Quel tourisme voulons nous?
Le projet d’installation d’un golf 18 trous, portant sur une superficie de 80 hectares, sur les hauteurs de Tour-de-Faure, face à Saint-Cirq-Lapopie, a eu le mérite, même s’il devait rester lettre morte, d’ouvrir le débat sur le thème « tourisme et ruralité ». Se sont alors manifestées deux approches sensiblement différentes ; d’un côté les tenants du développement d’un tourisme haut de gamme, susceptible d’attirer une clientèle dite « aisée » et de l’autre, les promoteurs d’une ruralité qui se veut « dynamique », conjuguant à la fois activités traditionnelles et services publics, favorisant l’installation de jeunes. Dans les deux cas de figure, le tourisme, reste un enjeu majeur pour les prochaines décennies.
«On n’a pas attendu les dernières élections ! »
« Je n’ai rien contre personne, mais j’estime que la population mérite d’être consultée, surtout lorsqu’il s’agit d’un projet de territoire, qui engage l’avenir » souligne Lucien Conquet. À 71 ans, cet ancien élu du Conseil municipal de St-Cirq-Lapopie, à trois reprises, dont une fois en tant qu’adjoint, n’entend pas briguer un nouveau mandat. Ni même lancer une nouvelle activité, lui qui s’est montré précurseur en matière touristique, dans bien des domaines.
Fils d’agriculteur, Lucien Conquet s’est installé sur la terre familiale au lieu-dit « Pradines », commune de St-Cirq-Lapopie, au retour de son service militaire, effectué dans le Lot, à Viroulou, commune d’Alvignac.
Lucien Conquet est l’un des pionniers dans le département, du camping à la ferme. Il accueille ses premiers vacanciers en 1971. Epoque où il n’y a toujours pas de réseau d’eau potable sur le causse de St-Cirq-Lapopie, l’alimentation en eau se faisant au moyen du remorquage d’une tonne à eau, jusqu’en 1973. Date à laquelle le tourisme se réveille avec la mise en place de l’unité de séjour touristique. Toujours sur le causse de St-Cirq-Lapopie, Lucien Conquet ouvre « L’hôtel du causse », fin des années 70. Le camping est également l’un des premiers inscrits sur la liste des accueils de plein air homologués.
En 1990,la mairie de St-Cirq signe le contrat de plan « Haut lieu culturel » et on retrouve Lucien Conquet en première ligne, avec son souci d’aller de l’avant et de fédérer les idées. « Convaincre de l’intérêt d’un projet reste une tâche immense, mais indispensable pour que tout le monde se sente concerné. » insiste-t-il.
Jusque dans les années 90, Lucien Conquet mène de front ses activités touristiques et agricole, comptant vaches laitières, vigne et maïs de semence dans la vallée.
En 1985,il crée le camping de la plage, au bord du Lot et en 1986, la base « Kalapca » à Conduché. Ce centre d’activités de plein air propose diverses disciplines : canoë-kayak, escalade, spéléologie, parcours aventure, canyoning, VTT, randonnées pédestres au travers d’une journée découverte ou de stages, séminaires de grandes entreprises… Aujourd’hui, sa fille, Valérie, tient un commerce à St-Cirq et l’aire de camping-car, à la halte nautique.
Autant dire, que Lucien Conquet, sait de quoi il parle, lorsqu’il évoque les sujets de l’agriculture et du tourisme. Il observe, faisant allusion aux orientations touristiques fortes de la municipalité actuelle : « On n’a pas attendu les dernières élections pour s’occuper de tourisme ! » Il ajoute non sans humour : « Ne pas tuer la poule aux œufs d’or » ; le vétérinaire ne pourra plus rien, les St cirquois seront seuls à son enterrement. »
«Le tourisme doit profiter à tous »
Pour illustrer son propos, Lucien Conquet prend l’image du jet d’eau dans les bassins. Il explique : « Plus l’eau monte haut, plus il y a de chance que ceux qui sont autour profitent de l’humidité ! » Par temps de sécheresse, quand tout le monde recherche la fraîcheur, l’image est parlante.
«Il en est de même pour le tourisme ; plus l’image de Saint-Cirq-Lapopie grandira, plus nombreux seront les bénéficiaires qui pourront profiter des retombées. » poursuit-il. Mais Lucien sait aussi qu’on ne doit pas mettre tous les œufs dans le même panier. D’où son exclamation : « On ne peut pas miser sur le tout tourisme ! St Cirq est très fragile. On a besoin de toutes les composantes de la ruralité : des agriculteurs, des artisans, des commerces, des services publics… »
À St-Cirq-Lapopie, visiblement, il y a des choses à faire, sans pour autant « voir tout en grand », comme c’est un peu le cas, selon certains élus, semble-t-il. Lucien Conquet se montre réaliste et appelle à la raison, à la concertation, au pragmatisme. « Le tourisme doit profiter à tous ! » scande-t-il.
D’où l’appel à la concertation entre les élus et la population. « Il faut que les problèmes et les avantages soient posés sur la table et ouvrent au dialogue ! » insiste-t-il. Responsabiliser les résidents à l’année et les saisonniers, participe de la nécessité de concertation attendue par les habitants.
Des atouts pour Saint-Cirq-Lapopie
Lucien Conquet n’est pas homme à se contenter de critiquer, pour ensuite rester les bras croisés. Il a des idées et une vraie vision pour le devenir de sa commune. Il donne quelques pistes, sans prétendre à l’exhaustivité ! « Nous devons entretenir les acquis et conforter tout ce qui peut réduire les handicaps, les nuisances à longueur d’année. » recommande-t-il. Lucien Conquet lance des idées pêle-mêle, qu’il reste à approfondir : de l’hôtellerie et de la restauration haut de gamme, pourquoi pas, un accueil pour randonneurs, pour les familles et les jeunes, diversifier les propositions de navigation. (Le pont d’or pour l’arriviste, n’est pas de bon goût quand il se fait au détriment de ceux qui sont déjà là.) Il manque des services à Saint-Cirq-Lapopie et autour, dont une supérette, notamment. À prévoir également, l’élargissement sécuritaire des accès au pont situé entre Tour-de- Faure et le site.
Lucien Conquet n’est pas partisan non plus de tout bloquer, au nom de la sacro-sainte agriculture. « Il faut s’adapter aux réalités de notre temps ! » affirme-t-il. Tous les agriculteurs (5-6 exploitations) ont une activité liée au tourisme.
Il plaide pour la création de structures concertées à taille humaine et il recommande de faire en sorte que l’ensemble des activités soient fédératrices
Autant d’éléments qui entendent apporter du grain à moudre dans l’intérêt général, avec la prise en compte des avis de tous les acteurs.
« Un golf ? Je n’y crois pas ! »
Lucien Conquet a vu sortir du chapeau, comme tout le monde, le projet de golf, mais il affirme ne pas croire en la faisabilité de ce projet. En revanche « Un practice » (un terrain permettant aux golfeurs de s’entraîner), pourquoi pas ?
Lucien Conquet s’étonne que l’on puisse miser sur un golf, dans une zone sensible, à maints égards, « alors qu’il faut déjà un permis de construire, pour installer un compteur à eau.»
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