L’inspecteur d’académie du Lot a présenté hier son projet de carte scolaire aux partenaires sociaux. Après plus de huit heures de discussion, la copie de Guillaume Lecuivre a eu du mal à convaincre.
Devant les locaux de l’inspection académique du Lot hier matin à Cahors, ils étaient une vingtaine de parents d’élèves, d’habitants et d’élus à braver la pluie. Quelques étages plus haut, se tenait le comité technique paritaire départemental durant lequel Guillaume Lecuivre a dévoilé son projet de carte scolaire pour le Lot aux syndicats enseignants (lire notre édition d’hier). «On pensait que ce serait une réunion inédite, on n’a pas été déçus», confiait à l’issue de ce comité marathon qui a duré plus de huit heures, Christine Laverdet, secrétaire départementale du syndicat SE-Unsa. «On doit rendre six postes et l’administration veut en garder un en réserve», précise-t-elle. En plus de quatre postes de remplaçants, peu de créations ont été proposées pour la rentrée : à Luzech, à Saint-Céré, à l’IME de Vire et un poste pour répondre au plan autisme. En face les propositions de suppressions sont nombreuses : deux classes dont deux écoles pour le RPI Parnac/Saint-Vincent-Rive d’Olt, un poste à Cahors école Zacharie Lafage, à Puy l’Evêque, à Assier, à Aynac (les élus ont accepté la fusion des écoles maternelles et primaires), à Saint-Cirgues (l’école ferme), à Lachapelle-Auzac, à Gramat. Des réorganisations sont prévues avec la fermeture de l’école du Boulvé, le maintien cette année de l’école de Belmontet, la fermeture de l’école de Vire-sur-Lot. Concernant le RPI Anglars-Molières : les élèves d’Anglars iront à Lacapelle-Marival ; Molières et Leyme se regroupent. Le RPI Cavagnac-Condat-Saint-Michel de Bannières est agrandi aux Quatre-Routes, les élus ayant pris la décision de fermer l’école de Condat et ses deux classes pour des raisons de sécurité. L’école des Quatre-Routes récupére un poste. Le RPI Baladou-Cuzance s’agrandit à Martel, un poste pourrait être supprimé à Baladou. Autre situation en suspens à Gréalou : l’inspecteur propose la fermeture de l’école et de rapatrier les enfants à Cajarc. Enfin les syndicats soulignent «trois victoires» : l’inspecteur d’académie retire sa proposition de fermeture pour les écoles de Cahus, de Sousceyrac et du RPI de l’Hospitalet-Pern.
Prochaine étape, mardi avec la tenue du conseil départemental de l’éducation nationale qui se réunit à 14 heures au lycée Clément-Marot de Cahors. En attendant, la mobilisation s’organise. Le collectif citoyen de sauvegarde des écoles de village du Lot appelle à une «mobilisation générale dans tout le département pendant ce week-end». «Il faut qu’elle soit massive et immédiate sur l’ensemble du Lot pour maintenir une école de proximité et limiter le transport scolaire», lançait hier Alain Auzanneau. A ses côtés, les parents d’élèves venus du Ségala accompagnés d’Eliane Lavergne, maire de Latronquière, veulent tout faire pour sauver l’école de Saint-Cirgues. Des parents du regroupement Molières, Anglars, Saint-Maurice tiennent à sauver leur école à une seule classe, «la dernière vie du village».
La Dépêche
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Plus que jamais, nous avons besoin d’humaniser notre société et la préservation de l’école du village est un élément vital. Sauvons l’école de Cahus – Laval de Cère. Signez la pétition
Annie Puyraud
les enfants entre 6-7 ans ont besoin de dormir entre 10 et 12 heures en une seule fois pour mieux grandir et pour mémoriser.
Florence Chevalon, infirmière scolaire à Castelnau-Montratier, Anne Junqua, médecin scolaire, sont intervenues mercredi à l’école Lucien-Bénac, dans une classe de CP. «Dormir, ça sert à mémoriser. La journée vous apprenez beaucoup de choses. On mémorise mieux», explique Florence Chevalon.
Pour préparer cette rencontre, un questionnaire avait été remis aux familles. Sur 18 familles, il est apparu que 11 enfants dormaient insuffisamment. «Le sommeil, c’est comme un train, chaque wagon représente un moment particulier du sommeil.» L’endormissement, le sommeil léger, le sommeil profond, les rêves et cauchemars sont présentés aux enfants sous forme de wagonnets. Un support pédagogique, porté par Sandrine Gard, infirmière conseillère technique du directeur départemental des services de l’Éducation nationale (Dasen), et Nadine Maviliat, médecin conseiller technique du Dasen. Expérimenté mercredi à Lucien-Bénac, il sera généralisé sur l’ensemble du département en élémentaire et au collège.
Sensibiliser, pas moraliser
«Nous voulons sensibiliser les parents. Il ne s’agit pas de moraliser, ce n’est pas notre posture. Dans le sommeil, il y a une dimension physiologique majeure qui permet de mémoriser», insiste Guillaume Lecuivre, Dasen. «Les sollicitations sont multiples avec les écrans, les jeux vidéo. Les écrans génèrent une quantité de lumière, le cerveau réagit à tous les stimuli lumineux. Il est important que chacun prenne conscience de l’importance majeure du sommeil pour le développement de l’enfant. La réussite scolaire passe par le sommeil», poursuit le directeur.
Les dettes de sommeil s’accumulent et ne se récupèrent pas, le sommeil ce n’est pas du temps perdu, poursuit Nadine Maviliat. «De plus en plus, l’école est dans une logique partenariale sur la politique de santé, avec des outils adaptés à chaque parcours éducatif des primaires aux lycéens», conclut Guillaume Lecuivre.
Le chiffre : 10
HEURES >Sommeil. De 10 à 12 heures, c’est le temps recommandé pour les enfants de 6 et 7 ans.
Des supports adaptés aux élèves
Depuis plusieurs années, un recueil épidémiologique est mené par les infirmières de l’Éducation nationale dans le Lot. Parmi ces données, celles relatives au sommeil montrent que 10 % des enfants ont des troubles du sommeil, entraînant pour 17 % d’entre eux une somnolence ou un endormissement en cours. Dans le cadre du comité départemental d’éducation à la santé et à la citoyenneté, des outils éducatifs ont été conçus, dont «Le petit train lotois» à destination des primaires et des 6e.
Marielle Merly
Il ne faut pas oublier que l’organisation des transports scolaires oblige beaucoup d’enfants à se lever très tôt.
Le conseil départemental de l’éducation nationale s’est tenu hier au lycée Clément-Marot pour valider ou non la carte scolaire. Élus, parents, citoyens, syndicalistes ont manifesté devant le lycée. Unanimement, ils ont exprimé leur colère, évoquant pour le Lot «une saignée».
«Pourquoi nous ?», mille fois cette question est revenue. «Pour une baisse de 155 enfants, on perd six postes dans le Lot. En Dordogne pour une baisse de 376, ils gagnent 4 postes, à Paris pour une baisse de moins 2 000 enfants il y a 0 poste perdu. Il y a deux poids, deux mesures, par rapport à ce que nous vivons dans le Lot par rapport au reste de la France. Où est l’équité nationale ?» s’insurge Philippe Canceil, maire de Labastide du Vert et membre de conseil citoyen de sauvegarde des écoles de villages.
«On est en RPI avec Martel et Cuzance pour sauvegarder nos écoles. Ce RPI a été acté par les trois communes en conseil municipal. Il n’y a pas eu de concertation avec le directeur départemental des services de l’éducation nationale» remarque Jean-Philippe Pageot, maire de Baladou. Le 8 février, il reçoit un courrier lui annonçant que le DASEN souhaitait récupérer un poste. La commune se dit prête à aller jusqu’au tribunal administratif. «Nous aurions dû être informés deux ans avant» estime le maire de Baladou. «On va fermer cette année, alors que nous avons 24 enfants. On s’est doté du tableau numérique, on a une école aux normes, une cantine parfaite, avec une employée à plein-temps qui cuisine avec des produits locaux. On s’est investi notamment dans le périscolaire» poursuit Isabelle Grisset, adjointe au maire de Baladou.
«Ce qui se passe c’est 20 fermetures de classes et 10 écoles qui ferment. D’ici à 2020, ça va être 50 écoles qui vont fermer» remarque André Mellinger, maire de Figeac et vice-président du conseil départemental. «Quelle sera l’attractivité de notre département, de nos villages, sans écoles, sans hôpitaux, gendarmeries ? Nous sommes aujourd’hui arrivés à un recul historique» déclare Patrice Matence, secrétaire général de la CGT.
«En demandant la fermeture de petites écoles qui existent, pour en construire de plus grandes, c’est du mépris, avec la baisse des dotations, on n’a plus la capacité de construire de nouvelles écoles» s’émeut un «citoyen solidaire».
Le schéma comptable de l’éducation nationale ne passe pas, il est ressenti comme une entrave à l’éducation.
La réunion du conseil départemental s’est prolongée très tard hier soir. Nous donnerons le verdict définitif aujourd’hui.
«des collectifs partout dans le Lot»
Aujourd’hui, il y a des collectifs qui se montent partout dans le département par cette injustice qu’ont l’impression de vivre à la fois les élus, mais aussi les parents, les habitants, les citoyens. Quand Hollande est venu dans le lot, il a dit quand une école ferme dans un village, elle ne rouvrira pas» indique Philippe Canceil, membre du collectif citoyen de sauvegarde des écoles de villages.
«S’ils veulent vider les territoires ruraux, qu’ils le disent, le DASEN est un instrument de bien plus haut. Veut-on niveler par le bas ? «s’insurge une maman.
Le chiffre : 80
Manifestants >Mobilisation. C’est le nombre de manifestants qui se sont regroupés hier pour exprimer leur mécontentement.
Marielle Merly La Dépêche
Dimanche 14 février, c’était jour de fête à Cahus. La bonne nouvelle était tombée vendredi en soirée : la décision de supprimer le poste de l’école de Cahus qui, dans le cadre du rééquilibrage du RPI Cahus-Laval de Cère- Teyssieu, engendrait de fait la fermeture de l’école, était annulée par l’académie du Lot. C’est un immense soulagement pour le village. La décision a été prise suite à l’entretien d’une heure et demie entre Guillaume Lecuivre, inspecteur d’académie et la délégation constituée de Cathy Albert, la maire de Cahus, des élus du RPI et des représentants des parents d’élèves. Cathy Albert précise : «Nos arguments sur la qualité de l’enseignement ont été entendus. Nous pensons que la carte soumise par la délégation a permis à l’inspecteur de mieux cerner l’isolement tel qu’il était dans la réalité… tout comme l’allongement considérable des temps de transport pour les plus jeunes qu’une scolarisation à Biars entraînerait».
La mobilisation du village avait été immédiate et forte. «Cela met en évidence que même si l’administration ne peut l’interpréter et c’est dommage, le lien social généré par son école fédère spontanément toute la population d’un village», dit Sandrine, mère d’élève.
Cette petite fête avait valeur de symbole mais aussi de vigilance car rien n’est jamais acquis.
La Dépêche du Midi