autres par la pandémie. Et c’est tant mieux.
Je pensais aux mesures qui étaient prises par certains arrêtés municipaux pour refuser l’arrivée de « parisiens », pour mettre un rempart aux virus, pour se protéger. Et c’est bien naturel, bien compréhensible. Je dirais même que c’est du bon sens et que ça me rassure. Même si c’est parfois juridiquement compliqué.
Tu les connais-toi les raisons qu’ont les gens de la ville de venir se confiner ici ? Simplement mieux vivre cette période (plus d’air ? plus d’espace ? etc… ) ou pour échapper au virus, ou bien les 2 ?
Bien sur notre habitat est dispersé, bien sûr nous sommes isolés et c’est pour cela que nous avons la chance, lorsque nous regardons dehors, d’être rassurés : la nature – vivante, qui nous assure de l’existence de la vie, en lieu et place des murs et des rues en béton, minéral mort qui semble aujourd’hui menacer.
Je pense surtout que notre façon de vivre est différente
Nous sommes mieux épargnés ici, parce que c’est la France dite « profonde ». Qu’on rencontre encore une certaine méfiance envers ce qui se fait de par le monde, envers ce qui va trop vite. Parce que nous avons encore un certain bon sens.
Les « parisiens » devraient y réfléchir.
Nous vivions déjà dans un certain confinement. Parce qu’ici la technologie n’arrive pas toujours facilement et que cela apprend à accepter la lenteur, à prendre du recul, à poser les priorités, à se satisfaire de l’essentiel.
J’espère que les « parisiens », dont je fus il y quelques années en arrière, sauront s’en souvenir lorsqu’ils s’en retourneront à Paris. J’espère qu’ils ne se repasseront pas seulement quelques photos de vacances.
Oui il faut de la vacance pour pouvoir réfléchir, pour savoir garder les réflexes de protection, pour se méfier aussi de ce qui se fait trop vite, sans effort, sans souffrance. Tu le sais toi.
J’espère qu’ils sauront prendre le temps de ne plus se créer de besoins inutiles.
Les « parisiens » tu m’as comprise maman.
Ce ne sont pas seulement ceux qui vivent à Paris, parfois contre leur gré. Ce sont aussi tout ceux de France et de Navarre qui n’ont plus pour raison d’être de préserver des racines, de protéger la terre, de défendre le patrimoine pour le transmettre à leurs enfants. Tous ceux qui attendent le dé confinement pour aller passer des vacances ailleurs qu’ici. Et ils sont parfois nés aussi ici.
Papa va bien. Il est de plus en plus sourd et c’est peut-être mieux comme ça. Il n’entend pas tout ce qui se passe et je peux lui raconter le monde autrement. A 95 ans il n’a plus besoin de s’inquiéter pour nous tous.
Je t’embrasse très fort